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face au vent-avel a benn
5 septembre 2008

Rätikon. jour 9. la fin sera ... (1)

Quand vient le matin du dernier jour, on a beau être sereine, et savoir que l'on reviendra si la vie ne vous fauche pas en route, y a comme un couic au fond de la gorge.
Quand j'ouvre un oeil, puis les deux, je regarde le rayon de lumière qui traverse le dortoir: il est blond. Il fait donc très beau. Je ne me presse pas pour regarder par la fenêtre, comme si je voulais repousser l'instant de la découverte.
Nous sommes en été, et en aout, je sais bien que dehors il n'y aura pas 10cm de neige même si hier soir il y en avait déjà 5cm sur les tables.
La question est "elle a tenu?"
De la petite fenêtre je vois le Gorfion et le début de la montée vers l'Augstenberg. Les pentes sont blanches, comme recouvertes de sucre glace. Un voile de neige. Juste assez pour te remplir de bonheur.

Il est encore trop tôt pour déjeuner, je vais dehors rayonner moi aussi.

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çà ressemble plus à du givre qu'à de la neige, mais en plein mois d'aout c'est fabuleux.

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Sur les sommets du Montafon, dégradé de neige.
Là, on se rend bien compte que la neige fait ce qu'elle veut: elle n'est pas forcément plus présente sur les plus hauts sommets, "tient" mieux sur telle ou telle surface, pas du tout sur d'autres... Il n'y a pas de règle.

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Et face au refuge, le Naafkopf poudré lui aussi, mais je sais que là haut il y aura quelques centimètres. Déjà en 2007 il restait des plaques sur une de ses faces, alors que l'été était très chaud.

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Il y a du vent, comme l'indique le drapeau. Sur les tables, la neige qui reste s'est transformée en une couche de glace incassable. Je commence à me demander quel va être l'état des sentiers... (et j'ai raison de le faire! :)

La neige d'aout est un cadeau. Elle est tombée pour me saluer avant mon départ, juste assez pour m'émerveiller, pas assez pour m'empêcher d'aller là haut crénondenondenon!

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J'ai zoomé sur le sommet, histoire de rêver un peu avant d'y aller

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Les minutes passaient. J'avais 14h de bagnole (mini) pour rentrer en France, je voulais monter là haut avant, puis redescendre, puis ensuite redescendre à Malbun pour retrouver la voiture, et je restais là à me nourrir du soleil et de l'air glacé du matin. La France attendrait, je passerai encore une nuit pliée en deux dans la voiture, mais ces minutes là se devaient d'être aimées.

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Je suis tout de même allé prendre un petit déjeuner léger avant de partir.
Par "léger" je veux dire:
4 tasses de thé mini
2 tranches de pain beurre confiture
Une tranche tartinée de fromage
3 tranches de fromage de montagne
8 tranches de charcuterie diverse

Bah.. C'est ce que l'on appelle un "Große Frühstück", un grand tidej quoi!
Pfälzer, ce n'est pas forcément l'ambiance la plus chaleureuse (tout dépend du personnel qui sert en fait, certains sont vraiment super), mais c'est la meilleure table des refuges que je connais. Plus copieux y a pas. Quand on t'amène sur la table une poele complète, tu penses que c'est pour toute la table, bah non, c'est pour toi.

Après m'être calée un coin de l'estomac...
Note: en général, lors de ces semaines de marche, je perds 5kg. Là: rien du tout! La bouffe des refuges, c'est pas du Wouètewatechère :)
Donc, après avoir déjeuner je suis partie grimper, sachant que j'allais payer ce repas rapidement :)

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çà grimpe très très rapidement. Enfin, je veux dire par là que le pourcentage est fort. Donc, logiquement, çà grimpe lentement (quand on marche) !
Le refuge parait rapidement tout minirikiki.
Et c'est.. sans commentaires.
Par contre, problème: la neige ne s'est pas transformée en glace uniquement sur les tables de la terrasse, mais partout.
C'est à dire qu'une couche de glace recouvre les sentiers.
A cet endroit, ce n'est pas génant, on ne fait que patiner sur place, et il y a un "bas côté" où l'on peut marcher, en s'enfonçant un peu dans l'herbe.
Mais plus haut çà va se gater, car le sentier mesure 20cm maxi et est taillé dans un dévers.

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C'est ici, que dimanche dernier j'avais pris à gauche, le long du dévers, pour filer vers Schesaplana Hütte et ensuite le Lünersee, car la pluie m'avait fait couper vers le refuge le plus proche après 9h de marche.
Là, je continue à droite, je reste au Liechtenstein, oubliant la frontière :) (çà me fait toujours autant marrer)

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Un nuage s'invite sur le Montafon.
Si vous saviez! Quand je regarde ces photos j'ai les larmes aux yeux! Pas de dépit, car je suis ici dans cette maison que je déteste (j'ai des raisons graves de le faire), mais ce sont des larmes d'amour. Je dois avoir le même regard émerveillé que le jour où j'ai pris la photo, et surtout, que le jour où j'ai marché vers ces sommets.

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La pente est très forte, le Naafkopf c'est du 600D+ assez brutal. Et sur un sentier glacé çà devient problématique: du bout des batons je casse la glace (enfin j'essaie) pour pouvoir poser mon pied sur de la pierre, sinon je pars en arrière, impossible d'avancer.
Par contre, c'est un spectacle fascinant, ce sentier glacé. Car sous la couche de glace on devine l'eau qui dévale la pente!
Pour résumer, il y a la pierre, l'eau qui dégouline dessus, la glace qui recouvre l'eau, et mon pied par dessus.
Même sans glace le sentier reste pire qu'une patinoire, car les cailloux trempés sont glissants, de même que la terre autour. Elle est comme "lissée", n'offre aucune accroche à la semelle.

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Nous en parlions hier soir avant de filer dans les dortoirs: si la neige tient elle va geler, et demain il faudra attendre avant de grimper, les conditions seront trop dures.

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Ce sentier là, je crois que je connais chacun de ses pièges par coeur, du moins, jusqu'à un certain balisage (on en reparle plus loin).
Il est vraiment impressionnant, un peu comme celui qui menait à Schesaplana, le long d'un dévers de pierres fines qui n'en finissait pas.
Parfois il faut enjamber, parfois même il n'existe plus, il faut grimper sur un cailloux un peu plus haut, faire un grand pas, ne pas regarder à gauche N de D...
Ici, les enfants avaient voulu faire demi tour, et je n'avais pas insisté pour faire un pas de plus.
Ce n'est pas que c'est dangereux, mais c'est impressionnant, voire même littéralement terrifiant pour qui a le vertige. La montée du Naafkopf, même si elle n'est pas vraiment dangereuse, je la déconseille réellement à tous ceux qui ont peur du vide.
Vous savez quoi? J'en fais partie :)
Mais je suis déjà montée ici l'an dernier, et je sais maintenant que si on se maitrise, si on maitrise cette peur, si on pose le pied où il faut sans paniquer il n'y a pas de problème.

Le sentier est balisé blanc/rouge car c'est "une impasse" d'un sentier de montagne blanc/rouge, qui ne mène qu'au sommet. Mais son degré de difficulté lui vaudrait d'être peint en blanc/bleu. En une heure d'ascension on y rencontre toutes les difficultés des sentiers dits "alpins", réservés aux personnes expérimentées libre de tout vertige. D'ailleurs, du côté autrichien, à Himmel, quand on regarde le début du sentier qui mène vers le Naafkopf il est écrit que de Pfälzer au sommet le sentier est réservé aux personnes expérimentées. La descente n'est pas évidente non plus.

J'arrive face au mur qui indique le virage. Fini le dévers, maintenant je dois désormais attaquer la pente brute, directement.
Sans un dessin, c'est dur à expliquer.
Avant je marchais sur la pente, mais sans grimper (du moins sur la partie dont je parle), histoire d'arriver à un endroit bien précis.
Ne pouvant pas aller plus loin (mur vertical de pierre) il faut maintenant grimper face à la pente (logique si on veut arriver en haut, de grimper, non?).
Et là, comme l'an dernier, je ne vois pas le balisage suivant. Rien à voir avec ma myopie, c'est "un blocage" :) il faut croire!
Comme l'an dernier, je ne regarde qu'en haut, fascinée par la pente, et je ne vois que le balisage du haut, qui est exactement au dessus de moi mais .. pas mal de mètres au dessus. Donc, logiquement, je me dis: grimpe tout droit vers le balisage.
Quelle conne...
En fait, il suffisait de filer vers le mur de roche, et là commençait une voie qui grimpait sur la pente en faisant de courts zig zag, dans le dévers. Impressionnant, mais correct.
L'an dernier, je m'étais avancée un peu, mais j'avais fini par attaquer la pente direct aussi, sans les zig zags... Faut croire que je suis conne.
Là, je fais encore pire.
C'est si magnifique, si grandiose, que je ne peux détacher mon regard du haut. Sur ma droite, la pente, faite d'un éboulis de roche sur lequel l'eau dégouline en une vraie cascade.
Et c'est là que je grimpe! Comme attirée par je ne sais quoi.

Au début c'est simple, les rochers sont gros. Il suffit d'oublier que l'on a le ventre collé contre la pierre, et que derrière soi c'est le vide sur plusieurs centaines de mètres.
Mais çà ce corse, car c'est un éboulis, et certains rochers ne sont pas stables du tout. Bref, tu poses ton pied sur un énorme bloc, et il dévale plus bas. Sympa non? Pire: tu poses ta main sur un rocher qui dégringole sur ton pied, lui même posé sur un rocher qui bouge.
Rester zen, çà fait bobo çà fait bobo çà fait bobo.. Heureusement, je grimpe avec des chaussures de montagne!

Logiquement, il n'y aura pas de photos du passage. J'aurais bien aimé être une pieuvre pleine de bras à ventouses..
L'eau est glacée, elle me dégouline sur le ventre, rentre dans mes manches. Je dois penser à protéger l'appareil, mais d'abord à me protéger moi, et pas de l'eau: de la chute.

Je voudrais préciser, car je sens que ce sera nécessaire, que je raconte les faits tels qu'ils se sont passés, sans en rajouter, sans forcer sur le côté "dramatique". Je ne cherche ni à me la péter, ni à étaler quoi que ce soit, car je vous l'assure: j'aurais préféré écrire "j'ai monté en courant sans problème", j'aurais eu l'air moins ridicule.

Que faire quand on se retrouve sur une pente qui doit se faire un bon 60% faite de rochers qui s'éboulent? Bah.. Y a plusieurs solutions.

Redescendre par exemple. Là, on se retourne, on regarde dessous, et logiquement on a la réaction de tous les animaux dans ce cas (tous les animaux font çà, pas de raison que l'homme fasse autrement): on continue à monter!

On peut aussi tenter de trouver deux rochers moins branlants que les autres, et y attendre la venue d'une main secourable.

On peut paniquer, mais pas se rouler par terre, vu que de la terre y en a pas, et que pour se rouler dessus faudrait avoir la place de le faire. Rappelons que mon pied droit repose sur un truc de 5cm2, et mon pied gauche aussi. Pas de quoi se rouler. Et paniquer servirait à quoi, à part à perdre pied un peu plus? (à tous les sens du terme).

Alors on fait quoi? On respire, on reprend son souffle, et on reprend des forces. Ce n'est pas que c'est épuisant physiquement, mais la recherche de prises moins branlantes, et la loterie qui te fait dire "çà va tenir sous mon poids ou pas, quitte ou double", çà t'épuise moralement, et donc, tu te sens vidé.

Quand on a reprit des forces, on analyse la situation: tout droit, je peux plus, trop d'eau, et c'est de plus en plus hard. Il me faut donc rejoindre "la voie" sur la gauche, car je le devine, l'endroit où il fallait monter! Maintenant tout est clair.

Problème, entre mon éboulis de pierre et cet endroit là il y a une pente abrupte, la même sur laquelle je suis agrippée, mais sans rochers. De la terre qui ne tient pas en place, et quelques minuscules bouts de cailloux qui dépassent. Quelques mètres de déplacement latéral, avant d'arriver à saisir d'une main une pierre qui semble stable vu sa taille. Là, il sera possible en se hissant à la force des jarrets de toucher une autre pierre, etc.

Du bout des doigts, je tâte les cailloux qui dépassent. N de D... Aucun ne tient! Va bien falloir y aller pourtant! Alors je vais grimper encore le long des rochers, pour en tâter d'autres sur le côté un peu plus haut. Ensuite, tout est question de pari. Je parie que ce cailloux là, minuscule, qui tremble un peu, tiendra sous mon poids juste l'espace d'un instant, histoire que je me jette sur la gauche pour choper la pierre d'après, etc.

çà vous parait risqué? Bah, y avait rien d'autre à faire. Réfléchir, oser, risquer. Déjà trempée, j'en rajoute une couche: je gratte la terre de mes ongles, du bout de mes chaussures, j'essaie de creuser pour pouvoir poser un de mes pieds dans le trou, 2 centimètres de creux pour supporter mon poids. A ce moment là, tu n'oublies pas que tu es droit sur une pente, que le vide est derrière, et qu'il est immense. Tu y penses, mais tu penses surtout à aller plus haut, plus loin, plus sur. çà devient presque violent, ce truc qui te pousse à le faire, ce pas dans le doute. Et tu te retrouves agrippé à la pente avec tes ongles, les pieds dérapant sur pas grand chose, tu attrapes une touffe d'herbe, et au fond de toi tu souris en te disant que ta vie tient à une touffe d'herbe. Tu lâches l'herbe de ta main gauche, saisis le coin d'un rocher, tire dessus. Il tient, c'est fini, tu es en sécurité. Et là tu rigoles presque en te traitant de con.

Et tu te dis que oui, c'était bien là qu'il fallait passer, mais que cette voie là tu ne l'as pas vue parce que tu ne devais pas la voir, parce que malgré l'an dernier, ton esprit a oublié qu'elle existait. C'était là où il fallait passer, mais tu es passé là où tu devais passer.

Enfin accrochée à du dur, j'entends que l'on m'appelle, et je me retourne: les 7 personnes avec qui j'ai passé la soirée hier sont là, grimpant logiquement par la voie balisée. Je tente un résumé: perdu le balisage, rochers, cascade, peur, j'ai honte d'être aussi nulle.

Ils grimpent jusqu'à moi, certains plus rapidement que d'autres. Moi, retrouver quelque chose de praticable (ou presque) sous les pieds çà me dope, je vole, j'arrive en haut de la pente sans toucher terre.

Quelques photos, avant de continuer le récit

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Là, je retrouve le dévers à longer, et le vide dessus est encore de plus en plus imposant. Puis une portion nous bloque, qui semble terrifiante pour une partie du groupe. Une pente très forte, à longer et non à escalader, en grimpant doucement le long du dévers. Sur la gauche, des centaines de mètres de vide, sur la droite la pente qui te racle presque la jambe tant elle est raide. L'homme le plus expérimenté, le plus âgé, passe devant moi, mais j'avoue que cet endroit ne me fait pas  peur du tout. Il avance comme je l'aurais fait instinctivement. Il tasse doucement la neige du pied (ici elle est profonde et non totalement glacée), puis avance en mettant un pied dans la trace de son autre pied (pas la place de mettre les deux pieds, il n'y a pas de sentier) et en accrochant parfois un cailloux qui dépasse de la neige de sa main droite. Je suis, plongeant moi aussi la main droite dans la neige, dérisoire geste, comme si on pouvait se retenir à de la neige, mais çà crée un certain équilibre. Marcher ainsi dans la neige ne me fait pas peur, car justement en s'enfonçant tu as l'impression d'être plus stable.

Et marcher dans la neige, c'est merveilleux. Un peu comme si tu marchais dans l'eau du Ciel, dans le Ciel lui même posé sur Terre, ou, d'une autre manière, que tu marchais dans la Terre elle même, tu fais corps avec ce que tu foules, toi et la Terre, toi et le Ciel.

Nous tournons la tête vers les autres: seul un des hommes nous a suivi, l'autre homme et les 4 femmes renoncent, paralysés par ce passage.

Ensuite, nous retrouvons des rochers à escalader. Le Naafkopf, ce n'est pas que de la marche. Et enfin, le sommet, que j'atteinds en premier car j'ai coupé au plus pentu dans la partie "roches".

Là, mes deux compagnons s'approchent pour me serrer la main. Je le fais, un air idiot sur le visage, histoire de dire "mééééé nous avons fait quoi d'exceptionnel?" :)

En fait, je crois bien que ce geste là était juste un geste de bonheur, de bonheur partagé.

La croix, le sommet minuscule. 3 frontières se croisent ici. Tu fais le tour de la croix, tu les passes. Tu poses une main d'un côté, une main de l'autre, et les pieds sur l'autre face, et ton corps devient frontière, ton corps devient reliance entre ces 3 pays. Sourire... 3 pays, 3 frontières, un sommet, une seule montagne, un seul ciel, la lumière, l'air, la vie.

Partage de chocolat, partage de photos: je vous prends, vous me prenez. Je vide 1/2l de boissons à l'Ovomaltine, que j'avais emportée pour fêter mon retour là haut. Et j'ouvre une bouteille de Rivella, histoire de faire rire mes 2 compagnons suisses.

Le plus ancien me montre des sommets, me citant quelques noms, et j'écoute religieusement. Il me parle aussi de la mort qui t'emporte, au coeur du bonheur, me montrant un merveilleux pic très enneigé au loin. Il y a des années, ils étaient là haut avec sa femme. Très  peu de place là haut, pire qu'ici. Un groupe est arrivé. Quand ils sont redescendus, ils ont ensuite entendu parler d'un accident mortel. Le groupe avait fait une pose là haut pour manger, et s'était désencordé. Une jeune fille de 18 ans avait fait une chute mortelle, de 1000m.

Ne jamais relacher l'attention, jamais...  Je regarde un peu partout, repère 2 pierres triangulaires qui rejoignent mon sac, elles seront pour mes enfants. Et je mange la neige du Naafkopf, la neige d'aout, glacée, fraiche de la nuit.

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Cette ligne de crêtes là c'est la frontière Liechtenstein/Suisse, sur toute sa face sud. Face à moi, les Grauspitz, qui font quelques centimètres de plus que le Naafkopf (point culminant du Liechtenstein), puis derrière le Falknis, et d'autres dont j'ai oublié le nom, je crois que c'est le Falknishorn, et le Mazorakopf.

Ici, c'est du "2600", et encore, moins quelques centimètres. Et ces 2600 là valent largement quelques 3000 et +.

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La croix du Naafkopf est petite, car ici grimper avec une croix immense serait une folie pure. Déjà, j'imagine la difficulté pour arriver ici avec celle ci!

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Tout à l'heure je prendrai l'autoroute, et j'aurai 14h de conduite devant moi. Tout à l'heure je serai loin. Mais pour l'instant, j'ouvre mon coeur à la lumière.

Quand je vois cette photo je rigole! Je porte un pantalon de coton 100% anti-technique payé 5 euros dans une boutique de fringues discount, un maillot de vélo à manches longues... Elles sont où les tenues hyper pro des marcheurs? pour info, un bon pantalon technique c'est 100 euros mini, et un "shell", une veste déperlante respirante chaude "je fais tout je fais rien" coute 300 euros, voire 400...

Sur mon ventre une espèce de poche fourre tout où j'ai mis à boire, mes papiers, le reste de mon fric, et mon appareil photo (parfois il est dans mes poches, sauf si çà racle). C'est un truc que je traine depuis des années, le genre cadeau gratos de tel ou tel catalogue de VPC :) çà évite, quand tu portes un sac de 65l et 17kg sur le dos de devoir le poser et l'ouvrir dès que tu cherches une barre de céréales, et çà met un peu de poids sur le ventre (1l d'eau en moins sur le dos). Va falloir que j'investisse car il est mort, que je trouve un petit truc ventral. Sur mon dos, j'ai un sac à dos minable que je prends pour les marches à la journée. Bref, la vraie pro!

Il va falloir redescendre, rejoindre le reste du groupe, puis le refuge, et là je descendrai direct sur Malbun, et ma voiture. (pour tout vous dire je m'arrêterai à Vaduz ensuite pour acheter encore du chocolat!).  Nous n'aurons pas vu le groupe de bouquetins (ils vivent sur ces pentes).

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Redescendre.. çà glisse terriblement, mais un peu moins que tout à l'heure car ce n'est plus gelé. Je marche lentement. Quand j'attaque la longue partie le long du dévers, là où les enfants avaient renoncé, je ressens la même chose que l'an dernier: les pièges de l'aller passent mieux au retour. Face au passage le plus hardu, là où le sentier n'existe plus, où il faut poser son pied un peu plus haut sur un rocher pour enjamber le vide, je m'arrête pour laisser passer un jeune couple qui "monte", et qui visiblement n'est pas à l'aise.

Ils me font signe de continuer, et me laissent le passage. Je n'hésite pas un seul instant, et je franchis le passage. J'ai hésité, par contre, à leur tendre la main. J'ai lu dans leurs yeux la peur. Et je n'ai rien fait. Je les ai laissé décider: continuer, ou non. Si ils buttent là ils butteront encore plus haut, et encore, et encore... A eux de faire le choix, de maitriser leur peur, il ne faut pas les forcer inconciemment à les poussant à faire ce pas qui pose problème. Je ne sais pas quelle aura été leur décision.

De retour au refuge, le reste du groupe est attablé en plein soleil, pour déjeuner. Ils nous applaudissent devant tout le monde. Si je pouvais encore rougir (je suis brulée) je le ferai, mais je rigole. L'après midi promet d'être torride. Je les salue tous. Certains protestent: rouler maintenant, après avoir marché, si longtemps... fais attention, bonne route.

L'heure est venu de descendre à Malbun.

Un regard vers le sommet du Naafkopf, et je file le long du sentier...

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Commentaires
Y
De la montagne à die Stadt...un lien vers le site d'Eroes<br /> <br /> http://www.pbase.com/eroes/berlin08&page=all<br /> <br /> Bises
M
ils ont tout lu?????<br /> :))))))))<br /> kes que tu m'as fait flipper!!!!<br /> t'es pas zinzin????<br /> :))))))))<br /> bon,t'es entière et t'es pas tombée....puisque tu nous racontes si bien ton amour de ces montagnes..<br /> et autre chose qui m'épate,c'est d'écrire aussi vite des noms aussi compliqués!!!<br /> <br /> dans une autre vie,tu as du être bergère ou princesse de ce royaume!!!
J
Tiens au fait je t'avais demandé en commentaire une zolie photo du Lac si bleu intense (Schesaplana ?)<br /> <br /> Je suis toujours sous le charme :o)
L
pas de problème Cathie, je t'envoie çà. mais elle a été prise en zoomx15, çà ne donne pas un truc très net en taille réelle.
C
encore une sublime série de photos...Les sommets font vraiment réver.Si tu avais le temps, j'aimerai bien avoir en taille normale celle , tout en haut si près du ciel...( sur mon écran n° 1050502)la 2éme de la série sur la ligne de crete aux frontières.(j'espère ne pas t'ennuyer?) <br /> Ton récit nous a bien fait rêver,merci, j'espère qu'il y en aura d'autres, mais en attendant, maintenant il faut redescendre...dur dur!<br /> Je te souhaite de surmonter toutes tes galères et de trouver un bon job..on croise les doigts pour toi. <br /> Bon week end
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