Liachtaschta.. Bittersweet symphony (8)

Je me hâte d'écrire autre chose derrière le message d'hier... Hop, vite enfouir çà derrière d'autres mots! Pffff.. çà m'empêchera pas de faire défiler la page, et de relire! Comme si j'avais besoin de la faire défiler cette page :) Dredi mat... LE DREDI 13 qui tue... C'est ce dredi mat, alors que j'étais garée devant la boulangerie de Mauren pendant que C allait acheter des croissants, que boum, j'ai réalisé que j'allais payer cher, très cher, mon escapade de la nuit. Mais bon hein, si c'était à refaire hein, etc. Un sms de l'amie qui me loge, et que je n'avais pas lu avant. "Nous partons à 7h30"... Il est presque 8h. çà signifie que je vais trouver un appart fermé. Et qui sait, peut être fermé jusqu'à 18h ou 19h. Il fait un froid terrible ce matin, car c'est un froid humide. Neige glacée, vent vicieux. çà ne sert à rien de se désespérer, c'est trop tard maintenant, faut assumer. Me voilà sur le parking, dans ma 106 au toit encore recouvert de neige... Et personne autour. Personne n'entrera dans l'immeuble. Si encore j'avais vu quelqu'un, j'aurais pu expliquer ma situation à grand renforts de gestes! Attendre à l'intérieur du couloir, c'était déjà plus chaud! Sur moi j'ai une veste polaire et rien dessous, un pantalon qui ne suffit pas, des chaussures de ville trop serrées et des chaussettes fines. J'avais juste prévu de quoi prendre le bus et rentrer à l'appart, pas passer une journée dehors! Je ne peux rien faire. Même pas redescendre à Vaduz faire les boutiques, il fait trop froid, je ne suis pas assez couverte. Il gèle atrocement! Je me suis enroulée dans un plaid trop fin, mais rien n'y fait. Heureusement j'ai un bonnet, et des gants. Mes pieds me font hurler tellement j'ai froid, alors j'ai une idée de génie: j'enfile mes chaussures de ski! Quelle conne, mais quelle conne! J'aurais du prévoir! Prendre ma combi hier soir, mon caleçon, ma polaire! Ce matin je me serais mise en tenue dans la voiture, et je serais partie skier. Là, je sais que je vais passer ma journée à ne rien faire, sinon à souffrir. Mais je reste zen, c'est dingue ce que je reste zen. A midi, sms de mon amie. Tu es où? Sur ton parking.. Je suis restée là de peur de rater votre retour (et votre re-départ, on ne sait jamais) J'ai juste roulé 1/4h, histoire de réchauffer la voiture, en allant au village acheter du pain et du chocolat. çà fait du bien, un peu de tendresse à croquer dans ce monde gelé. 14h30... L'énorme Land Rover de mon amie entre sur le parking. Je respire... J'arrive même à sourire. J'ai fini par m'endormir, dans un demi sommeil comateux, celui qui vous prend en traitre quand vous mourrez de froid. Douche chaude, qui me parait gelée. Je file au lit, où je glaglate sous les couvertures. Trop tard maintenant pour aller skier. Et hop... tout ce que j'avais planifié tombe à l'eau. Demain, au lieu d'aller marcher en raquettes avec le club alpin j'irai skier. Car demain soir je rentre en France... Et aller marcher, çà me ferait peut être rentrer trop tard (pour une fois j'ai eu raison!!! vous comprendrez demain). Et faut que je skie encore, c'est pas possible autrement, je suis malaaaaaaaaaaade! le virus s'infiltre, j'aime çà! Je passe mon après midi au lit, à macher et remacher quelques trucs, sombrer parfois, désillusionner souvent. Ce soir, j'ai pas envie de sortir, pas du tout. Mais ce soir pourtant il me faut me faire belle, car je vais passer une soirée dans la "société". Je ne dis pas "la haute", car le Prince ne sera pas là :) Concert de musique classique, trio russe. Un joli programme. Je m'habille.. Mon amie me dit: mets plutot ta superbe robe, celle que tu avais mercredi quand nous sommes allées diner au restaurant.. Vi, elle est mieux... Je redescends avec ma robe SUR ma jupe. Rires... Je remonte... Franchement, cette robe avec ces chaussures... tu serais mieux avec tes escarpins. C'est clair.. je remonte. Enfile mes escarpins sur mes chaussettes, elles même sur mes bas. Oups.. j'ai pas la tête à çà moi!! Je veux aller au lit tôt, très tôoooooooot! Demain je roule, et il va neiger, et avant je vais skier toute la journée... Et avant de rouler je veux..ALLER VOIR UN CONCERT DE ROCK A SCHAAN! :) C'est pas sérieux Laouen! Rouler en pleine nuit... Mais çà je ne le dis pas à mon amie, le concert c'est pas son style. Pfff, on verra demain... Concert classique... Les dames ont sorti les toilettes, les messieurs les costumes. çà "c'estçlaouise" à tout va. Et la musique prend le dessus. Je n'y connais rien en classique.. Je me contente de me laisser pénétrer par la musique. Et surtout, je regarde les musiciens. Leurs regards, leurs grimaces, la manière dont ils vivent la musique. C'est fascinant. Un violon, un violoncelle, deux instruments que je devine anciens, patinés, indissociables des deux musiciens qui en jouent. Et au milieu de la scène, un superbe piano Steinway aux pieds dorés.ss Rachmaninov me fout le frisson.. C'est immense, çà me file les larmes aux yeux (bah, où voulez vous les avoir les larmes hein?) Fin du concert.. bla blabla blablablabla bla bla bla etc... Nous reprenons la voiture pour aller boire un coup dans le resto pas très loin. A la table, les 3 Russes, mes amis, et plein plein plein de gens très très... Des directeurs de banque, des gestionnaires, des experts en je ne sais quoi, et même un homme qui a été premier ministre du pays. Avouez que çà le fait hein? Laouen dans le beau monde! Pas mal à l'aise du tout, je souris, je blablate, je c'estçlaouise aussi. Amusée, oui, amusée... Je dois avoir un regard angélique, un sourire angélique, avec un je ne sais quoi qui, si on y regarde bien, ne trompe pas. Trop vivante la Laouen... C'est ce que je dirai à C, quand on causera sur facebook à mon retour en France. Il me demandait en rigolant comment j'avais survécu au concert... Tu sais la différence qu'il y avait entre eux et moi? Oui, toi tu le sais... I was alive.... Autour de moi çà cause millions, milliards, crise, pertes brutes. Et vous cher X, vous devez ressentir les effets de la crise n'est ce pas? Oui, en effet, je commence à les ressentir.. Tain.. et moi et mes 700€ pour vivre à 3 vous croyez que je ne les ressens pas? Moi, dans ma superbe robe, je bois une bière, comme une fille du peuple! Les hommes ont pris des bières aussi, je me sens moins seule. Et on m'interroge (tout le monde parle français à cette table sauf les 3 Russes qui parlent anglais). Mais vous alors, qui êtes vous? Et c'est parti.. Mon amie parle de facebook, du hasard des rencontres... Et vous venez d'où? Je viens de France.. du fin fond de la France... Et pourquoi le Liechtenstein? Ils s'attendent à ce que je parle de paradis du fric, ou de je ne sais quoi d'autre? Ils pensent même que je suis peut être là pour me "lever" un local et me caser ici? pfff.. Je leur parler du hasard total qui m'y a amenée en d'aout 2007, de mes enfants tétanisés par la peur sur les pentes du Naafkopf.. De notre descente vers Malbun, puis vers la France, puisqu'il fallait rentrer. De la nuit qui avait suivi. Du matin où j'avais mis mes enfants dans le train, et de cette envie folle qui m'avait fait refaire mon sac, et repartir. Terminer ce qui était commencé. Grimper jusqu'en haut... De l'amour qui était né là haut. Terminer ce qui était commencé... Je ne leur dit pas que RIEN n'est terminé, car RIEN ne pourra se terminer! Quand tu entres dans la dimension de l'amour tu sais bien qu'elle n'a de fin que la tienne. Je ne dis rien, me contente d'expliquer tout sourire qu'il existe désormais une grande histoire d'amour entre leur pays et moi, et c'est tout... Comme si çà pouvait être tout... Nous rentrons. Terminus nuit. Il est 2h du mat. Demain je vais skier, écouter de la musique, rouler toute la nuit ...