Merci...
Que dire...
Je suis revenue.
Vos commentaires sur mon dernier post demandent à la fois de longues phrases en réponse, et comme le dit Windreiser, un grand silence, car tenter de vous faire comprendre ce que j'ai vécu/ressenti, et le pourquoi de ce voyage au delà du voyage serait vain.
Il n'y a rien à faire comprendre.
Simplement vous dire: vous pouvez trouver votre ciel...
Je ne vais pas commencer mon récit ce soir, enfin, je ne crois pas: je viens de rouler 12h non stop.
Et s'il vous plait...
N'allez pas penser que tout ce que j'écris est écrit pour faire étalage de je ne sais quelle force physique, ou intérieure!
Il n'en est rien.
Humble vermisseau je suis face à la montagne.
Si parfois mes mots semblent excessifs, c'est que j'ai du mal à exprimer ce que je ressens sans employer ces mots excessifs, qui sont bien inadaptés à ce que je cherche à faire passer.
N'allez pas penser non plus que je cherche à me faire souffrir, à tester mes limites ou quoi que ce soit: il y a bien longtemps que j'ai dépassé ce stade!
Et puis.. pensez ce que vous voulez après tout, mes mots n'y changeront rien.
Je suis partie jeudi à 13h30, revenue ce soir dimanche à 21h15.
2 jours complets de route.
Certains, doués en math feront le calcul: et donc deux jours dans la montagne.
Oui, ... et non. Car il y eut les nuits...
Et cette nuit surtout.
Ceux qui liront le récit de ces 4 jours et 3 nuits devront le faire par le début, sinon ils ne comprendront rien à rien. Je laisserai un lien dans chaque message.
4 jours, 3 nuits, pourquoi ai je l'impression d'être partie il y a une éternité?
Tant vécu? Peut être. Plus que çà.
Ce soir, j'ai envie de taper quelques lignes d'un de mes auteurs favoris, Théodore Monod.
Marcheur, scientifique, écrivain, et.. sage.
Un style fabuleux, une humanité rare, un humour qui me touche.
Et des phrases, qui se rapportent au désert bien sûr, mais que je peux employer en parlant de la montagne.
...Et puis il y a une certaine saveur de liberté, de simplicité, pour ne pas dire plus, une certaine fascination de l'horizon sans limites, du trajet sans détour, des nuits sans toit, de la vie sans superflu, qu'il est bien impossible de décrire, mais que ceux-là reconnaitront qui l'ont peut être éprouvée eux aussi...
...Y a t'il vraiment, quelque part, des jardins fermés, avec des murs tout autour, et un bout de ciel par dessus, qu'il faut lever les yeux pour apercevoir? A dire vrai, je préfère mes grands horizons dévastés, sans limites, moins confortables sans doute, moins rassurants, moins domestiques, plus grandioses dans leur tragique et inhumaine intensité.
Là bas (en ville, dans les campagnes "civilisées") , c'est une nature dont nous exigeons un esclavage, une nature élaguée, mutilée, muselée, taillée, alignée, asservie. Ici (le désert, ou pour moi, la montagne), nous ne sommes que des hôtes, sans la moindre voix au chapitre, ignorés avec une sereine indifférence, ou provisoirement tolérés.
Ici, ce n'est pas en notre honneur que fonctionne la machine, et nous n'y sommes guère le centre du monode, il est bon parfois de se l'entendre répéter par quelque coin de nature sauvage, vierge, et qui ne ment pas...
Merci Théodore Monod, merci la nature, merci la vie...
Curieusement, ce soir, j'ai envie de vous parler d'une émission de radio entendue ce matin en entrant en Suisse.
Je zappais sur les stations, quand je suis tombée sur un discours en italien (radio suisse italienne) langue que je comprends très bien. Un pasteur parlait, c'était une émission religieuse.
Quel rapport avec la montagne? Surtout venant de moi, non croyante?
çà m'a bouleversée, c'est tout.
Traduction et résumé des paroles du pasteur:
Du temps de Jésus, "foi et amour" était deux valeurs soeurs jumelles. Jésus a demandé aux croyants, d'avoir la foi, mais aussi de s'aimer les uns les autres.
A cette époque, un croyant devait faire sa profession de foi, mais aussi sa "profession d'amour".
Depuis, la religion a évolué, et les valeurs "foi, et amour" sont désormais séparées et (il n'a pas rajouté mais on a compris), très éloignées, limite contraires.
On demande au Chrétien, pour prouver qu'il est croyant, de faire sa profession de foi, mais l'amour a totalement été mis de côté.
Si l'Eglise avait persisté à entretenir et à prêcher cette notion d'amour, son avenir aurait été tout à fait différent (histoire de dire: y aurait peut être plus de monde à l'église).
Bref, croire, c'est avoir la Foi, mais c'est aussi Aimer. Il est temps que l'on retrouve les chemins de l'Amour...
Bien entendu, le mot Amour est ici employé dans un sens général, et ne signifie pas que tout le monde doit se monter dessus, "les uns les autres"...
Aimer son prochain, aimer la nature, aimer en général, et donc donner. Va expliquer ce terme!! On le ressent, ou pas.
Il est temps que l'on retrouve les chemins de l'Amour...
Je crois que je n'en étais pas loin durant ce voyage.
C'est l'Amour qui m'a guidée vers ce sommet, et vers la voie qui mène à un non-sommet. Car marcher dans cette dimension là n'a pas de fin.
Vers le Ciel dans le Ciel...
Croyante? Toujours pas :-)
Ce soir, pour trouver le sommeil, il va me falloir du temps.
Et humblement, je dis merci...
A qui?
Pffff.... A l'infini.