vers la lumière...(3)
Suite du récit commencé ici
et continué ici
Je suis d'anciens sentiers balisés, qu'il faut tenter de retrouver sur des cartes précises. Les balisages sont quasiment effacés.
Ils faisaient partie de tout un programme de randos vtt, dont j'ai eu les tracés, mais depuis les sentiers ne sont plus entretenus, ni balisés.
Seuls les gens du coin les connaissent encore. Le tourisme vert a encore du progrès à faire par ici...
Voilà plus de 6h que je marche, et je sais où je vais faire ma pause.
Avant, il me faut traverser une pinède en pente, très claire, et quasi totalement oubliée.
Au pied des pins poussent de jeunes châtaigniers.
Je ralentis le pas, savourant ces instants qui me séparent du plus beau coin que je vais traverser aujourd'hui.
Je vous l'ai déjà fait découvrir en avril.
En octobre, à 13h30, la lumière y est déjà faible. Mais j'ai toujours une envie irrésistible d'y naviguer en barque, me laissant dériver sur ce kilomètre de bonheur.
Ici, peu de courant, l'eau est quasi immobile, dorée au soleil, et très sombre sous les arbres. La prochaine fois je tenterai d'approcher l'autre rive. Les ronces et les orties en défendent l'accès. De ce côté, même barrière, entrecoupée par quelques trouées qui permettent le rêve.
2 kilomètres plus loin environ, je rejoins la rivière, qui a totalement changé d'aspect, car le couvert végétal y est bien moins dense.
Sur les bords, les immenses frondes des osmondes royales se dessèchent lentement. Elles sont plus hautes que moi, et en grand nombre.
Je n'ai pas fait de photos, l'ombre aurait tout gâché.
Plus loin encore, la rivière se mêle à une autre eau... Marécages poissonneux, étendues immenses, et quelques recoins où se cachent les barques de bois
Il est temps de remonter vers la forêt, et la lande, qui me ramènera chez moi.
Je passerai sur les heures de souffrance, dues à mes échauffements plantaires qui ont atteint un stade intolérable.
Je me suis vue tituber comme une femme ivre...
Je préfère garder, du retour douloureux, l'image déjà trop sombre du petit étang perdu que ma route me fait longer à nouveau.
Il regorge de poissons immenses, paisibles, que jamais un hameçon ne dérange.
Je ne sais où me mènera ma prochaine marche.
A chaque retour, je me dis: "plus jamais, tu as trop souffert". Et le lendemain, je sais bien que je recommencerai.
Ce qui est sur, c'est que je partirai à nouveau de nuit. Marcher vers le jour est un cadeau qu'il est bon de se voir offrir par la nuit.
Il est bon aussi, au retour, de marcher vers le soleil qui se couche. Comme il est bon de lui tourner le dos, de voir l'ombre vous avaler, sereinement. Bon d'aimer la nuit.
Mais n'aime t'on pas la nuit parce que l'on sait qu'elle sera suivie du jour?
Je voulais marcher sous la lune...
18h. La lune est là, elle me nargue, il fait grand jour encore.
19h40. Je pousse la porte de la maison, en regardant la lune. Vénus est invisible le soir, du moins pas vers l'Est, ailleurs je ne sais pas.
Etre guidée par une étoile, c'est peut être trop facile...
J'aime la certitude écrite sur le ciel entièrement noir: les étoiles y brillent aussi. A défaut de les voir, soyons forts de leurs lumières invisibles.