sapin...
Je regarde notre sapin de Noël. Il est magnifique, rouge, or, sans surcharge, vraiment beau.
Il brille, il sent si bon...
Pourtant, il me semble totalement déplacé: il représente la fête, le bonheur, l'harmonie.
Posé au milieu du chaos et des pleurs.
Chaque boule que nous y avons posé est comme un peu d'hypocrisie, un éclat de lumière en suspend sur la haine.
Les yeux des enfants brillent aussi, et parfois,pas seulement de joie.
Leurs visages se reflètent sur le verre coloré des boules. Les lampes installent la lumière au coeur de nous, même en pleine nuit. Tout est faussé.
Tenir, jouer le jeu, c'est Noël. La trève?
Je passe à coté du sapin, son parfum est grisant.
Je le regarde, et je dis: pardon...
Je sens presque sa douleur, sa blessure encore fraîche.
Couvert de lumière il meurt lentement, dans un feu d'artifice permanent.
J'ai brillé moi aussi, des étoiles dans les yeux...j'étais belle, illuminée, si forte, pleine d'espoir. La lumière est partie.
Pendant ce temps, il est un sapin immense, paré de lumière, éclaboussé d'étoiles, qui brille, brille.... Là bas.
Pour Noël, pour son lendemain, pour tous les autres jours.
J'irai voler si haut... Un jour, il le faut.
Pourquoi, je ne sais plus. Pour tenter de retrouver un jour, peu importe le temps qu'il faudra, une étincelle de lumière.
Une seule...
Refuser de mourir, même coupée de la vie.