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face au vent-avel a benn
22 février 2009

Liachtaschta... Bittersweet symphony (7)

Jeudi soir...
Oui, vraiment, ce jeudi là peut résumer ce que je suis.
Il y a eu "Laouen l'illuminée", pleurant de bonheur sous la neige, ivre de blanc.
Oui, tous ces kilomètres, et quelques désillusions, c'était le prix à payer pour cette après midi là. Et si c'était à refaire, je repartirais immédiatement.
mmmm... pas dans ces conditions.. non... maintenant je sais. Je sais que je suis LIBRE, et que je dois voyager LIBRE.
Bien entendu, je sais qu'il est trop tard, que tous les "si", que tous ces verbes au conditionnels ne sont que pure connerie.
Ce qui est passé est passé, et on a beau se dire "on y retournera, on refera la même chose mais différemment, on se met le doigt dans l'oeil bien profond. Ce qui est fait est fait, et rien ne peut se recommencer.
Surtout pas une soirée comme celle de ce jeudi soir :)

Là, en tapant çà, je me demande encore "regretter?". Bah.. J'ai beau me persuader qu'il ne faut pas, je me dis quand même que...
Et crotte! :)

J'ai pris le bus pour Vaduz, après 700m de marche lente sur le verglas. Les chaussures de ville, çà aide..
Curieusement, en plus de mon sac à main (ma fille a décidé qu'il était temps, à 42ans, que j'ai un sac à main et m'en a acheté un pour Noël) je porte un autre sac. Dedans, j'ai une bouteille de Margaux, un pull, et un pantalon.
Bizarre quand on va juste passer la soirée avec un pote non?
Bah... C'est que, je sais bien que je vais finir par dormir sur le canapé! Ou pire, dans ma bagnole, si par hasard C ne me proposais pas son canapé.
Car je n'ai toujours pas les clés de l'appart... Mon amie va rentrer de Genève bien plus tard, je ne veux pas la déranger. Et j'ai pris le bus.. A partir d'une certaine heure, il n'y a plus aucun bus qui monte à Triesenberg. Je ne peux pas demander à C, qui habite à l'autre extrémité du Liechtenstein (ok.. 25km!!! :)) de me ramener à Triesenberg. Il y a du verglas, trop de verglas..
Comme une conne, j'ai oublié de mettre un tee shirt dans mon sac. Je ne m'en rendrai compte que le lendemain matin, enfilant une veste à même la peau. Brrr...

C a traversé la moitié de cet immense pays pour venir me chercher à l'arrêt des bus à Vaduz. Heureusement, on n'est pas en France... :D
Nous allons boire une bière et grignoter à Schaan, et bla bla bla bla bla bla etc. Décidément, je vais faire des progrès en anglais dans ce pays...
Bah oui! Le schwiizerdütsch, je pige quand il est écrit, beaucoup moins bien quand on me parle, et à part 3 mots j'ai du mal à le parler! L'allemand c'est pareil.
Heureusement, M parlait anglais, et C aussi.
Le serveur me lance une tirade de 15478956 mots/minutes à laquelle je n'entrave que pouic.
C rigole. En rajoute en me disant: c'est normal que tu ne piges pas, il a un fort accent autrichien... Tu parles! Mais bon c'est vrai, j'avais noté qu'il n'avait pas du tout l'accent local. Je progresse!
Explications linguistiques... J'apprends donc ce soir là la réelle signification de Unterland et Oberland... Et C me cite des phrases dans les 2 dialectes, et les mêmes dans celui de Triesenberg, la langue des Walliser. Argh, je give up comme on dit en anglais!

Tu veux venir boire un coup à la maison?
No problemo (sauf que j'ai pas les clés de l'appart et que... mais çà je ne lui dis pas encore)
Note: quand un Liechtensteinois propose à une femme seule de venir boire un coup chez lui, qu'elle ne s'inquiète pas, sa vertu ne risque rien.
Je l'ai déjà rappelé lors de mon récit du mardi. C'est... rassurant.

Le petit livre de suisse allemand qui m'a gentiment été offert par J montre d'ailleurs ce genre de dessin, expliquant les sentiments, et autres expressions des Suisses allemands:

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Et bien c'est.. exagéré.
C'est vrai sont pas vraiment démonstratifs les Liechtensteinois. Mais il leur arrive de sourire, de rire, et même d'éprouver des sentiments. Dingue non?
Et je peux vous dire, que même si çà coince "vers la sortie", dedans, çà remue..
Savent pas extérioriser, c'est tout... Ou alors il ne le font qu'avec leurs vrais amis, les gens qu'ils connaissent bien. Avec les étrangers, il y a cette réserve, cette distance de sécurité, ces murs idiots qui gâchent tout.

Schaan, dernière ville de l'Oberland... Direction l'Unterland.
Le plus beau pays dit C... Je rigole intérieurement.. Il m'a dit être originaire de Triesenberg, et d'ailleurs il porte le même nom de famille que 50% des habitants de Triesenberg... Et il préfère l'Unterland. Etrange!
Elle est où la frontière, je demande, amusée.
Y en a pas.
Mais si, regarde! Morte de rire, je désigne sur la route des barrières clignotantes indiquant un chantier.
Et hop, nous voici dans l'Unterland... Pays où les touristes ne mettent pas les pieds, car il n'y a pas de montagnes à grimper, juste des sentiers doux, au creux des bois, et le long du Rhin.
Mauren, terminus... La voiture patine sévère, le verglas se fait vicelard... L'arrivée à la maison est périlleuse, virages serrées, ruelles minuscules, pentes très fortes.

2 gros chats m'accueillent. L'un deux s'appelle Mika. Je suis verte de jalousie.. (ceux qui sont aussi sur facebook comprendront).
Vin et chocolat. Que voilà un bon programme...
Et bla bla bla bla bla bla... Il me fait parler. De lui je ne saurai pas grand chose, et je ne demanderai rien, comme toujours. A force de respecter le silence des autres, ils finissent tous par croire que je ne m'intéresse pas à eux.
Un des deux chats est venu sur mes genoux.
Bizarre, d'habitude il ne s'approche pas aussi vite des étrangers..
Pfff.. Il sait que j'aime les animaux. çà se sent.
Sujets de conversation qui parfois touchent, là où çà fait mal. Enfin non, disons que mon enfance ne fut pas des plus agréables...
Il y a de plus en plus de blancs entre les lignes, et c'est le gros chat ronronnant qui en profite. Il a fini par se mettre entre nous deux, ne voulant pas rendre son maitre jaloux :)

Atmosphère étrange... Je suis joueuse, mais je n'ai pas forcément envie de jouer. Y a du désespoir dans ces silences là. Pas du désespoir non, pas vraiment... Dépit, peut être?
En résumé, nous sommes 2 blessés de la vie, assis sur le même canapé. Nous avons tous les 2 accepté notre solitude. Cool! çà a des avantages me dit il... Et parfois...
Parfois c'est lourd.

Moi, à tant aimer ce pays, j'en deviens parfois comme eux...
Nan, à l'intérieur çà bout, mais je reste de marbre. C'est comme çà.
Quand je rencontre quelqu'un, il n'y a aucun round d'observation, aucune distance de sécurité. C'est tout de suite tout, ou rien.
Et si j'accepte de rencontrer quelqu'un, c'est que c'est tout de suite tout. Sinon çà m'indiffère. C, c'est un pote, rien de plus. Pas d'attirance physique, rien.
Là, quand je le vois un peu perdu dans ses silences, j'aurais juste envie d'être tendre. En amie. Rien de plus.
Juste lui dire mets ta tête sur mon épaule, parle moi, ou ne parle pas... je suis là. Même si ce n'est "que moi".
Juste envie de donner, c'est tout. Mais pour donner faut que l'autre veuille recevoir.
Je sais que je pourrais le faire, je le sens. Et il sait que je sais. Complexe? :) Nan...

Mais j'ai un peu bu, et lui aussi. Et cet état d'ivresse légère, çà me coince. J'ai dépassé la limite, celle où l'on se s'appartient plus. Je ne suis plus vraiment maitre de moi. Et çà c'est pas bon du tout dans ce cas.
Alors je ne fais que poser ma tête sur le canapé, les yeux fermés, et je continue à caresser le chat.

Je sais que... Nan rien. Il y a cette réserve idiote, alors que nos deux mains sont à quelques centimètres l'une de l'autre, sur le dos du même chat, qui lui, est hyper heureux. Il a aboli la distance de sécurité, c'est clair.
Un instant fugitif, nos doigts se frôlent, par hasard.
C me dit, et c'est dingue la signification de cette phrase, et des blancs entre les mots... "deux mains, c'est mieux qu'une, le chat est hyper content".
Si c'est pas clair... Et pourtant...
Je ne rapprocherai pas ma main, il ne rapprochera pas la sienne. Il n'y aurait rien eu derrière, je n'éprouvais aucun désir. Juste un pote malheureux...
Là, encore aujourd'hui, je me pose cette question idiote: j'aurais du?

çà m'aurait menée où? Une solitude plus une solitude, çà fait une solitude plus une solitude. çà n'a jamais fait 2 êtres heureux ensemble.
Qui sait...
J'aurais juste voulu être tendre, juste qu'il s'endorme sur mon épaule, rien de plus. Je crois bien que toute ma vie je serai plus "amie" qu' "amante".

En parlant de dormir... C était tellement mort de fatigue (pas dormi la nuit d'avant) qu'il sombre quelques minutes sur le canapé.
Là aussi, j'aurais pu... Juste un baiser sur la joue, en amie, et dire "va te coucher"...
Nan, je n'ai pas bougé. Il s'est excusé pour ces quelques minutes d'oubli. J'ai rigolé. Va dormir j'ai dit....

Avant, il fallait préparer mon dodo. Il m'a amené une couette, un oreiller, et un tee shirt. J'allais pas dormir en robe.. Pensent à tout ces Liechtensteinois.. :)
Il revient voir si je suis bien installée. Le canapé est très large, et très confortable. Pas de problème...

Je suis couchée, au chaud sous la couette.
Et là il me sort cette phrase étrange...
"çà alors.. de tous les gens qui ont dormi là tu es la seule à t'être mise dans cette position"...
Je rigole.
Normal...
Le canapé est en L. La partie la plus longue est face au mur. L'autre partie du L est logiquement perpendiculaire. C'est là que je suis. Mais contrairement à "la logique de la norme", je n'ai pas la tête face au mur, je suis couchée dans l'autre sens, face à la baie vitrée, face à la nuit, à la pleine lune dehors, les toits de Mauren sous la neige.
Je lui dis: c'est parce que je suis différente. J'aime la nuit, j'aime regarder le ciel, la lune, les étoiles.. Et c'est tellement beau que peut être je ne vais pas dormir.

C sourit, se penche, et me lâche: "tu es folle, mais c'est génial". Il vient de voir quelqu'un en vie... çà  l'air de lui faire tout drôle..

Et il pose un chaste baiser sur ma joue droite.
Argh.. Pour qu'un Liechtensteinois se laisse aller à un tel geste sur une inconnue, faut que le vin ait coulé. Trop? Qui sait... Peut être pas assez

Terminus nuit... Finalement je vais dormir. Jusqu'à ce que les chats, vers 5h du mat, se mettent à se jouer sautant partout sur le canapé, prenant ma main comme une proie à mordiller..
A 6h C s'est levé. Même pas gêné de se promener en tee shirt et en boxer devant moi. Pfff... Tout se perd, même la réserve devant des inconnues! :)
Après tout, j'en ai fait de même.. Enfilé mon pantalon, ma veste. Il est allé manier la pelle à neige, car c'était son tour de corvée.
J'ai rigolé. C'est un des rares mots que je connaisse en dialecte: schneeschuufla!

Puis il m'a ramenée à Vaduz où j'ai repris mon bus.
On était là, dans la voiture, comme 2 cons. On ne s'est même pas fait la bise pour se dire au revoir. Il m'a dit "quand tu reviens dis le moi"..

Et moi, là, dimanche, à taper çà, je me demande encore..
Et si j'avais rapproché ma main, dans les poils du chat?
Et si, quand il m'avait embrassée avant d'aller dormir, je l'avais retenu?
Et si...
Et merde, c'est tout. J'emmerde les si!
C'était mieux comme çà, je me le dis, et je me le répète. çà ne menait à rien.
Juste peut être à quelques heures de tendresse, et puis s'en va... Et encore... Il aurait mal compris. Pour moi, il n'était qu'un pote...

Lundi, ou mardi, je ne sais plus, nous avons chatté sur facebook, quelques minutes.
Disséqué chaque minute de ce soir là. Le chat, nos mains...
Il m'a dit qu'il aurait voulu m'embrasser...
Un Liechtensteinois, ou un autre, qui vous avoue çà, APRES c'est...
La certitude, après avoir osé le dire, que la réserve remplacerait la camaraderie.

Et çà c'est con, parce qu'on aurait pu être amis.
Rien qu'amis...

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Commentaires
L
si j'écrivais que moi non plus je ne sais pas pourquoi j'ai les yeux qui piquent en le lisant, mon nez transpercerait mon écran :)<br /> bah... je maîtrise! maintenant je lis çà en souriant!
T
Il y a des moments dans ce texte là qui ont fait monter les larmes, mais je ne vais pas écrire que je ne sais pas pourquoi .
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