Aff, eau lente... (4)
Les arbres voyagent au fil de l'eau.
Immobiles, et pourtant, toujours en mouvement.
Même sur l'Aff, à l'eau si lente.
Le vieux fayard s'y reflète, en milliers de soleils.
J'ai souris à la lecture du commentaire de Yoyo sur le message précédent.
Il ne savait pas l'origine du mot "faillisse".
J'ai à nouveau souris en relisant ses lignes: avouez qu'associer, dans la même phrase, les mots "bande", et "trique", est susceptible d'exciter Google et mes stats, non?
J'adore la toponymie. Je ne connaissais pas du tout le mot "faillisse". Mais il est vrai que je ne parle pas le "Meusien" :-)) (L'Est, je vous aiiiiiiiiiiime!!)
Prononcer "meusien" en insistant sur le "meuh" initial.
Mot qui est donc dérivé du terme "fayard", si souvent employé quand on parle du hêtre.
Moi, c'est le mot "hêtre" qui m'interrogationne fortement. Pas le temps d'aller rechercher son origine.
Le hêtre, c'est "fagus" en latin. D'où le fayard, et tout ce qui s'en suit.
Et là, le breton rejoint le latin.
Le hêtre breton, se dit "fav" (ou faw sur mon dico d'étymologie bretonne).
Pluriel: Faou, et Fao en Morbihan.
Partout, sauf... chez moi. Où le Gallo s'est imposé en force sur les panneaux.
Je pensais tout à l'heure: trop longtemps que je ne suis plus retournée à Coëtquidan. C'était bien souvent ma sortie vélo du jour. Une envie, vite, je filais là bas (26km), passait une heure à communier avec l'étang, et je rentrais, pleine de sa lumière.
Le travail m'empêche d'y aller. Et le week end passe trop vite...
Si parfois des inconnus me demandent: "d'où êtes vous?" Je réponds: "je suis de Coët".
Car mis à part ce kilomètre d'Aff du côté de La Gacilly, dont on ne peut pas mesure la vraie dimension, c'est à Coët que je vibre le plus.
Coët: les bois, en breton. Enfin, les bois, c'est "Koadou" théoriquement. Mais le breton est une langue pleine de surprises, où les lettres varient aussi vite que le temps.
Ce qui donne, avec le changement du "k" en "g": Argoat: les bois.
Par opposition à Armor, la mer. Les deux Bretagne(s).
Je suis farouchement de l'Argoat. Et farouchement aussi "de Coët".
Comme j'étais, quand je vivais en Finistère, farouchement des Montagnes Noires, et plus particulièrement d'un endroit soit disant "lignes de forces négatives", à la frontière Finistère-Morbihan, quelque part entre Spezet et Gourin. Tout près du Toull al Laeron. Point culminant des Montagnes Noires... Ne souriez pas, c'étaient MES montagnes...
Pardon! Speied!
Village très très bretonnant.
Et Gourin, du Morbihan bretonnant, le "centre du monde"...
Là, les Gourinois paumés ici, et les Bretons souriront et se demanderont si je ne suis pas dingue...
Mais quand on a vécu 11ans à l'extrême ouest des Montagnes Noires, et que l'on a sillonné la Bretagne (et plus loin) en long en large, en travers, et en hauteur, en vélo, en voiture, et à pieds, on sait que "n'importe où que l'on aille, il faut passer par Gourin".
Tain... Je déplie les lambeaux de mes anciennes cartes IGN... si usées qu'elles sont tombées en poussière. Nom de la carte: 0618O "Chateauneuf du Faou". Et celle de Gourin 0618E.
Et hop... Comment revenir au "Faou", le fayard...
Samedi matin, le fayard doré qui me faisait face envoyait ses éclats jusqu'au fond de l'Aff.
J'étais sur l'autre rive, face à lui, et j'ai vogué sur son feuillage.
L'eau était si vibrante, que les photos sont d'abord ressorties floues...
Aquarelle...
A quoi rêve t'elle...
Alors j'ai mis l'appareil en position "sports", en souriant. J'étais immobile, comme l'arbre, et je photographiais en mode sport...
L'eau s'est figée.
Le voyage a continué...
Un jour, j'irai réellement voguer sur l'Aff.
Je poste toutes les photos que j'ai faites, même si j'en préfère certaines. Chacun de vous voyagera sur celle qui lui plait, ou sur toutes...