L'expérience et le mal...

Matin de presque été... 10h30. Nous roulons dans notre carrosse à 4 roues (quoi qu'est ce qu'elle a ma super5?) vers un petit village du Morbihan, pour vététiser cette après midi.

J'adore ce village. Et malgré mes problèmes physiques, je devrais être heureuse d'y retourner. Surtout à cet endroit précis, une chapelle adorable dans un écrin adorable.
Là bas, je vais retrouver C, mon ex chef de club, émigré dans le 9.1.. Des mois que je ne l'ai pas vu.
Et aussi G, un autre ancien du club que j'adore. Sa femme qui est très sympa. Et un autre G, un ancien, du 9.3 celui ci, qui fait le voyage avec sa femme rien que pour passer un bon moment ensemble. C'est son anniversaire aujourd'hui.
Etonnant... Mais dans mon club ( du Finistère) il y a un certain nombre de licenciés qui vivent en région parisienne.
Par fidélité envers le club, ils sont restés sous les couleurs bretonnes.

Il fait très beau. Les enfants vont pique niquer, courir partout, sonner la cloche de la chapelle...

Et je n'ai pas envie d'y aller.
Un coup de blues énorme, déclanché bizarrement  par une note anodine, lue sur un blog ce matin.
Une histoire bien éloignée de tout ce qui me tracasse... Une histoire de politique, de société.
Je lis, et soudain le passé me rattrape, et me rentre dedans.
Une note anodine, qui déclanche la machine à remonter le temps...
Quelques flashs, d'une violence inouie, d'une netteté incroyable.
J'ai l'impression d'être ficelée face à une scie circulaire qui avance à toute allure. La lame des souvenirs a des contours nets et affutés, ils me pénètrent, me lacèrent, me tranchent...
Et pourtant, je tiens encore... Du moins en apparence.
Qu'est ce qui fait le plus mal?
La douleur, ou le fait de devoir continuer, tenter de contenir la fuite de ma vie dans ce massacre intérieur, parce que, il le faut, etc...

La voiture zigzague dans les lacets de la jolie route ombragée... La musique n'arrange rien, c'est comme un fait exprès.
Mais j'ai de l'expérience...
Je mords mes lèvres, pour ne pas trembler face à la brûlure des souvenirs.
Dans la voiture, mes deux enfants. Je me concentre sur la route.
Le vide est dedans, le vide est autour, le vide ne soutient pas, il aspire...

Mais j'ai de l'expérience...
Je mords mes lèvres, pour ne pas gémir...
Gout du sang.
Ma fille est assise à ma droite. Elle peut voir mon profil droit, ma joue sèche, mes yeux sont cachés par mes lunettes noires.
J'ai de l'expérience:
Je sais ne pleurer que de l'oeil gauche...

J'ai été heureuse de revoir mes collègues de club et leurs épouses.
La course s'est passée mieux que je ne pouvais l'espérer:
Après une chute terrible durant la reconnaissance, je suis restée 10min couchée sur le bitume avant de pouvoir retrouver ma respiration. Bilan: une bosse à mon coude écorché, et "encore" une côte abimée du côté droit...
Je n'ai même pas ralé: comment pouvais je passer une journée normale, MOI?
Le genou a tenu. J'ai aimé pédaler, même si je n'ai pas forcé et pas pu défendre mes chances.
Après la course, nous avons bu un coup en l'honneur des 59ans de G.
Mon ex chef (70ans cette année), me dit soudain:
Tu étais où là? J'ai vu ton regard partir pendant un moment...
Il me connait si bien...
J'ai souris.

Comments

[Jipes]

Décidemment pas gâtée avec ces bleus partout mais surtout à l'âme Dieu sait que c'est dur ouais il faut serrer les poings et avancer ! Bon rétablissement à toi !

[tatyval71]

Une journée de retrouvaille , c'est vraiment génial.