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face au vent-avel a benn
2 février 2008

sous le(s) feu(x) de la rampe...

Vendredi soir. Le ciel est clair. Il va faire -2 cette nuit. La lune n'est plus qu'un fin croissant, mais qu'importe, ce soir, elle sera remplacée par la lumière des phares. Je vais marcher? Non. Je vais courir? Du tout. Je vais pédaler? Encore moins. Je vais cacatrer dans les bois et sur les sentiers: oui... Mais pas pour le fun, ni pour prouver qu'une transmission intégrale peut se sortir de l'enfer breton. Il a plu énormément cette semaine, certains champs sont inondés, d'autres tentent de sécher un peu, entre deux crues de l'Oust. Ce soir, je peux dire en souriant que j'infiltre les lignes ennemies. Mais bon, j'exagère :-) Petit rappel pour ceux qui ne cernent pas le personnage: Quand il me tombe sur le rable une catastrophe par jour, je souris, me disant: mais que m'apportera demain? Je suis comme çà... Disons que je suis passée par des "états" qui font que désormais pas grand chose ne m'angoisse. Par contre, je suis aussi de ceux qui, trouvant un oisillon à terre, et ne sachant pas comment le remettre dans son nid, fondent en larmes pendant une heure (réel, çà m'est arrivé). Sensibilité excessive, mais pas nunucherie. J'aime la nature. Vraiment. Quand j'avais un jardin, je devais parfois arracher de mes massifs des bébés chênes, chataigniers, noisetiers, issus de semis. C'était un vrai déchirement, je n'y peux rien. Alors, aimant la nature comme je l'aime, c'était logique que je sois anti-chasseurs, non? Attention: je n'ai pas dit "anti-chasse", mais "anti-chasseurs", c'est différent. Je m'explique: Dans la nature, certaines espèces n'ont plus de prédateurs. Elles prolifèrent, et causent du dégat. Bon... N'ayant plus de jardin, je m'en tape. Et même quand les chevreuils me bouffaient mes jeunes pommiers, je m'en tapais... Mais je conçois que l'on cherche à réguler les espèces, ce que la nature ne peut plus faire. En souriant, je me dis: n'est ce pas l'évolution logique? Si on les laissait proliférer, la nature étant bien faite, logiquement les populations finiraient par se stabiliser. Mais bon, je ne suis pas pro en zoologie. Je conçois aussi tout à fait que l'on aime chasser. L'homme, depuis la nuit des temps, est un prédateur. Gourdin, lances, il a toujours eu des armes. Avant, il avait ses pieds, son regard acéré, son arc. Désormais il a un cacatre et un calibre 12. Mais j'accepte. Le chasseur aime théoriquement la nature, marcher, respirer le grand air. Il partage ce bonheur avec son chien. Il traque. Et la traque est excitante. Je crois que si on me lachait dans la forêt avec un fusil, je traquerais aussi. Et face à la bête, je la regarderais dans les yeux, avant de la voir s'enfuir, en souriant (moi, pas elle, quoi que...) Mais j'accepte. D'ailleurs, j'ai toujours aimé discuter avec d'autres personnes de leurs passions, même si elles sont totalement opposées aux miennes. L'important c'est qu'ils soient passionnés. Trop peu de gens le sont désormais. Ce que je n'accepte pas, c'est le "tuer pour tuer". çà, çà ne passe pas. C'est le réflexe qui fait que certains, voyant débouler un renard, le visent du doigt et font "pan". Le renard est pour moi un cas particulier. Il ne se mange pas. Et çà, çà me gêne terriblement... Le renard régule ses portées en fonction du climat, et du gibier. Si peu de nourriture, peu de petits. On ne peut pas donc, dire "il y a trop de renards". Pour moi, il y a "des renards", point barre. Et pourtant le renard est la cible favorite des chasseurs... Parce qu'il réagit, qu'il est rusé, qu'il ne ressemble pas à un faisan de lacher attendant l'exécution. Mais il y a des bons chasseurs, c'est certains. Ne me demandez pas ce qu'est un bon chasseur. Le mot respect serait dans ma définition, mais ma définition j'ai du mal à vous la donner. J'en ai malheureusement rencontré trop de mauvais. Des tueurs, ceux qui descendent votre chat parce qu'il a osé franchir les bornes de votre terrain... J'ai perdu 3 chats ainsi. Preuves à l'appui (radios de véto). Des gars qui tirent face à votre maison, et les plombs retombent sur la table de jardin où vous êtes en train de gouter avec vos enfants! C'est arrivé plusieurs fois. Alors, il ne faut pas me demander pourquoi je suis "anti-chasseurs". Le respect, rien d'autre. Si chacun respecte la loi, et les autres, tout va bien. Ils ne me dérangent pas, et quand je vais courir, je ne les dérange pas, je change de chemin si je croise une battue. Je crois que je ne suis pas "anti-chasseurs", juste "anti-cons", et ils sont nombreux, chasseurs ou pas. Pour en revenir à hier soir, je suis allée "infiltrer" un groupe de chasseurs dont fait partie un collègue de travail avec qui j'étais partie en stage. Nous n'avons pas chassé de nuit, non! :-) Hier soir, c'était une opération comptage. C'est à dire, que nous avons sillonné la campagne, les sentiers, les bois, avec un cacatre pique-up, avec pour seules armes des phares puissants portatifs, que nous braquions sur les fourrés et les champs, pour compter chevreuils, lièvres, lapins, renards, bécasses... J'étais curieuse, et passionnée par la nature comme je le suis, il me fallait vivre une telle chose. J'aime marcher de nuit, j'aime surprendre un animal sauvage, là, j'en ai vu des centaines. Mais pour en voir des centaines il m'a fallu souffrir! :-) Départ de l'expédition. Une pièce immense, une table immense, des fusils au mur, des trophées, et une cheminée qui ne donne pas envie d'aller dehors... Avant de sortir dans le froid glacial, tout le monde se met à table, et boit un coup. Et là, je me revois tordue de rire devant le sketch des Inconnus, sur la galinette cendrée. J'ai mis la vidéo plus bas, en fin de post. Les chasseurs avouent que "c'est à peu près çà". Heureusement, la suite de la soirée me prouvera que le sketch est tout de même "à peine exagéré". Y a le choix, au niveau boisson: café, ou vin rouge. Oups... Je ne bois jamais de café après 10h du mat... Et je ne bois jamais d'alcool non plus. Voulant dormir au retour, j'évite le café, et je me bois donc... un verre de rouge. Laouen, çà commence fort! Je n'ai pas voulu refuser, ne connaissant pas grand monde dans le groupe, histoire de ne pas rester en marge. Un groupe de chasseurs, c'est avant tout un groupe de copains. çà rigole, çà blague un peu (ils sont restés très sage car il y avait une dame :-)) Mon instinct me dit que le vin rouge passera très bien. Dehors, il gèle déjà, et le vin est très calorique. Je frissonne en regardant les thermos prévus pour les pauses: ils contiennent du vin chaud. Rouge, ou blanc, c'est au choix. Il y a même une bouteille de ouisseki. çà promet... Grand départ! Les frileux montent dans le pique-up, les courageux grimpent sur le pique-up. C'est parti. Je tiens un phare, relativement lourd, et je suis chargée de balayer champs, sentiers, haies, sur ma gauche. Le cacatre roule tout doucement. Le froid est supportable. Rapidement, nous découvrons les premiers renards, puis des lapins, des lièvres... Je me prends au jeu, je fais mon boulot, et je déniche pas mal de bestioles aussi. Et j'écoute... J'entends parler du renard, et au fond de moi, çà me fait mal. Mais bon... Est ce pire de tuer un renard, que de tuer un lièvre? Tout simplement parce que dans le cas du renard il ne finira pas en civet? Tuer, c'est tuer. Et je ne pense pas que ce soit la fin qui fait courir le chasseur... Mais bon hein, çà fait bobo dans le coeur et dans le ventre de Laouen, qui reste zen... Et le temps passe... Les terrains sont inondés, l'Oust brille sous les phares.. Plus un seul animal par ici, eux aussi n'aiment pas se tremper les pattes, pas fous! Pause. Pendant que certains vidangent (pas le cacatre, leurs vessies), les thermos fument. Allez, çà réchauffe! Je décide de gouter le blanc chaud. Wahhhhh... çà décape! C'est pas possible, y a pas que du vin là dedans! Je lève les yeux au ciel, régulièrement. C'est un vrai concours d'étoiles ce soir... Mais elles, ne se comptent pas. Nous repartons. Le vin chaud a fait monter la température. Mes doigts me faisaient mal à en hurler, çà va mieux. Sur le pique-up, çà commence à rigoler... Il est interdit de braquer les flash sur les maisons quand nous traversons un hameau. Question: et si on voit une femme à poil, on doit baisser le phare? Bah... ce serait dommage non? Humour de chasseurs? Non, humour de "tout le monde". On a beau dire, on rigole tous à propos des mêmes choses non? Les sentiers sont de plus en plus défoncés. De temps en temps, j'écrase les pieds de mon voisin de nuit, avec mes grosses godasses de montagne. Il faut se cramponner sec, et très souvent, se baisser brutalement. Les branches volent bas cette nuit... Le comptage continue: un mouton! Deux charolais! Chouette, une hulotte... Les premiers chevreuils. C'est magnifique. Surpris en plein broutage, ils détalent, avec élégance... A certains endroits on se croirait en pleine rêve partie animale: chevreuils, lapins, lièvre, renards, tous au même endroit, en même temps... Au loin, d'autres projecteurs. Un chasseur lance: ah, y a un comptage là bas aussi.. Je réplique aussi sec: ouais, ce sont les chevreuils qui comptent les chasseurs... Pause 2. Une ferme isolée, vide, le silence. Je refuse le vin chaud, mon estomac ressemble déjà à un lance flamme. On me colle d'autorité un verre de rouge froid, que j'avale en espérant survivre. Je reconnais bien souvent les sentiers où nous passons. Je cours et je marche dessus. Quand je dit "on va arriver à tel endroit", ils répondent: "tu connais bien le coin dis donc"! et certains rajoutent: "voilà pourquoi on trouve pas un seul chevreuil quand on chasse, c'est elle qui braconne.." C'est en effet ce qui ressort de la discussion: de nuit, sous nos yeux et nos phares, des chevreuils, assez nombreux. Et pendant les battues, pas grand chose... Je souris. C'est toujours comme çà! La température devient difficile à supporter. Les champs sont blancs de givres, mettre son visage dans la direction de la marche est quasi impossible, le froid tranche la peau. Parfois, le cacatre s'embourbe, et il faut mettre "l'autre pont". çà grince grave, il n'a pas du être graissé depuis des années! L'engin passe par des sentiers où jamais je n'aurais cru pouvoir passer en bagnole. Des sentiers étroits, défoncés, avec des branches basses qui nous font tomber à genoux, en hurlant de rire. Quand la voiture accélère, nous ressemblons à une poignée de billes dans le tambour d'une machine à laver en essorage. çà remue, çà fait du bruit, çà se cogne partout. Demain, y aura des bleus sur les cuisses... Le froid redouble d'intensité. Les chevreuils sont toujours bien présents. Parfois par5, 6... C'est fantastique. Quand nous voyons un lièvre, il y a un renard tout près. çà me fait sourire, et me laisse en même temps une boule dans l'estomac. Dans les battues, ils traqueront le renard en masse. C'est vraiment dingue, les bêtes sont tout près des maisons, à certains endroits c'est la foule! Je ne sais pas combien de kilomètres nous avons parcouru. Peu, car à vitesse réduite. La sortie touche à sa fin. Le cacatre accélère, pour rentrer au hameau. Je ne dirais pas que le froid est vivifiant, à partir d'une certaine dose il serait même "mortifiant", mais bon, ce qui est sur c'est que je ne risque pas de m'endormir! Immobiles, en hauteur, sur un pique-up exposé au vent, dans la nuit du 1er au 2 février, par nuit claire, çà réveille... Terminus. Ma voiture est recouverte de glace. Je m'assieds un moment près de la cheminée, étend mes jambes. Les hommes font les comptes, et n'en reviennent pas. 64 chevreuils! C'est parait il incroyable pour le coin. Presque autant de lièvres, moitié moins de lapins (décimés par la maladie), et entre 20 et 30 renards, je ne me souviens plus. Ils expliquent qu'il n'y avait plus de lièvres, et qu'ils ne l'ont pas chassé pendant 10 ans. La "jachère lièvreuse" a porté ses fruits :-) J'adore néologiser :-) Encore un coup à boire? Non merci, faut que je rentre... Et j''ai pas l'habitude de boire, j'ai besoin d'y voir clair... Ce sont des gens sympas, un bon groupe. J'ai passé une très bonne soirée. Je salue tout le monde, et je file dégivrer ma bagnole. Il gèle à Laouen fendre... Sur la route, je roule doucement. Au village, je décide de rentrer par les bois. Non! pas en faisant du 2x4, juste en prenant la minuscule route qui mène chez moi, à travers bois. Pleins phares, je roule doucement, vitre ouverte. Un peu plus ou un peu moins hein! Silence total... Un oeil, un autre, dans le champ à gauche, je ralentis... Le premier chevreuil entre dans mon faisceau de phares, puis le second, le troisième. J'avance encore. Ils courent vers la route, je sais qu'ils vont me traverser devant le pare choc. Ils le font, à moins de 5 mètres de la voiture. J'ai les yeux grands ouverts, c'est intense... Je les salue du fond du coeur. Virage... Ligne droite. Deux silhouettes galopent devant moi, à 100 mètres, l'une suivant l'autre. Je ralentis. Ils vont plus vite que moi! Alors, par jeu, j'accélère, je remonte, pensant qu'ils vont sauter dans le champ, pris de peur. Ce sont mes premiers, je n'en ai jamais vu avant, quel bonheur! Je n'arrive pas à les rattraper, j'accélère encore, mais ce sont des flèches ces bestiaux là! J'arrive à la hauteur du dernier, vitre baissée, je me mets à son allure, le regarde galoper, fou de peur certainement, et je m'en excuse auprès de lui. Il finit par sauter dans le champ. Je remonte vers le premier, un peu plus haut, je contemple un bon moment son pelage rayé, une boule au fond de la gorge, sachant qu'il est jugé "nuisible" Il finit par sauter dans le champ. Je n'avais jamais vu de blaireaux, c'est vraiment une bête superbe. Au loin, dans les phares, une chouette blanche s'envole, et je rentre me coucher. J'ai eu si froid que je vais dormir en caleçon et en polaire! Je m'endors, en pensant à ce cadeau que la nature m'a offert, sur la petite route derrière chez moi. 3 chevreuils de belle taille, deux blaireaux. Demain, dès l'aube, dans le village voisin, une trentaine de chevreuils vont mourir, l'homme en a décidé ainsi... Pour sourire un peu, voici les Inconnus: Chasseurs arrivés ici par Google: souriez, c'est "à peine exagéré" hein? :-) Et vive la galinette cendrée!
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Commentaires
D
Tes nuits paraissent plus belles que tes jours. Et celle-là tu t'en souviendras...
L
Gothic Inside: c'est atroce ce que tu racontes là... Mon ancien jardin était un refuge pour le gibier à poils et à plumes. De ma fenêtre, je voyais les chevreuils venir boire à la source, à moins de 10 mètres de la fenêtre.<br /> Je crois que j'aurais tué si quelqu'un était venu les abattre devant le nez de mes gosses. Les deux chasseurs qui avaient envoyé du plomb sur ma table alors que les enfants y mangeaient doivent d'ailleurs se souvenir de moi. Pieds nus, j'avais couru dans les bois, et je leur avais sauté à la gueule. Une vraie louve...<br /> <br /> Zibulinette: j'ai des loisirs épuisants! Et pourtant chaque semaine de travail me laisse encore plus crevée que la précédente. Je devrais écouter mon corps, et passer le WE à dormir, mais en faisant ceci je me renierai, et il me serait impossible de faire le moindre effort.<br /> Le travail m'a déjà fait renoncer au sport de compet, j'ai déjà perdu endurance, et surtout puissance. Je n'ai pas envie non plus de perdre la vie qui est en moi.<br /> Pas simple, le compromis!<br /> Je t'embrasse
Z
Une âme de poète disent -ils, paroles de chasseurs paroles d'hommes<br /> <br /> Avec ton travail tes journées ne sont pas faciles, mais...tes loisirs, quelle richesse dans cette nature que tu aimes tant, tu compenses pour te permettre cet équilibre qui te va si bien<br /> <br /> <br /> bisous de zibulinette
L
Non! il y avait des moutons, des chèvres, mais pas de loup.<br /> j'ai eu très peur. mais en fait j'avais envoyé un sms au chef de bande, et ils étaient tous planqués dans les bois.<br /> bises le Loup!
M
Tu n'as pas vu de loup, alors tout va bien Ouf ! Bises
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