Liachtaschta.. Bittersweet symphony (6)

Et il y eu jeudi...
Ce jeudi là, tiens, il pourrait résumer ma vie.
Au plus j'y pense, au plus je me dis que oui, ce serait un bon résumé de ma vie. Enfin, pas de ma vie passée, disons, de ce que je suis actuellement.
Et de ce que je serai demain, et après demain et après... stop, carpe diem on a dit, je me fous d'après après demain, maintenant me suffit.

Ce jeudi là, tout en sweet... Le côté bitter reviendra plus tard, bien plus tard. Quand de retour en France, me traversera, pour la première fois depuis longtemps, cette idée: je regrette, ou je regrette pas... Dois je regretter, ou pas?
Moi qui crie haut et fort nan rien de rien, je ne regrette rien!!!! Dois je regretter? NON.

Mais bon, en parler là, comme çà, parler de la fin avant d'avoir causé du début, y a de quoi persuader la dernière lectrice qu'il me reste de prendre la tangente (et la table de logarithmes avec) :)

Donc, il y eu jeudi.
çà sonne un peu comme, "et à l'aube du 6eme jour Dieu pensa que.." non? ;)

Jeudi brouillard, jeudi neige, météo effroyable.
Et pourtant ce matin là j'ai enfilé mes affaires de ski. Et j'ai pris ma voiture.

Hier soir, après avoir fait un tour rapide sur facebook, j'ai vu qu'un de mes contacts m'avait laissé son tel. On devait se voir cette semaine, et il ne donnait pas de nouvelles.
Je savais pourquoi. Le passé est parfois lourd à trainer, surtout quand on s'y accroche comme un désespéré.
La Laouen, trop vivante, elle fait peur à ceux qui vivent au milieu des fantômes...
Bon, il avait envie de respirer un peu? Ok, no problem..
Laouen, elle est comme çà. C'est même pas aigri comme réflexion, c'est un constat.
Laouen, on l'approche, on lui parle, on la cloue au téléphone ou devant son ordi uniquement quand on a besoin d'elle.
Quand elle a besoin des autres, c'est plus dur, le ménage est vite fait, la poussière vole dans les coins, y a pas grand monde.

Laouen, elle est toujours là pour consoler, réconforter, faire rire.
Mais bizarrement, quand on a plus vraiment besoin d'elle (en tant qu'amie, je veux dire), qu'on s'est trouvé un mec, ou une nana par exemple, qu'on est super mieux dans sa tête, on oublie la Laouen.
Bah... qui sait, je suis peut être comme çà moi aussi?
Sauf qu'avant que je me trouve quelqu'un hein ! :D

Bref, C, il est sympa. On avait discuté au tout début, quand j'avais crée mon compte FB. Il était célib à l'époque, il avait du temps à tuer.
Puis il s'est mis avec une fille de son village, F, parmi mes contacts aussi. Vous voyez? Même là, en France, je sais TOUT de ce qui se passe au Liechtenstein! :D
Donc, logiquement, plus trop de mails avec Laouen. Mais bon, on avait du s'échanger 5 ou 6 mails pas plus, et 100% désintéressés.

Là, à force de déconner en schwiizerdütsch sur mon profil, il m'a recontactée. Me proposant même de dormir sur son canapé si je trouvais rien d'autre.
J'ai trouvé ... Une chambre chez mon amie de Triesenberg. Je ne sais pas si çà a vexé C, car je n'ai plus du tout entendu parler de lui pendant la semaine précédent le départ. Je l'ai contacté sur le chat, pour lui dire où j'allais dormir, et j'attendais qu'il me file son tel pour qu'on se voit là bas, histoire de boire un coup ensemble. C'est un grand amateur de vins français. Je lui ai filé mon tel par mail, mon adresse. Mais la veille du départ il n'avait pas répondu.
Sur son profil FB, un status assez déchiré, écrit en allemand, et tiré de St Ex. Il est encore trop accroché à elle... C'est ce qu'il ressort de cette phrase.
A elle... A F? Je ne sais pas. Sur ses photos de ski récentes avec son groupe d'amis, il est toujours dans les bras de B. Mais bon, moi aussi si j'avais un "meilleur ami" je serais toujours dans ses bras (si si c'est possible!).
FB, c'est sympa. Mais c'est dingue ce que l'on peut y exposer sa vie! :D

Donc, ce credi soir je trouve son tel sur mon profil. Je sms illico, et il me dit je t'appelle demain à 19h. Ok.. j'amène du Margaux! :)

Mais avant, il y eut le ski.. soupiiiiiiiiiiiiiiiir!! de bonheur.
Il ne neige pas quand je quitte Triesenberg avec la voiture. Enfin, je dis "je quitte", mais je ne le quitte pas, car Malbun c'est aussi Triesenberg, juste 10km plus haut, c'est tout.
Mais après le tunnel...
Oups! OMG comme disent les Anglais! Gast comme disent les bretons (rien à voir avec Dieu :))
Neige, neige, neige.. Les pneus hurlent. La route est un chantier, le chasse neige a gratté, gratté, la voiture saute, tangue, mais elle avance.
Aujourd'hui, rien ne pourra m'empêcher d'atteindre Malbun en voiture.

J'arrive lentement au parking. La neige est épaisse. Je gare ma voiture, sachant ce que je vais devoir payer en partant.
pfff.. carpe diem!

Il neige, il neige..
Comme ils disent, en anglais; let it snow, let it snow, let it snoooooooooooooooow!!
Le brouillard est dense. Du haut de la piste on voit à peine le bas.
Première tirée (au tire fesse!!). La neige est glacé. Les skis hurlent, même en glissant. çà promet.
Première descente...
çà surprend!
Gelée, de la vraie glace! Il était prévu -8 à Triensenberg ce matin, il doit faire -12 ici.
Le vent est vif... Je suis bien.
Par contre, çà va vite, très vite. Pour ralentir le chasse neige ne suffit plus. Faut se mettre en chasse neige sur les quarts, et mes quarts sont pas au top.
JE PRECISE POUR CEUX QUI PRENNENT EN ROUTE: JE SUIS 100% DEBUTANTE OK!! :D
Un bon skieur ne se met jamais en chasse neige! Même pas pour prendre le virage serré en bas, pour ne pas s'écraser dans les portillons de controle avant le tire fesse :)

Il neige, il neige, il neige..
C'est doux.
C'est de la bonne grosse neige, des flocons énormes, lourds, lents.. Sweeeeeeeeeeeet!!
Peu à peu la piste s'adoucit. Le chasse neige fonctionne, sans le secours des quarts.
D'ailleurs, le chasse neige, hein, vous savez où je me le mets?
Gagné!
Position chasse neige au départ (un peu pentu, et bien gelé) puis ensuite je virage (du verbe du premier groupe "virager" page 1589 du dico "le Laouenfranzösisch" ) avec les skis parallèles, comme une grande. J'oublie les quarts, histoire de ne pas aller trop vite.
Quoi que...
Taiiiiiiiiiiiiiiiin!
Je suis malade, malade, malade... Le virus m'a pris, repris, re re repris.. Bon ok c'est la seule chose qui m'a pris depuis... longtemps.
Ok.. :D

Born to be wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiild!!!!
2 autobus de momes envahissent la piste. çà hurle, çà vit, çà se bouscule aux portillons, çà te pique TA place..
Sont mal élevés ces petits Suisses noméo!
De temps en temps, il en tombe un du tire fesse.
Moi, le tire fesse, vous savez où je me le mets?
Gagné!
Je ne le tiens plus que d'une main, et encore, et je ne regarde plus mes skis...

Il neige, il neige, il neige, et c'est sweet...
1h, je vais manger dans mon igloo. Je veux dire par là que ma voiture est recouverte de 20cm de neige, et qu'à l'intérieur je suis dans un igloo. C'est... sweet.
Pain, gruyère suisse, chocolat noir.
Je vais boire un chocolat chaud au chalet à côté. Pause pipi. Les combis de ski c'est chaud, mais.. vous voyez le blème? :)

De retour sur la piste...
Je vais skier jusqu'à la dernière minute... Nan tiens, j'arrêterai à 15h58. Pour laisser ce gout d'encore au fond de ma bouche... C'est bon de savoir s'arrêter...
Les enfants repartent.
Il neige toujours...
La piste se vide.
Sur le tire fesse, je n'entends plus mes skis hurler. Je ne les entends même plus glisser. Il me faut fermer les yeux, et laisser remonter en moi la sensation sweet. Une caresse. Et la neige me le rend bien.
Je n'entends même plus le grincement du tire fesse.
J'ai laché la tige, posé mes lunettes de ski jaune sur mon bonnet.. Le blanc intégral se savoure les yeux grands ouverts.
C'est bon, c'est bon à en pleurer.
Il neige... La piste est quasi vide. Tant mieux, personne ne me verra pleurer sur mon tire fesse. Et même.. ils penseraient que j'ai mal aux yeux, à être ainsi sous la neige, face au vent, sans lunettes. Ou ils penseraient que je suis malheureuse...
Alors que je vis un immense instant de bonheur.
Parfois, je ferme les yeux. Il n'y a plus de noir.. le blanc m'a envahie toute entière. Les yeux fermés je glisse dans un blanc intérieur...

En haut, la visibilité est totalement nulle. J'arrive encore à distinguer les 2 téléphériques de l'autre côté de la route, tout près. Ils sont vides.
Ici aussi c'est quasi vide, on doit être 2 ou 3 à skier..
Volontairement, je coupe la vitesse, je fais des grands virages, vais chercher les limites de la piste. Mes skis sont invisibles, plongés dans la poudreuse, elle vole tout autour de moi quand je vire.
C'est sweet...

J'ai conduit toute la nuit du dredi au samedi, je sais ce que sera le retour.. Depuis que je suis ici je navigue en pleine bittersweet symphonie, pas 100% à l'aise, enfermée au coeur d'un piège... Rentrer sortir quand on veut que je le fasse...
Mais tout çà pour çà.
Et "çà" valait la peine!
N de D.. çà valait la peine!
Même pour une seconde... Mieux que les descentes encore... La dernière demi heure de ski ce jour là, du bonheur pur, et plus encore en montée, sur ce diabolique tire fesse.. Sensation qui ne se raconte pas.

Je ne sais plus si j'ai des skis, peu importe. Je suis devenue un flocon moi aussi. Je glisse, je glisse...
Si quelqu'un me voyait, il penserait "c'est une illuminée".
Bah.. oui. Rien de péjoratif là dedans.

Je suis depuis longtemps entré dans la dimension de l'Amour. Et je découvre, à chaque minute de bonheur qui me tombe dessus, que cette dimension là (je le savais déjà) n'a pas de limites.
Et après certains ne comprennent pas pourquoi j'aime ce pays... Mais çà n'a même rien à voir avec ce pays.. J'y ai atteint des sommets, c'est tout... Et parfois sans bouger. Et parfois même, en ... descendant. :)

Pas uniquement là bas... Mais vous savez ce que c'est hein.. L'Amour... Toutes ces premières fois... Car il n'y a pas qu'une première fois.
Heureusement!

argh... ce que çà fait du bien d'écrire ces lignes. Là, en ce matin de brouillard breton. Le soleil vient de sortir...
En ce matin où je me dis encore "regrets?" Faut pas, faut pas...
Bah vi mais... Personne ne pourra t'apporter plus fort que ce que tu sais recevoir de la nature, du Ciel, de ce Tout tout autour..
Bah vi mais...
Ta gueule Laouen!
:)

Je monte, je descends.. Parfois vite, parfois tout doucement. J'ai tenté de descendre sans les lunettes, mais j'ai du renoncer à mi piste. La neige est trop forte, et skier les yeux fermés je sais pas. Du moins... pas encore!
En bas, je prends le dernier virage en souplesse, venant mourir contre le tourniquet avant la remontée. Une pendule sur la gauche..
Encore quelques minutes..
Une dernière... Grand sourire. Je suis seule sur la piste...

15h55..
Je pourrais le prendre encore une fois ce satané tire fesse. Je le laisse monter encore une fois, à vide.
Savoir s'arrêter est un grand bonheur.
Je reviendrai demain..
Si à cet instant on m'avait dit l'enfer que serait ce dredi 13 j'aurais eu comme un couic au fond des tripes!!
A  cet instant, pour moi, le programme c'est:
Ce soir passer la soirée avec C
Dormir
Demain faire du skiiiiiiiiiiiiiiii
Samedi : aller faire une rando en raquettes avec le Liechtensteiner Alpenverein (le club alpin) dont je suis membre depuis mardi.
Faut jamais rien prévoir, rien...

Si à cet instant on m'avait parlé du dredi 13, çà m'aurait gaché tout le bonheur du jeudi.
Heureusement, madame Soleil n'était pas là car il neigeait.
Que vive le jeudi...

Je suis retournée à ma voiture. En bonne "locale" j'avais pensé à redresser les essuie glaces. J'ai enlevé la couche de neige sur le capot, sur les rétros, les portes, le bord du toit (sinon elle tombe à l'intérieur quand tu ouvres les portes!!). J'ai tenté d'ouvrir la porte conducteur, peine perdue. Reusement, la porte passager s'est ouverte.

Même pas peur..
Et si j'arrive pas à sortir de là?
Bah... Elle restera là et je prendrai le bus!!!
Avant de tenter de faire 1 mètre, il me faut dégager la voiture, 20cm de neige autour des roues.
Doucement...
Reculer.
Les pneus hurlent, mais çà roule.
Marche avant... Je ne vois rien à travers le pare brise, même sans neige. Il neige trop fort pour les essuie glaces! Et la neige se transforme en glace quand elle touche la vitre.
La sortie du parking est difficile. Après... Après il y a 10km de descente pure, de lacets, vers Triesenberg. Le chasse neige est passé, mais la route ressemble à une piste de skis.
On reste en 1ere, frein moteur.. Pas de coups de volants brusques... pas de frein brusque.. Jouer avec l'embrayage... cool, keep cool...

Certains sont mieux équipés que moi, mais ils ne klaxonnent pas. Normal, ils sont suisses, ou liechtensteinois. Sont polis ces gens là! Me maudissent ils à l'intérieur de leurs voitures? Qui sait, peut être çà ne leur vient même pas à l'esprit!
Je ne suis pas la seule à trainer... Devant, derrière, c'est guère mieux!
En bons conducteurs, les voitures derrière laissent une distance de sécurité conséquente. Bravo. Je fais de même avec ceux de devant.
Il y a très peu de monde sur la route.. Qui veut rouler avec un temps pareil?
D'ailleurs mes amis ont du mal à piger. L'amie chez qui je dors, et C ce soir.. Tu skies sous un temps pareil????
Bah oui! Je suis là pour une semaine, et la semaine est prévue pourrie, si je la passe à attendre c'est pas mieux non?
vi... :)

Triesenberg... J'ai mis 45min pour faire 10km. Honnête! à pieds j'aurais fait mieux ou presque. Et mieux en glissant! yeahhhhhhhh!
Je me gare, mes 25cm de neige sur le toit, sous le parking couvert.
Je rigole toujours quand je vois la place vide à côté de moi (les places sont nominatives, et le nom est écrit).
Moi, et mes skis aux fixations roses.. Garée à côté de l'emplacement d'un des 4 meilleurs descendeurs du monde :D

Douche chaude... argh, c'est bon. Mais la neige était si sweet...
Mon amie est à Genève, elle ne rentrera que dans la nuit.
Moi ce soir, je ressors. Pas avec la voiture, je prendrai le bus. J'ai eu du mal à monter la côte du parking. Alors descendre vers Vaduz ce soir, non merci.
Pis hein.. marcher en robe, avec des bottines de ville, pendant 700m jusqu'à l'arrêt du bus, par -10 environ, sur le verglas et sous la neige, c'est très laouenesque non? (j'avais ma parka de ski bleu canard sur ma robe, c'était d'un chic!!)

J'assume!  (et je poste ce message là, car canalbug bug, et j'en ai trop à raconter derrière!)