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face au vent-avel a benn
24 février 2008

instinct...

Etrange matinée, toute en sensations... çà a commencé par ma manière de conduire, en attaquant les virages. Preuve qu'au fond de moi j'avais envie de dévorer du kilomètre... Dès les premiers mètres de course, j'ai senti que j'allais trop vite. J'aurais du me freiner, garder un peu de forces pour plus tard, mais vous me connaissez? Carpe diem, etc, vivons l'instant... Encore très affaiblie par mes deux semaines sans quasiment dormir (2 ou 3h par nuit maxi) j'ai vite compris que je n'irai pas loin, et surtout, qu'il me faudrait souffler après chaque côte. J'ai fait ma première pause avant d'attaquer la grande bosse, amusée par la "décoration" du char, engin de guerre désormais porteur de paix, et d'une guirlande de mains peintes. P1000952 P1000953 De là haut, j'ai regardé plus loin que le bout de mes pieds P1000955 J'ai sauté du char, et je me suis décidée à grimper vers le sommet. Hier, j'avais écrit que je le ferai tout en souplesse, sans souffrir.. C'était assez optimiste. Après presque une heure de gadoue gluante (si mes trails sont propres sur la photo précédente c'est que j'évite un maximum les bourbiers, et surtout, que j'ai traversé plusieurs ruisseaux à gué!) j'étais exténuée. Mais j'ai tenté de frapper le sol le moins fort possible, et si les derniers mètres furent difficiles, je me sentais très très bien dans ma tête. De là haut, j'avais le choix: couper à travers bois, en se repérant au soleil, pour rejoindre l'étang, ou continuer. J'ai continué. Mais je n'ai plus suivi un seul sentier, je me suis enfoncée dans les bois, totalement "à l'instinct", sans but réel. Et çà, c'est fantastique... Ici, dans ce camp, l'homme qui n'a pas le sens de l'orientation se perdra à coup sur, même sur les sentiers. Aux croisements, il n'y aucun panneau, et quand on traverse une route non plus. Alors couper à travers bois, çà demande un certain instinct animal, et c'est là que l'homme redevient ce qu'il est: un chasseur ou une proie, un animal, un être enfin vivant. Ici, il se dégage des lieux quelque chose de brut. çà fait peur, ou çà porte, c'est au choix. Ruines de hameaux abandonnés depuis 150ans, rafales de mitraillettes lointaines (ou moins), et surtout, la forêt, quasiment "vraie", naturelle. Certaines parcelles sont exploitées, d'autres n'ont pas vu un homme s'y embourber depuis des dizaines d'années. C'est dans ces dernières solitudes sauvages que je cours. Un sanglier énorme, au poil noir et luisant me traverse sous le nez, à moins de 10m. Il m'observe un instant, et repart. Plus tard, un chevreuil bondit, je fais de même... Car ici, il est quasiment impossible de courir, de vraiment courir. Le sol est défoncé, les arbres morts sont à terre, les bourbiers sont profonds, rien n'est net, rien n'est lisse, rien n'est fait pour le pied humain. Ici, il faut sauter, bondir, et les chevilles se tordent, et les genoux ramassent. On avance au ralenti, on se prend des branches dans la figure, on doit parfois se frayer un chemin comme les animaux, dans des passages minuscules, qu'ils ont tracé au coeur des ronciers. Courbée, les bras devant mon visage en protection, j'avance, je suis les traces... Un blaireau, près d'un point d'eau (enfin, une énorme flaque de boue): P1000969 Oui, une étrange matinée, toute en sensation. Je traverse des endroits qui n'ont rien d'extraordinaire, mais qui me bouleversent, car je sais que jamais je n'y repasserai, sauf incroyable hasard. Comment, en effet, repasser exactement à cet endroit, alors que cela fait 15min que j'avance sans aucun repère, totalement "pour avancer"? Je sors l'appareil photo, et je souris. J'ai le choix: format 4:3 ou format 16:9. Il n'existe pas de format ∞:∞ (infini:infini pour ceux qui ne peuvent pas lire ce caractère). Car l'air, çà a quel format d'après vous? Et le bonheur? Je vais vous montrer quelques photos en 16:9 de ces endroits perdus, où je n'ai rencontré aucune trace d'homme, mais des multitudes de traces de cerfs, de chevreuils, de renards, de sangliers, de blaireaux, et de... Laouen. Enfoncée parfois jusqu'à la cheville, mais heureuse... Tout autour de moi, rien de fascinant, rien de merveilleux, juste la vie. Et là, vous allez peut être comprendre ce que je veux dire en écrivant "ici on ne peut pas courir" :-) _smallP1000958 _smallP1000959 _smallP1000961 _smallP1000965 _smallP1000966 Est il vraiment utile de préciser que je débouche sur un sentier, exactement à l'endroit où je voulais déboucher? Malheureusement une énorme battue m'empêche de continuer à travers bois. Je continue encore 10 minutes, et je rebrousse chemin. Et par pur plaisir, je coupe encore à travers bois, et me retrouve face à la montée de la grande bosse, celle que je viens de descendre. Je grimpe presque jusqu'au sommet, me trainant lamentablement, et je choisis ensuite "le sentier du soleil" pour me ramener près de l'étang, c'est à dire que je lève la tête, que je repère le soleil, et que je choisis ma direction d'après lui. Guidée par une étoile... Comme la nuit je me repère grace à certaines étoiles. Ici des bucherons font des coupes monstres, la forêt est totalement défoncée, on se croirait dans un champ d'obus, et des tas de branches gênent la progression (comme si les trous et les bosses naturels ne suffisaient pas). J'ai l'impression très agréable de courir dans de la glue, et d'avoir une enclume soudée à chaque cuisse... Après un kilomètre de pure orientation, je vois l'étang briller, et je file m'y poser... _smallP1000976 Là, la lumière décline, les nuages s'épaississent, il va bientôt pleuvoir, le vent se renforce. Je vais passer une heure assise face à l'eau, jouant avec mon appareil, à suivre le mouvement dans une danse en noir, et blanc. _smallP1020059 Je vous préviens: vous allez en voir plusieurs exemplaires, de cette photo là, enfin.. elles se ressembleront. D'autres aussi, des lignes noires, blanches, parallèles, les étoiles de lumière flottant dessus. Demain, seules, ou en illustration d'un message. Merci au ciel d'avoir posé ces instans sur l'eau.
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Commentaires
J
He ben ca ressemble au marais du Mordor ton escapade en forêt, faut croire soit qu'il a pas mal plu ou alors y a pas de soleil qui pénètre ces lieux pour sécher la terre.<br /> <br /> L'étang est vraiment beau ce sera un plaisir de découvrir d'autres photos !<br /> <br /> Pas trop de contractures aujourd'hui ??
M
Et merci à l'eau d'avoir accepté les charmes du ciel. Très belles photos, une fois de plus. Bises
Z
Quelle vie trépidante, ce n'est pas croyable, tu as mille vie en une, tu vis des tas de sensation, je t'envie.<br /> <br /> Bisous de zibulinette
M
...que ton prénom se composait de 3 adverbes de lieu: là, où, en. Tu m'étonnerais après que tu n'ais pas la bougeotte!!!<br /> Bonne semaine à toi!
M
un terrain pour "rambolaouen"!!<br /> :))<br /> ce week end on a traverssé le finistère pour aller jusqu'au bout......et j'ai pensé à toi...<br /> ...j'ai vu plein de panneau dans la campagne qui se terminait par "laouen" !!<br /> :)))<br /> bonne nuit...!!
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