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face au vent-avel a benn
5 mai 2007

le dormeur du Val...

çà vous rappelle un poème?
Moi aussi, un poème appris en primaire, qui nous avait laissé sur le cul quand nous avions découvert la fin.
Rassurez vous, ce n'est pas mon fantôme qui vous parle, je ne suis pas morte comme le dormeur de Rimbaud.

Je rentre du travail, j'ai de la peinture plein les doigts, et je viens de visionner mes photos: toutes ratées.
Hier et ce matin le ciel était très menaçant. Gris, laiteux, lumière terne. Mon appareil étant au bout du rouleau (ce qui serait amusant pour un argentique) il n'arrive pas à prendre une seule photo nette par faible luminosité.

Hier, j'ai donc marché 15km en partant de Paimpont à 19h, en direction du Val sans Retour.
Marché, par des chemins détournés, vous me connaissez. J'ai même testé le hors piste dans Brocéliande. Sans soleil et par ciel uniforme, c'est absolument génial, on est toujours etonné quand on découvre où l'on est, et non où l'on voudrait être.

Hier soir, j'ai rencontré un des arbres les plus secrets de Brocéliande: le Hêtre du Voyageur. Situé tout près d'une route où défilent les voitures, il est invisible, et peu de monde connait son emplacement exact.
Il faisait très très sombre, mais son feuillage dégageait de la lumière, comme tous les hêtres au printemps.
Pas aussi impressionnant que le Hêtre de Ponthus, c'est tout de même un arbre superbe, d'une envergure impressionnante.

Je tente de vous montrer une des rares photos qui soit regardable:

RIMG0010
RIMG0014

Première réaction: on se sent tout petit face à de tels géants.
Mais bizarrement, ce n'est pas mon cas. Non que je me prenne pour une géante, mais entre les arbres et moi, il se passe toujours quelque chose de fort, que l'arbre soit remarquable ou non, peu importe. Je croise un arbre, que des milliers de gens ont croisé, et un déclic se fait, une sorte de coup de foudre, sans folie, sans flamme... Une complicité tendre et sereine.
Je ne peux ni vous expliquer ce qu'il se passe, ni pourquoi. Mais je respecte et j'aime les arbres, à tel point que tailler un malheureux buisson dans le jardin me fend le coeur.
Et souvent, au bord des routes, je regarde de jeunes pousses d'arbres en me disant: ceux ci ne grandiront pas, il seront fauchés, et je voudrais tous les ramasser, les replanter, en faire une forêt d'amour.

Je suis arrivée au Val sans Retour d'un bon pas, mais à une heure critique. Il me fallait monter ma tente avant la nuit. Au fond du Val, plein d'endroits abrités, au sol tendre pour mon pauvre dos. Mais je voulais dormir là haut, bien entendu.
Et sur les crêtes de schiste rouge, le vent soufflait fort, et en guise de matelas j'avais le choix entre dalle de schiste et schiste en dalle.
J'ai donc choisi plaque de schiste, car je suis d'esprit contradictoire.
J'ai planté ma tente sur la crête, face à l'étang sans nom, le plus beau des deux étangs du Val.
Ce n'est pas une tente dome, mais une tente de type canadienne, avec un "V" renversé pour tenir l'entrée, un seul piquet pour tenir l'autre bout, et rien entre les deux. C'est la tension des cordes attachées aux deux bouts et maintenues au sol par des sardines qui fait tenir la tente droite.
Mais va planter des sardines dans du schiste!!

J'ai fait ce que j'ai pu, en bonne femme des cavernes, tapant sur les sardines avec des petits bouts de schiste coupants (là bas pas de cailloux, ce ne sont que des dalles.
J'ai grignoté un bout, et je me suis couchée, non sans avoir fait un tour au bord des crêtes, là où il ne faut pas rater la marche.

J'ai pris quelques photos de la tente avant qu'il ne fasse totalement noir:

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Et oui, je suis dingue!! J'ai vraiment dormi sur de la pierre. Car entre la pierre et moi, c'est un peu comme entre les arbres et moi...
Fou ce qu'elles me parlent les pierres, et celles ci sont merveilleuses.
C'était ma première nuit dans cette tente "haut de gamme" payée 14euros chez Lidl...
Je craignais le pire, et je ne me trompais pas.
Logiquement, ce qui devait arriver arriva: les sardines enfoncées de 1 ou 2 cm dans la couche de rien du tout entre les dalles se relachèrent, et la tente s'affaissa.
Le vent soufflait fort, ce qui faisait frotter les deux côtés de la tente l'un contre l'autre, boucan limite crise de nerf.
Mais le meilleur, et j'étais prévenue, c'est que la tente n'est pas imperméable. Pour ce prix là, c'est réservé aux dodos dehors en été.
Il n'a pas plus dans le Val cette nuit, mais en Bretagne la rosée est parfois pire que la pluie: les gouttes sont tellement fines qu'elles pénètrent partout.
Certains randonneurs expérimentés citent même le cas de chaussures Goretex résistant à la flotte, à la boue, à la pluie, mais pas à la rosée.

Bref, ma tente était trempée, et la "trempation" a fini par se propager à l'intérieur. Les deux côtés frottant l'un sur l'autre faisaient que parfois une goutte de flotte me dégringolait sur le nez. Heureusement, mon sac momie est correct, et si il s'est rapidement retrouvé humide à l'extérieur, j'avais bien chaud à l'intérieur.
Mais entre le bruit de la toile, l'humidité, la toile qui bougeait et qui frottait contre moi, et le schiste qui se foutait de la gueule de mon pauvre matelas de 1cm d'épaisseur, j'ai passé une nuit très agréable.
J'ai du sombrer vers le matin, et encore, en me reveillant tous les 1/4h car dormir sur le dur me donne des crises de sciatique atroce, et il me faut me retourner aussi souvent qu'on retourne une merguez sur le barbecue.

En parlant de manger, j'ai faim!!
Je vous raconterai la suite plus tard.
Mais si c'était à refaire... je le referai!! En plantant ma tente 50m plus loin, dans un sol plus tendre pour les sardines...
Dormir dans le Val, c'est merveilleux. Dommage que le ciel ait été si couvert, car la lune étant encore quasi pleine, la nuit promettait d'être superbe. Et mes copines les chouettes n'ont pas arrêté de me bercer de leurs doux cris. J'aurais aimé marcher sur les crêtes de nuit, mais dans le brouillard c'était beurk et inutile. J'y retournerai...

Note pour les lecteurs arrivés ici par hasard, et pour ceux à qui çà donnerait des idées:

On ne doit théoriquement pas dormir dans le Val sans Retour.
Il n'est indiqué nulle part que c'est interdit, mais si çà commençait à se répandre, ce serait ingérable et dangereux.
De toute façon, le Val est en pente forte, et recouvert de dalles de schistes, y dresser une tente n'est pas chose facile.
Le Val a été détruit par les incendies, c'est un site sauvage, et fragile. Interdiction d'y allumer un réchaud, un feu, ou de péter trop fort.
Et je vous  le dis: le premier que je vois allumer quoi que ce soit là bas, je lui fais bouffer du schiste et je lui en mets une, même si il mesure 1m98 et pèse 120 kg.
Bref, j'y ai dormi, et c'est tout sauf romantique et confortable. Les amateurs de solitude et d'espace aimeront, les autres non.
Moi, je respecte la nature au point de ramasser les ordures des autres, ce qui est loin d'être le cas de "la faune" qui traine par là le week end

Si l'envie vous prend, lors de vacances en Bretagne, de faire un tour par là, dites le moi, et je vous parlerai des coins à ne pas rater, et des conneries attrape touristes à éviter. Et si la beauté du lieu vous pousse à y passer la nuit assis face à l'étang, sans prononcer une parole, je décline toute responsabilité dans cette idée farfelue que jamais bien entendu je n'aurais pu avoir, mais je vous comprendrai...

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Commentaires
C
Ma réaction est en effet logique Laouen, mais je voulais te dire que cela faisait longtemps que je voulais te traiter de folle pour tout ce que tu fais. Cette fois-ci, je me suis permis de le faire. Et puis tu le dis toi-même. Toutefois, tu le sais, il ne s'agit nullement d'une insulte. Bien au contraire, j'éprouve un profond respect par rapport à tout ce que tu fais, à tout ce que tu es. C'est justement parce que je ressens une proximité par rapport à certaines valeurs que je me permets de dire des choses que je devrais taire. Et puis tes précisions me rassurent beaucoup. Et puis disons qu'en ce qui me concerne, j'aime plus trop faire de longues marches et surtout je suis définitivement allergique par rapport au fait de dormir sous une tente, parce que les dernières fois où cela m'est arrivé, j'ai eu froid, mal au dos et je n'ai pas dormi. C'est peut-être ridicule, mais je veux désormais l'éviter à tout prix.
L
bah non, je ne cherche pas à me prouver quelque chose, ni à me faire du mal, mais je comprends que tous vous le ressentiez comme çà.<br /> ces sorties en pleine nature ne sont que du bonheur.<br /> Et je n'ai plus grand chose à me prouver, étant sortie "du pire", du moins plus grand chose d'important.<br /> contente de te relire ici, je m'en vais faire un tour sur ton blog..
J
C'est vrai que tu semble bien aimer te faire mal Laouen, est ce que c'est inconsciemment pour te prouver qq chose ? En tous cas la photo de l'arbre est superbe c'est vrai que ca donne envie de visiter le coin et de se retrouver dans cette nature !
L
... sous la tente à Brocéliande j'ai jamais fait.. c'est que à la "belle" saison j'ai pas trop le temps de partir batifoler de ce côté-là, et comme moi aussi j'ai une tente réservée au beau temps, je fais dodo dans la voiture... Mais ça me "tente" bien le camping sur rocher... <br /> <br /> Pour ce qui est de revenir "lumineuse", je vois tout à fait de quoi tu parle! C'est vraiment une endroit magique!
L
Cornus, ta réaction est logique.<br /> Je ne cours pas.. je marche, et je prends de plus en plus mon temps pour le faire.<br /> Et si mes récits passent pour des "stages de survie", il n'en est rien. je reviens peut être fatiguée, mais de plus en plus lumineuse!<br /> Rien à voir avec les marches forcées, et autres endurcissements volontaires. Je ne cherche pas à souffrir, au contraire.<br /> cet endroit est si beau, qu'il fallait que j'y passe une nuit. oh non, ce n'était pas un stage de survie, mais un stage d'amour... seule avec la nature, la solitude est loin.
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