interlude "partir, oui, mais pas à Noël..."
Dernière ligne droite...
Ne jamais rien prévoir, c'est une règle chez moi. J'avais raison!
Je ne partirai pas à Noël, du moins, pas loin.
J'ai fini par céder face aux enfants, je passerai Noël avec eux, dans le Finistère.
Pas simple... Voire même très angoissant.
Je suis partie les mains dans les poches. Je veux dire par là que j'ai laissé là bas tant de choses auxquelles je tenais. Des livres surtout, des CD, des trucs idiots sans valeurs... Et tant de choses qui ne s'emportaient pas: certaines fleurs du jardin, des arbustes que j'aimais...
Tant de choses aussi qui ne pouvaient même pas se toucher. L'air de la forêt...
Je n'avais pas envie d'y retourner.
J'avais renoncé à partir en Allemagne hier, en regardant la météo: beau temps, froid très sec, soleil radieux. Un temps de rêve, à peine plus frais qu'ici. Mais pas de chutes de neige annoncées. Je voulais voir le lac noir au milieu du blanc.
Traverser la France pour si peu, et ne pas voir la neige (il en est tombé trop peu) c'était dommage.
Cette après midi, mon chef m'a dit "tu ne bosses pas le 31, la boite est fermée, il n'y avait pas assez de monde".
Bon... Encore un jour de congé imposé, non demandé, et donc, un jour de moins sur la paye...
Mais tout s'est mis en place instantanément dans ma tête:
Je restais en Bretagne à Noël, avec les enfants, en avalant certainement des somnifères pour tenter de trouver le sommeil, là bas, dans ce qui fut chez moi.
Mais nous partions, les enfants et moi, pour le 31. Où, je ne sais pas. Skier au Feldberg, ou à Paris, ou ailleurs...
Mais loin des cons qui me cernent, et dans des coins aimés, ou à aimer.
Besoin d'air, besoin de rires, besoin de bouger...
Si je vais dans le Finistère j'irai peut être courir sur les crêtes des montagnes noires. Courir, 30 à 40km, je n'ai jamais su, car c'était un chemin de bonheur, dans la tourbière, dans la boue, mais si haut, si haut...
Hurler en silence en haut du Toull al Laëron, pleurer de bonheur dans la clairière perdue...
Besoin aussi de repos.
Cette aprem, après avoir forcé terriblement pendant 1h30 sur des outils tranchants, mon poignet gauche a déclaré forfait: je ne pouvais plus serrer quoi que ce soit! Une douleur vive, qui m'empêchait de travailler. Saisir un outil, oui, mais si il était lourd, impossible. Forcer, Serrer une pièce dans ma main gauche pour l'ébavurer de la main droite, pas question.
J'ai cru que j'allais devoir m'arrêter, j'ai continué comme je pouvais, sur d'autres pièces moins "physiques".
L'usage de ma main est redevenu normal après 2h environ, mais demain j'irai au travail le poignet bandé, par précaution.
Oui, j'ai vraiment besoin d'un break.
Certains doivent penser: elle a pris des vacances en aout, elle exagère!
Et oui... C'est un travail si usant qu'après 4 mois de boulot je ressens un besoin vital de souffler un peu. Et tous les autres ouvriers font pareil.
Ah mais, ma bonne dame, certains ont bossé des années, 6j sur 7, sans prendre un jour de vacances, me dira t'on...
Ben oui.
C'est un peu comme quand j'entends: laver le linge à la main, çà n'a jamais tué nos grands mères... Ben oui, c'est vrai. Et pendant la préhistoire aussi, çà ne les tuait pas de devoir allumer le feu avec des silex, de ne pas laver leur linge car ils n'avaient pas encore inventé la propreté, et de chasser tous les jours pour bouffer car ni le frigo, ni le congélo, ni le supermarché n'avaient vu le jour...
Dans la série "c'était mieux avant", poussons le bouchon encore plus loin: c'était bien mieux avant l'homme, vous ne trouvez pas?
Vive les congés payés, bossons moins pour gagner moins, faut parfois se ressourcer avant de retourner au turbin.
De toute façon, je n'ai pas le choix: je ne peux pas bosser parce que la boite est fermée!
Je vais donc aller honteusement dépenser ce fric si durement gagné, au lieu de l'économiser, moi qui rale parce que j'ai 500 euros mini de frais à faire sur ma 106, et des tonnes de factures à payer..
C'est po raisonnable.. Et non! Mais c'est ma vie, la vie de mes gosses, et si j'ai envie de payer une tranche de dépaysement aux petits, je le ferai.
La cigale ira tourner tout l'hiver, tout le printemps, et tout l'été aussi pour renflouer son compte en banque, par la suite.
La fourmi est parfois une chieuse...
Travail, famille, patrie, çà va un moment! :-))
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