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face au vent-avel a benn
27 août 2007

Vers la lumière

Et voilà... En haut de mon blog, des pubs pour le Liechtenstein. Avions, tourisme, voyages, refuges... Pffff...
On ne parle pas de la même chose....

Ce qui va suivre n'est pas une tentative désespérer de vous faire comprendre ce que j'ai vécu pendant cette période, ni même de vous faire comprendre le pourquoi de cette visite express.
"comprendre" est désormais un verbe que j'emploie du bout des lèvres et des doigts tant sa signification est vague et imprécise.
Mis à part "comprendre que un plus un égale deux", ensuite on est dans le flou.
Et encore - j'adore sourire là dessus-, qui vous prouve que un plus un, valeurs abstraites, égalent deux, valeur abstraite? J'ai toujours dit que un plus un égalait un plus un. Mais peut être parlais-je de notions "au dessus" des mathématiques...

Et même.. j'écoutais à l'aller, lors de mon voyage, une émission sur France Culture, dont le thème était "le chaos s'oppose t'il à l'ordre", traitant de notions de mécanique quantique, du hasard, et de philosophie en même temps.
A côté de "ce que nous voyons", il existe d'autres situations... le monde "quantique" n'est pas explicable par des mots!
Lien "ici"

Nous revoilà jeudi, je ne sais même plus quel jour d'Aout. Il pleut sur le Morbihan. J'ai des envies de marche en forêt, de silence, et de partage. Envies qui s'envolent au fil des minutes.
J'ai pensé, comme on pense à un truc fou que l'on sait ne pas pouvoir réaliser, retourner au Liechtenstein pour terminer ce que j'ai commencé. Mais 2 jours de route pour 2 jours là bas, c'est ridicule, et je cherche quelqu'un qui m'empêche de partir...
J'ai beau passer l'aspirateur dans la maison, point de volontaire au bout du tuyau. Faut dire que pas grand monde n'est au courant de cette idée, qui n'est plus la preuve que j'ai un grain de folie, mais carrément une montagne de folie dans la tête.

Soudain, çà se décide en quelques secondes, je me dis: pars...
Et là, faut faire vite, et bien. On ne part pas en rando alpine au Liechtenstein comme on part en week end à Daubeville, ni même comme on partirait deux jours en Forêt Noire, pas les mêmes conditions.
Sac de couchage, tente (pas pour y dormir, on en reparlera), matelas ultra fin, chaussures, batons, trousse de premier secours, couverture de survie (une feuille de plastique couleur alu/doré en fait), quelques vêtements de rechange, et de quoi se couvrir car il fait très froid en montagne la nuit et le matin tôt.
Ensuite, il me faut préparer la nourriture: la montagne, que j'ose qualifier de "haute", ne fourmille pas d'épiceries ni de maisons où l'on peut sonner pour quémander un bout de pain.
Et en rando, on oublie le sandwich bien lourd. C'est réchaud, soupe lyophilisée, repas lyophilisé du genre Bolino. Je donne ici le truc, pour les randonneurs qui arrivent au hasard sur ce blog: oubliez les  plats lyophilisés à "un max de fric" la portion, sauf si vraiment vous avez du fric à jeter dehors... Un Bolino (choisi assez nourrissant et gras) remplace facilement tout ceci. On ne vous garantit pas "25478 vitamines et un trilliard de minéraux" dedans, mais çà nourrit. Pour une semaine, çà passe. De toute façon pour couvrir les dépenses énergétiques d'une journée de marche en montagne faudrait des kilos de bouffe, alors attendez vous à perdre un peu de poids.
Bref, la bouffe: barre énergétiques, lait concentré en berlingot pour la pause calin de l'estomac, soupe, bolino ôtés de leur bol plastique, et roulés dans deux couches de film étirable: pas de place, et peu de poids.

A 13h 30, je suis prête, tout est chargé dans la voiture.
Le hasard a voulu que la nuit de credi à jeudi soit un enfer, réveillée par erreur par le téléphone à 2h30 je n'ai pu me rendormir. Qu'importe, je pars.
Il pleut.. et même pire.
J'arrive à Paris à 17h30, la pire des heures. Je vais mettre une  heure trente à traverser la Francillienne (nationale 104 je te hais) jusqu'à Melun, où commence l'autoroute A5 vers Troyes.
Je ne m'énerve pas, même totalement à l'arrêt dans l'immense bouchon. Une heure de plus ou de moins... j'arriverai à 3h ou 4h, au lieu de 1h30-2h du mat.
J'aime la nationale 4, enfer plein de camions, qui m'emmène en Allemagne, mais là faut couper au plus court (1150km quand même!!) et filer sur l'A5 (ruine..) jusqu'à Bâle, en sortant à Langres, puis Vesoul, Belfort, Bâle.
La pluie ne s'arrêtera qu'à Langres, et quand je dis pluie, je devrais plutôt dire déluge, les essuie glaces ne suivent plus, je devine la route, qui heureusement est vide.
D'ailleurs, faut qu'on me dise à quoi sert  l'A5: je n'y ai jamais vu personne dessus!!!!

J'ai fait une pause gasoil rapide à Chartres car j'étais partie avec ce qu'il me restait d'essence prise lors de mon retour du Liechtenstein avec les gosses!
total: 3 minutes de pause.
Pause à Vesoul, au supermarché,  à 22h environ, pour repause gasoil car sur l'autoroute je n'avais pas fait le plein.
5 minutes...
Je suis dans un état de fatigue indescriptible. Je roule doucement, freine à chaque virage, j'ai la nuque très raide, bref, la cata.
Ce n'est pas la première fois que je roule dans cet état, et ce ne sera pas la dernière. Je gère assez bien les très longs trajets, et je sais sentir venir le danger important. La pause Vesoul était une pause "vitale", je dirais...
A Bâle, je retrouve un peu d'énergie, çà sent la montagne qui approche.
A Zurich, j'ai de nouveau la tête et le corps dans le brouillard, et je fais une faute ridicule en me plantant d'autoroute...
Faute qui me fait retourner vers le centre ville et perdre une demi heure avant de récupérer la bonne. Curieux d'ailleurs, pourquoi faut il traverser le centre ville de Zurich quand on vient de Bâle et que l'on va vers Chur? Z'auraient pu faire une rocade de liaison quelque part...
Mais bon, je ne leur en veut pas: 27euros le prix du péage ANNUEL quelque soit le nombre de kilomètres que l'on fait... Déjà payé lors de mon retour bien sûr.
OK, en Allemagne c'est mieux, c'est gratos, mais comparés aux 81 euros que je me tape pour ces 2 jours sur les autoroutes françaises hein!!!!
C'est totalement abusif, lamentable, mais nous sommes prisonniers du système, tu banques, où tu mets 6 heures de plus à faire 1200km.

Après Zurich, çà sent vraiment la montagne...
D'ailleurs, j'en profite pour signaler que le Walensee, que longe l'autoroute, est un très très joli lac bordé de montagnes, où l'on peut naviguer, faire de la planche, dans un cadre idyllique. Et "confortable", pas en version Laouen je précise.
Bon... l'office de tourisme du coin, vous me l'envoyez mon chèque?

Sarganz... Je bifurque vers le Nord, Vaduz est à 20km maxi. Je traverse la ville endormie, comme si je l'avais quittée hier. D'ailleurs... c'était il y a une semaine et demi!
Terminus du voyage, Malbun, 1600m d'altitude, départ de la rando de demain. Mais avant petit crochet par la banque, car je suis partie avec... 4 euros sur moi.
Sas d'entrée, on met la carte, les portes s'ouvrent. On tire son fric, on retourne dans le sas, on appuie, hop, on est dehors... Quel luxe!
Y a pas à dire, au Liechtenstein (et en Suisse puisque c'est un peu une "principauté suisse", comme Monaco est un petit bout de France) ils sont doués pour le commerce du fric!

De Vaduz, tout en bas dans la vallée, j'aperçois les lumières de Triesenberg, à flanc de montagne. Vision merveilleuse. Je lève les yeux, et dans le ciel des milliards de lumières brillent aussi. Sourire...

16km (enfin je crois) de routes dont les pentes moyennes doivent être de 15% mini, des lacets, des lacets...
A Triesenberg, dans un lacet, je contemple la ville en bas, la vallée du Rhin, les villes suisses de l'autre côté.
Les lumières dessinent des étoiles au sol, des comètes, des constellations. Tain... c'est magnifique!
Ce soir, le ciel est descendu sur Terre, avec tout son lot d'étoiles, et s'est posé sur le sol noir, y dessinant un rêve.
Je regarde le ciel. Tiens! Ce soir, la ville lumière est montée jusqu'au ciel, y dessinant ses quartiers, ses allées, un rêve dans l'infiniment grand.
çà y est... Je suis dans les étoiles, entre Terre et Ciel. Entre les lumières artificielles de la ville, et celles qui ne s'atteignent pas.
Et pourtant.. je tends les bras, et je les touche.
Dernière ligne droite après les lacets, Malbun est au bout.
Soudain, la plus grosse étoile filante que je n'ai jamais vue de ma vie traverse le ciel, et la route par la même occasion.
Mais elle le traverse AU RALENTI.
Bon ok... très vite certainement, mais comprenez: habituellement, une étoile filante c'est un trait vif, ouppppp.. fini.
Là, elle prend son temps, et elle est vraiment énorme.
Je pousse un cri de bonheur. Je n'ai même pas besoin de faire un voeux: JE VIS UN VOEUX  INTEGRAL.

Parking de Malbun, 3h30. Je me recroqueville à l'arrière de ma 106. Et même en mesurant 1m62 une 106 çà n'est pas fait pour dormir!!
Il fait un froid terrible, accentué par la fatigue. Une heure après, je capitule, sors, ouvre le coffre, et prend mon sac de couchage ultra compressé (faut un quart d'heure pour le sortir du sac!!).
çà va mieux. Pliée en deux, la tête sur mon sac de vetements de rechange, j'essaie de dormir, ou du moins, de me reposer.
Je vais dormir environ une heure. Ici, à l'Est, le jour se lève tôt, et je dors face à  l'Est.
J'ouvre un oeil, un autre... Face à moi les sommets séparant le pays de l'Autriche, dorés par le levant.
Je souris...

Liechtenstein... La décomposition du mot ne veut rien dire, enfin je crois. C'est, d'après l'histoire du pays, le nom d'un château autrichien appartenant à la famille qui règne sur le pays.
Wiki rappelle d'ailleurs que le prince de Liechtenstein compte aujourd’hui parmi les chefs d’États les plus riches du monde, avec une fortune estimée à deux milliards de livres Sterling. La population du pays bénéficie également d’un des niveaux de vie les plus élevés de la planète.
Mais plus loin que le paradis fiscal, il y a la lumière.
En jouant sur les mots, on pourrait l'écrire Lichtenstein.
De "Licht" = lumière. Au pluriel, çà donne Lichter, et non Lichten, mais bon...
Et "Stein" = pierre

Je suis donc, au pays "des pierres de lumière"
Merci...

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Commentaires
W
Hé, oui...<br /> Un se suffit à lui-même.<br /> En fait, Un + un est une abstraction<br /> Et Un est bien plus grand que deux<br /> Deux est aussi une abstraction<br /> <br /> C'est quoi ce délire ?<br /> Bah ! l'altitude qui fait un peu divaguer...<br /> je me "comprends", c'est l'essentiel, ou l'élan-ciel...
J
Heureux que tu ne te sois pas vautrée en voiture avec toute cette fatigue accumulée :o( Tu as une volonté farouche et un sens aigu de l'urgence, j'imagine que le reste de ton récit va montrer a quel point ce voyage t'a comblée, en tous cas ca me laisse qq peu sans voix........
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