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face au vent-avel a benn
3 juin 2007

Et tant... à vivre

Il me semble important de développer mon point de vue sur ce blog. Certains de mes lecteurs doivent se dire:
"Laouen, elle aime braver les interdits, çà l'excite, voilà pourquoi elle voulait passer la nuit là où logiquement aucun civil n'a le droit de poser ses fesses".

Et bien non, du tout.
Premièrement, cet étang près duquel je voulais vivre une nuit (passer est un mot trop passif) je me moque bien qu'il soit en pleine zone d'interdiction à la circulation civile, au milieu de la place du village, ou sur un sentier de randonnée GR.
Il est magnifique, c'est tout.
Je l'ai découvert un matin d'octobre ensoleillé, et je suis tombée amoureuse dès le premier regard. Pas du tout le genre "coup de foudre qui te laisse ko et qui te fait grimper le coeur à 120% de ta fcmax" (cherchez pas, c'est du vocabulaire de sportif). Non, le genre "amour serein qui dure, harmonie, complicité, partage."

Ce n'est donc pas du tout pour braver les interdits que j'avais envie de m'y assoir un soir. Un beau jour, et peut être une nuit, près d'un lac, je m'étais endormie etc...

Et au risque de vous surprendre, car vous me savez rebelle et carrément indomptable, braver les interdits (surtout ce genre là) ne m'interesse pas.
Par contre, réagir par ma simple présence un peu partout aux abus manifestes de certains propriétaires en forêt privée de Brocéliande, c'est différent.
Tout à l'heure encore, je me suis trouvée nez à nez avec une clôture électrique haute de 2m50 environ, à 5 fils électrifiés.
Avouez, que c'est "abusé" comme disent les jeunes.
Je précise que cette clôture ne défend aucun enclos à bétail, juste des hectares de forêt où personne n'habite.

Le cas du camp militaire est différent.
Après avoir longuement discuté avec les personnes chargées de faire régner l'ordre un peu partout, et de surveiller les civils de mon acabit, je comprends tout à fait l'interdiction stricte de la présence civile sur le camp.
La circulation automobile est autorisée sur 3 axes routiers. Les autres sont strictement interdits. Le stationnement des véhicules civils est totalement interdit. Quand à la balade à pieds, elle est théoriquement interdite, sauf pour les militaires, familles, et civils travaillant sur le camp.
Le week end, le stationnement près du 2eme étang est toléré, comme l'est la balade sous certaines conditions.
Le problème, c'est qu'en France, "tolérance" est souvent assimilé à "je fais n'importe quoi tout est permis".

Les abus se multiplient, et en réaction, la tolérance tend vers "tolérance zéro".
Bravo: grâce à quelques connards de fort calibre, il sera bientôt obligatoire de traverser le camp en apnée, un sac sur la tête pour ne  pas se faire remarquer, à la vitesse de la lumière.
Car les abus sont nombreux, et me laissent sans voix.

Cela va de la famille entière qui joue à ramasser des munitions en pleine manoeuvre, aux campings cars installé pour le week end, de la rave party sauvage au couple hargneux qui frappe le garde chargé de les faire déguerpir d'un champ de tir!
La partie sud du camp n'est théoriquement pas dangereuse, mais les munitions à blanc ne sont pas toujours sans danger. Il faut bien entendu veiller à ne jamais s'approcher d'une installation stratégique, et à rebrousser chemin si manoeuvre il y a.
La partie nord ( où je ne mettrai jamais les pieds !) est un piège mortel pour qui ne le connait pas: réceptacle de tir, et pas que du tir à blanc! Et bien non! Certains sont surpris sur des zones ayant servi de cible de tir de roquettes anti chars!

Bref, Laouen n'aime pas les clôtures. Le camp n'est pas du tout clôturé (mis à part certaines zones contenant des chiens par exemple), mais la clôture existe, elle est morale, et se nomme "respect et discipline".
Si je suis irrésistiblement attiré par cet endroit, ce n'est pas à cause du jeu "je me cache tu m'as pas vu". Ni pour pointer toutes les "curiosités" du camp sur ma carte en disant "fait", "à faire", etc...
C'est simplement parce que ces 5500 hectares sont de toute beauté. Mais je les respecte infiniment.

Maintenant, si l'avenir interdit de manière définitive tout accès aux bois, je suivrai les consignes.
Car, même en étant "indomptable" comme je le suis, je sais que ma présence n'est pas autorisée sur ces lieux, alors si on me dit gentiment ou moins gentiment de retourner hors des limites du camp, j'obéis sans rechigner. Logique non? Je ne suis pas dans mon droit, je me tais.
Si tout le monde faisait pareil, la tolérance serait plus large, et tout se passerait bien.

Hier soir, je n'ai pas voulu passer la nuit près de l'étang, non par peur d'être dérangée en pleine nuit par une manoeuvre, mais pour ne pas moi même déranger une manoeuvre en pleine nuit.
Il aurait été simple de partir un kilomètre plus loin, dans un coin où pas un marcheur n'a mis les pieds depuis des années, et d'y passer la nuit. çà ne m'aurait pas rendue plus fière au matin...

Donc, hier soir, je suis rentrée chez moi, et je n'ai pas dormi. Il était dit que je passerai cette nuit à veiller, c'est ce que j'ai fait.
Ce matin, j'étais totalement HS. Lever 5h55, p'tit dej, voiture, j'étais au 2eme étang à 7h00.
Le parking était déjà bien garni. Car là bas, on pêche!
J'ai passé un long moment à discuter "tolérance et interdiction", et j'ai aussi écouté avec bonheur un vieux monsieur me raconter des anecdotes sur le coin, du temps où il n'était pas "le camp". Ce monsieur là n'a pas vécu cette époque bien sûr, mais il s'est documenté.
Il a regardé ma carte IGN avec l'oeil de quelqu'un qui sait lire une carte, et m'a montré quelques lieux-dits remarquables non indiqués sur la carte, à grand renfort de petites histoires passionnantes.

Un hermite un peu zinzin au surnom diabolique, qui vivait dans une allée couverte, une roche où les filles désireuses de se marier devait enfiler une aiguille dans la pierre, une chapelle en ruine près d'un arbre nommé "le sapin Napoléon" (avec le pourquoi de ce nom étrange)...
Vous m'excuserez si je ne vous raconte pas en détail: vous n'y êtes pour rien, mais je veux éviter que des lecteurs arrivant ici par hasard aillent grossir la liste des "abus de présence et excès de connerie" là bas.

J'ai aussi  passé un long moment à m'imprégner de la lumière, à l'endroit exact où je voulais veiller.
Au  petit matin, le coin de l'étang ressemblait à çà:

RIMG0001

RIMG0015
RIMG0046

Je ferai un album sur ces deux jours, mais c'est très long à préparer: trier les photos, les charger, je n'ai pas le temps de le faire ce soir.

Vous pouvez déjà admirer l'étang en automne et en hiver, en cliquant sur les saisons.

Près de l'entrée de l'étang, il y a un chêne au tronc double. Je m'y suis cachée. Je tentais d'apercevoir sans succès un pic épeiche perché dans le chêne d'en face à dix mètres environ, quand mon regard a été attiré par un mouvement coloré à 2m50 de mon nez: un second pic épeiche, tout surpris de me découvrir dans l'arbre.
Impossible de le prendre en photo, j'ai préféré l'admirer jusqu'à ce qu'il s'envole.

L'envie de hors piste m'a pris, et j'ai coupé droit à travers la forêt. Là, j'ai entendu un bruit sourd. Galop, grognement: un sanglier s'est enfui, à une dizaine de mètres de moi. C'était le premier sanglier sauvage que je voyais, après le jeune marcassin d'hier. Merveilleux.
J'ai continué à avancer dans la forêt, et j'ai rejoins une piste forestière rouge comme la terre du coin. Un pas, deux pas, grognement sourd dans les fourrés sur ma droite. Je stoppe immédiatement. Repérage du premier arbre où il est possible de grimper, estimation de la distance, attente... Rien.
Je fais un pas. Re-grognement sourd. Il, ou elle, est là. Sanglier adulte, défendant ses petits certainement. Intimidation pure. Je ne le ou la vois pas, mais la bête n'est pas à plus de 3 mètres vu le son.
Je reste immobile un moment, puis avance doucement vers un hêtre providentiel, où je laisserai le fond de mon pantalon sur une branche traitresse...
Plus un bruit.
Je redescends, et continue ma route...

Eux aussi sont chez eux ici: et si ils me demandent, plus ou moins gentiment, de sortir de leur territoire, j'obéis...
Journée passionnante. On a tout à apprendre: des gens, des animaux, des arbres, de la lumière, de soi...

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Commentaires
J
C'est aussi, immanquablement, dépasser celle des autres...<br /> Ca fait rêver ou lever les boucliers!<br /> <br /> Parole de dé-passante!
L
ce n'est pas forcément une volonté de me justifier. j'ai un peu peur que certains lecteurs arrivés ici par hasard se mettent à choisir le camp comme prochaine rando... des idées de balades me sont venues en lisant des blogs.<br /> et c'est aussi une manière de faire un peu la morale à tous ces idiots qui se permettent de faire n'importe quoi n'importe où.<br /> dépasser SES limites, ok. celles des autres? non...
W
Ce que je ne comprends pas, c'est la nécessité de se justifier.<br /> Vis comme bon te semble... tant que tu n'emmerdes personne et que tu vis dans le respect d'autrui.<br /> De toutes façons "ça emmerde les gens quand on ne vit pas comme eux"<br /> (Bienvenue chez les fêlés)
C
Il y a en général beaucoup de sangliers dans les camps militaires. Souvent, ils ne sont guère sauvages et généralement pas dangereux si on n'est pas agressif notamment vis-à-vis des petits.<br /> On attend les autres photos avec plaisir.
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