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face au vent-avel a benn
9 avril 2007

Westweg Avril 2007 (1)

Lundi de Pâques, 6h30, je me lève. J'ai du éteindre la lumière à 2h du mat, et m'endormir à 4h...
Trop de trucs dans la tête, et les pieds encore très douloureux (j'en ai bien pour une semaine avant que les échauffements ne cessent).
Et j'ai eu très froid!!
Oui, froid! dans une maison à 12 degrés, un vrai lit, des couvertures. Frissons malsains, du genre "état grippal". Va savoir, peut être mon corps qui a tenu jusque là vient de lacher car je suis de retour? Froid, alors que dimanche matin, à 5h45, j'ai eu du mal à allumer mon réchaud à gaz pour le thé tant il faisait froid? (en fait, çà vient surtout je pense des courants d'air vicelards..)
Je suis terriblement frileuse depuis que l'on m'a opérée de la thyroïde. Moi qui me baladait en tee-shirt toute l'année, c'est fini. Et j'ai toujours autant de mal avec l'humidité bretonne. L'opération n'a quasiment rien changé au niveau de mon métabolisme, j'ai toujours tous les symptomes de l'hyperthyroïdie (c'est naturel chez moi), je fais des hypoglycémie sous l'effort car mon métabolisme "digère"  bien plus vite que le votre malgré que je doive manger deux fois  plus que vous, mais par contre j'ai récupéré cette conséquence logique de l'opération: mégaglagla terrible... Sauf par temps sec, ou je supporte correctement.

Me voilà donc au clavier, un peu plus tôt que prévu.
Conséquence visible du voyage: j'ai retrouvé l'envie d'écrire.
Ici, logiquement, pour vous raconter et laisser une trace écrite de mes pas et émotions.
Et ailleurs: car les deux bouquins que j'ai écrit et qui trainent sur l'étagère parlent d'une fille qui marche. Le premier est un gag, volontairement farfelu, exagéré, déconnant. No problemo.
Mais le deuxième est très sérieux, très précis, puisque c'est le journal intime d'une fille qui vit dans ce coin de Forêt Noire, qui marche sur ces sentiers là, qui tourne en rond, et qui dort... près du lac.
Quand je l'ai écrit, je connaissais très bien les sentiers du coin, mais je n'avais pas d'expérience du bivouac, et de la vie de tous les jours en forêt. J'ai quelques trucs à revoir.

Avant de commencer mon récit, qui ne sera pas forcément dans l'ordre, je tiens à préciser:
Je ne vais écrire QUE çà  pendant un moment. Alors si vous, lecteurs, vous ne voulez pas lire le récit d'une marche sur le Westweg, avec parfois des épisodes "opération survie", revenez me lire plus tard, je n'ai pas de carte de pointage je ne vous en voudrais pas!
Au niveau photo, j'en mettrai quelques unes, mais je mettrais la totalité dans différents albums.
LA SEULE CHOSE QUE J AI OUBLIE DANS MON SAC C EST UNE 2EME CARTE MEMOIRE. Je n'ai qu'une 256Mo.
La première a été saturée le 4eme jour. J'étais en plein massif du Feldberg, je n'ai pas fait un détour de 30 bornes pour retourner à Hinterzarten en acheter une, j'ai vidé certaines photos pour en refaire d'autres. N'ayant traversé que 2 villes en une semaine, l'occasion ne s'est pas présentée. Bref, je suis une triple conne.
Mais ma mémoire, la mienne...pas prête de saturer (soupir...)
En attendant de voir les photos qui sont mauvaises (j'ai vu l'appareil à Mélu, je sais désormais que le mien est bon à jeter à la poubelle tant il fait du flou), vous pouvez voir ou revoir mes albums Glaswaldsee-Schwarzwald (4 albums) à droite. Ils ne concernent que le lac, et les 20km de forêt autour, mais j'avais fait plein de photos, et en automne en plus.

Je n'ai rien écrit durant le voyage, uniquement un peu le dernier jour, passé les pieds en éventail au bord du lac. Ni envie, ni vraiment le temps de le faire. Le soir, je restais une bonne heure cassée en deux de douleur  (les pieds échauffés gonflés, brulants), et il me fallait m'accrocher aux murs des cabanes pour avancer encore d'un pas après. Préparer son matelas, son sac, son réchaud, remettre tout le reste dans le sac pour tout protéger de l'humidité, çà prend du temps. Et quand j'étais couchée, avec juste le nez qui sortait et encore (sac pour momie) je n'allais pas écrire, logique!

Redon 8h20. TGV pour Paris Montparnasse, çà commence bien: il est plein, j'ai réservé mais je n'ai pas de place. Je vais voyager sur les strapontins entre 2 wagons, avec 3 autres filles qui pestent: "on a payé  le même prix"!
Bah oui... Moi, je suis déjà "partie", alors je ne peste pas, bien au dessus de tout çà (même si crotte de crotte hein, on a payé le même prix!!)
Fou ce que les gens font comme aller retours dans un train, étonnant. Moi, à part une pause pipi, je reste assise. En fait, j'ai mal au coeur en train, et çà va être long.
Paris Montparnasse - Paris Gare de l'Est. Quelle chance! la ligne 4 y mène direct, sans changement à Châtelet (la station que je hais copieusement). J'ai vite le rythme, et pas du tout honte avec mon chargement de montagnarde au long cours.
Dans les escaliers du métro, première constatation terrible: mes 90 km en 2 étapes à Brocéliande du week end dernier, je vais les payer très cher. Trop chargée et avec des chaussures hs, ma première vraie longue marche, et première marche chargée, résultat: début de tendinite côté externe du genou droit.
Monter, çà va. Descendre je ne peux pas. Je descend la jambe droite raide. Sur le Westweg, çà va donner. (ce sera même pire que ce que je ne le pensais).
2h quasi à tuer Gare de l'Est. Belle gare d'ailleurs, à côté de Montparnasse qui est une $*€&@# innommable.
Pas du tout de place pour s'assoir, alors je m'assieds directement par terre devant les quais, je sors mon couteau, ma saucisse sèche, et j'attaque le régime rando.
Vous êtes horrifiés? Comment peut on s'assoir par terre dans une gare?
Bah.. c'était à peu près propre, et vu ce que j'allais vivre, j'étais déjà bien au dessus de tout çà (je me répète).
Certains me regardent à la dérobée... Je dénote? Non, dans une gare, il y a de tout. Et ce "tout", je l'observe intensément. Je ne regarde pas, je fais le guet, j'enregistre tout. Regarder la foule c'est passionnant, limite "reportage ethnologique". Dans une gare, çà devient fabuleux.
Train pour Strasbourg, je suis assise, la vie est belle non?
Strasbourg. TER pour Appenweier, ou je dois prendre un train allemand qui dessert tous les petits villages situés sur une ligne droite jusqu'à mon but, une station avant le terminus, 50 min plus loin.
A Strasbourg, impossible d'avoir un billet pour Bad Peterstal, à cause de cette correspondance. C'est beau l'Europe!!! On m'a vendu un billet pour Appenweier, après débrouille toi Laouen!
Première surprise: en Allemagne, il n'y a aucun guichets, que des machines automatiques. Cool pour demander un renseignement!
J'apprendrai aussi que les panneaux papier d'affichage "départs" doivent être lus avec précaution, et même là, certains trains n'existent pas... ??
Par contre, un énorme bon point pour la DB (die Bahn, la SCNF allemande):
1) les trains qui se trainent sur des voies minuscules encaissées entre les montagnes, désservant tous les villages sur la ligne, sont magnifiques. Comme des TER neufs, lumineux, entièrement vitrés, très propres très loin des omnibus abominables qui existaient (existent encore???) en France. Et de certains TER qui circulent encore...
2) Tous les villages de montagne ne sont pas desservis, bien sûr!! Mais si il existe une vallée avec une ligne à peu près droite qui peut s'y encastrer, elle existe.
ET LES TRAINS SONT PLEINS.
Je discuterai au retour avec une Alsacienne à Strasbourg du cas français. Pour cause de rentabilité, en France, uniquement ou presque: des grandes lignes. L'Alsace semble un cas à part, car pression a été faite pour conserver quelques lignes rurales.
L'Alsace est toujours un cas à part :-)) J'adore cette région.

19h30 environ, Bad Peterstal. Ville "de cure" verte, sympa, mais un peu trop villégiature pour citadins le week end. Je descend, les yeux bizarrement brillants. Revoir ce coin, çà me remue, même si ce n'est pas le bout du monde et qu'il me suffisait d'y retourner.
Une vraie route de col de montagne grimpe au croisement du sentier qui mène au lac. Epingles à 180degrés, pente folle, même une voiture puissante souffre. Ensuite, 2.5km de sentier rocailleux, dont 1.5 gros km de pure pente, du genre 20%.
Si je me tape les 7km de lacets sur bitume à pieds, il fera nuit noire bien avant le sentier, et je serai morte de fatigue là haut. Va te taper une étape de 50km le lendemain!!! Le sac est très lourd, logique, c'est le départ (eau pour 2j, bouffe pour 5 jours).

Pas de taxi, pas de carte de téléphone. Un peu la trouille idiote de faire du stop: si çà ne marche pas, je vais me les taper ces bornes!! Et sur cette route (je la connais bien) pas de bas côté pour s'arrêter.
Je tourne en rond 1/4h dans le village, et décide d'entrer dans un bar pour demander un taxi.
Avant de faire un pas vers le premier café venu mon regard découvre 2 personnages qui me font tomber sur le cul.
Dans ce village sympa et accueillant, mais un peu prout prout quand même (y a du fric par là je vous dis), ces deux sont... différents.
Si je voyais débarquer les Rois Mages en personne, au milieu de la Place des Vosges à Paris, ce serait un peu pareil.. Enfin, presque.
Parce ce que ce couple là est royal, mais dans sa tête, pas dans sa tenue!!
La cinquantaine, l'air de ceux qui vivent souvent au grand air, la tenue de baroudeur. Pantalon kaki à poches (copieuse va!) pour la dame, et le même en camouflage pour monsieur. Les cheveux "nature", une bonne tête. Ils s'approchent vers moi, devinant que je ne vais pas passer la nuit sur le trottoir du village.
Pourquoi sont ils hallucinants ces deux là?
Monsieur et Madame ont des laisses dans la main, et au bout des laisses, des animaux.
Monsieur a un chien noir, et... une brebis en laisse.
Madame, une autre brebis.
Ces moutons sont blancs éclatants, dociles.
Je souris en pensant à Nijenn, ex Bluemoon, et à nos discussions sur les moutons parfumés.
Ces deux là ne parfument pas leurs moutons, ils sont natures, loin d'une Marie Antoinette en treillis, mais deux Princes dans leurs têtes, qui se baladent, sous le regard étonné des touristes, et qui saluent les "locaux".
Nous discutons: ce que je vais faire, où je vais dormir ce soir, pas de taxi, de l'argent mais pas de carte de téléphone.
Quelques mots échangés entre eux, et le gars me dit: reste là sur le banc, on repasse dans 1/4 d'heure.
J'en profite pour manger un peu, des pates froides prévues pour ce soir, avant le lyophilisé des jours à venir.
1/4 après les revoilà, comme sur un tapis volant, équipage lumineux.
Suis nous. On te mène.
Je les suis vers la route qui grimpe, ils prennent la première à droite, ouvrent une porte, font entrer les moutons libérés de leurs laisses. Redescendent avec les clés de leur voiture, chargent mon sac, et c'est parti.

Voilà encore un exemple de ce qu'est l'Allemagne (des campagnes, celle des villes je connais mal).
Ils n'ont rien à faire sur cette route là, 15km en gros rien que pour me mener au pied du sentier. Je n'ai pas eu à faire du stop.
Mes pieds me remercient, et intérieurement je me sens immensément forte et heureuse. Des rencontres comme çà çà vous tombe du ciel...
Faut croire peut être que l'on dégageait la même lumière?

Discussion, entrecoupée de mes "Jaaaaaaaaaaaaa, schnee!!!! (neige) Je souris comme une enfant en découvrant 1/2cm de neige dans certains coins sombres.
Je leur parle de mon but, aller jusqu'au Feldberg à pieds, première étape la plus longue possible.
Ohhhhhhhh dis le gars... longue... Tu iras jusqu'à Hausach, au maxi, c'est dur le Westweg. froid, pente etc... (32km).
Je lui parle de mes 60km du samedi d'avant.  Ils me situent un peu mieux: fêlée, heureuse, et qui ira "un peu plus loin que Hausach".
Si ils avaient su, pour les chaussures neuves, la tendinite, et les échauffements plantaires, ils auraient dit: tu feras 15km maxi.
Mais même moi je n'avais AUCUNE idée de ce qu'était les douleurs plantaires avant cette première étape. Et pourtant, j'avais souffert d'échauffements lors de courses cyclistes de 6h, souffrir à en pleurer. Ce n'était RIEN.

Viele danke... je me perds en remerciement. Besoin de quelque chose, eau, manger?
Non, merci, tout dans le sac!! Ils repartent.
Au bord de la route, un refuge. J'ai veillé ici dans ma voiture, la nuit du 18 au 19 octobre 2005, de 4h du mat à 7h30. Il faisait -3 dehors. Face à ce refuge que je croyais être un chalet fermé, dans un semi  coma, détruite par le froid, l'épuisement, et ... tout le reste.

Ce soir, je sais qu'il est là haut, 2.5km terribles plus loin. Ce lac qui m'a ramenée à la surface. J'ai du mal à me retenir, j'attaque la pente comme on la dévore. Le pourcentage qui s'affole et le poids du sac me calmeront vite.
La nuit tombe alors que je termine la pente forte, je mets ma lampe frontale.

RIMG0001

La nuit tombe sur l'Ouest. Vue des hauteurs du Klagstein (910m je crois bien), avant la descente. Au loin, la petite lumière, c'est Bad Peterstal.

Premier problème: sur le sentier, un sapin énorme est couché en travers. De jours, on le contourne, et on revient sur le sentier.
De nuit, on le contourne (c'est très long un vieux sapin), et on tente de revenir sur le sentier. Là, un autre sapin...
En fait, il y a en aura une dizaine comme çà. Pas évident je vous le dis, de faire des détours parmi les arbres serrés, et de retrouver le sentier qui ici est minuscule, juste avec cette petite lampe sur la tête.
Croisement. J'attaque la descente pure, 1km environ, en 2 lacets très très caillouteux. De jour déjà on s'y tord les pieds, alors de nuit!
Soudain, comme ce matin du 19 octobre 2005, je quitte le sentier, pour prendre à gauche entre les sapins. Racines casse gueule, pente défoncée, je m'arrête là où  j'ai passé des heures à contempler le lac enfoncé entre ses sapins 150m à pic plus bas. Je ne vois pas grand chose, un reflet. La lune me semble quasi pleine, mais elle est cachée par les arbres. Elle est rousse.
Je vais passer une nuit de pleine lune au bord du lac... Merveilleux.
Retour sur la descente, où je me traine pitoyablement: genou, cailloux, hiboux. non, pas de hiboux, mais très bobo genou et beaucoup cailloux.
En bas, il reste un peu de neige. Le couple m'a dit: la semaine dernière, ici, y en avait plein encore!
Décidément, çà tombe bien. De toute façon, j''avais consulté la météo, ma folie ayant des limites: celle de la survie.
Première photo au lac, la seule que je prendrai avant le retour (car nuit noire), éclairée par la frontale: mon pied, dans la neige, près du lac.

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Je passerai sur l'émotion de me retrouver ici. Non que je n'ai rien à dire, mais çà ne se traduit pas par des mots. Entre ce coin là et moi, c'est plus qu'une histoire d'amour, ou d'amitié, ou quoi que ce soit "d'humain". Car cette histoire là, n'aura pas de fin.
Je viens d'effacer des lignes inutiles...  Il n'y a que le silence qui explique ce qui me lie à cet endroit, et le silence est beau.

J'arrive près du sapin (qui n'en est pas un vrai, botaniquement parlant) dont je vous parlais. Droit, un peu isolé, avec des racines enchevêtrées à nu, près de la plage. Cet arbre là a été mon confident silencieux, et il m'a aidé, en silence. Cet arbre là, comment vous expliquer ce qu'il est?
Mon frère, mon ami (un vrai), mon alter ego. Tout. P'tain... Ce n'est qu'un arbre... (si vous saviez ce que çà fait mal d'écrire çà).
J'ai ouvert mes bras, je pose ma joue sur l'écorce toujours aussi rugueuse. Il sent bon la résine. Il me faut aller dormir, ou tenter de le faire. Je lui dit à demain, et aussi: je reviendrai après le Feldberg, je reviendrai, même si je dois rester ici juste quelques minutes...

Re- détour en direction de la cabane de bois qui est de l'autre côté du lac: en hiver, une mini cascade oblige à chercher un passage.
J'entre dans la cabane. Ici, çà s'appelle une Hütte.
Elle est très poussiéreuse, quelques cadavres de bouteilles dans un coin mais çà va. Les gens sont dégueu.
Elle a une porte et une fenêtre, au sens strict du terme, c'est à dire: deux ouvertures sur le lac. Mais aucune porte, et aucune fenêtre, si vous voyez ce que je veux dire.
Bref, j'ai un toit (avec des fuites) sur la tête, 2 murs (avec des fuites aussi) autour de moi (derrière et à droite), un 3eme largement ouvert par la fenêtre sans fenêtre (à gauche), et face à moi l'entrée sans porte.
Elle mesure environ 2m50 sur 2m50, peut être un peu moins. Mes pieds seront à 50cm du dehors.
Je déplie un bout de "plastique" léger (reste d'emballage de meuble en kit) prévu justement pour isoler de la saleté (du moins en partie) mon matelas. Et je déroule le matelas autogonflant.
Je vous explique ce que c'est?
Un rouleau de 680g, que l'on déplie, et qui  mesure 1m80 sur 60 de large environ. On ouvre le bouchon, et c'est sensé se gonfler seul.
Mais ce matelas, comme tous les autogonflants, est un farceur...
Je l'ai acheté sur le Net, et il est de marque allemande.
Je devais donc lire, non pas "auto gonflant", mais Otto gonflant.
Je m'appelle Laouen, je ne partage pas ma hütte avec un mec s'appelant Otto, c'est pas de chance...
Mon matelas s'est gonflé légèrement, pour le reste, il me reste mes poumons.
Il s'agissait donc d'un matelas Laouengonflant. Remboursez!!!!
Gonflé, çà mesure 1cm d'épaisseur. En y laissant poumons et forces, peut être plus, mais crotte!! j'en ai besoin de mes forces.
Je déplie mon sac de couchage, et me demandant comment je vais faire pour le faire rerentrer dans son sac de compression (volume 7l) le lendemain. Neuf, c'est évident, mais quand il a déjà servi...

ET OUI. Je l'avoue: mon sac, mon matelas, tout est neuf, je n'ai jamais testé le matos, car reçu 3j avant le départ!!
Jamais testé le réchaud qui me servira demain soir non plus.
Et je continue mes aveux:
Marcher longtemps, j'ai fait. Faire du camping, j'ai fait.
Mais faire du trek en autonomie totale, avec couchage et bouffe dans le sac: JAMAIS.
Et j'ai choisi Avril, et l'Allemagne pour tester.
Vous me  direz, çà aurait pu être Février et l'Himalaya, soyons positifs.

Je me couche. C'est dur!!!!!!!!!!
J'ai sur moi: tee shirt rando (tissus synthétique), tee shirt rando long, polaire très fine, veste thermique de cyclisme. Caleçon long moulant en coton, pantalon en coton lourd (pas acheté de pantalon spécial rando, léger et étudié pour). 2 paires de chaussettes. Un bonnet en polaire. Et dans mes poches:  papiers, argent, appareil photo, téléphone, lampe frontale et piles.
Pourquoi? Avec ce froid, les batteries et autres piles vont se vider rapidement. Alors je marche avec et je dors avec, pour les préserver. Pas de prises électriques sur le Westweg...
En pleine nuit, je comprendrai (cerveau ralenti par le froid) qu'on ne dort pas avec des piles et un appareil photo dans sa poche!! Mégabobo quand on se retourne. Mégabobo aussi quand on les mets à côté dans le sac et qu'ils se retrouvent sous votre dos sans prévenir en bougeant.

Et je meurs de froid...
Parenthèse technique, que les initiés comprendront rapidement:
Un sac de couchage c'est un certain poids. Au plus il est cher, au plus il est léger, pour une même température de confort garanti.
Au plus il est cher et lourd, au plus cette température est basse.
Le confort, c'est: dormir sans souffrir du froid, et pas forcément au vent je précise... Car le vent transforme un 2 degrés en une "sensation réelle -5 par exemple).
Un sac pour expéditions grand froid (polaire et Himalaya), çà coute 300 euros, ou plus. Les sacs pour expé polaire, c'est plus.
De nos jours, la plupart des treks organisés le sont avec porteurs, alors le poids du duvet, les randonneurs s'en foutent!!! Et çà coute un max un trek organisé... 200 euros de plus ou de moins...
Moi, je marche à la dure, tout sur le dos, noméo!!
Je n'ai pas 300 euros à investir là dedans.
J'ai donc acheté sur le Net un sac de couchage Nordisk en matière synthétique (pas du duvet) pas cher (49euros!!!), lourd (1kg200)(on fait moins lourd dans sa catégorie de température, mais beaucoup plus cher,  avec les caractéristiques suivantes:
température confort: 7 degrés
1ere limite : sensation de froid sérieuse, en position foetale: 2 degrés
limite extrême: hypothermie très sérieuse, mais on ne meurt pas: - 13 degrés.
Il fait moins de 2 degrés...

Je vais dormir par petits bouts de 1/4 d'heures à peu  près... Pas plus d'une heure et demi en tout.
L'excitation...
Le sol terriblement dur malgré le matelas: l'herbe au camping, c'est plus souple que du bois!
Le bruit: et oui... vous croyiez qu'un lac de montagne c'est calme?
Et bien non!!
Vous connaissiez les oiseaux diurnes, et les rapaces nocturnes, chouettes et hiboux? Et bien il existe des oiseaux qui ne DORMENT JAMAIS.
Ce sont les canards sauvages. Toute la nuit ils canardent... Plus ou moins fort. Et il y a aussi un autre oiseau, de la taille d'une grive, nageant comme un canard, qui fait encore plus de raffut.
En fait, je m'en moque.... Je suis près du lac, la lune bien que cachée le fait briller... J'aurais bien passé la nuit à regarder, mais demain je marche, alors j'essaie de me reposer.
Mais il y a le froid... Comme une conne, je n'ai pas le courage de sortir du sarcophage pour enfiler un pantalon de k-way (prévu pour çà uniquement), et d'autres vêtements. Je verrai demain soir...
Je passe la nuit à attendre le jour.

A 5h30 je trouve le courage d'ouvrir la fermeture éclair. Je n'allume pas le réchaud, je testerai le soir. Je bois une petite bouteille de lait aux ferments dont je ne ferai pas la pub de chez D'âne - one, je mange un peu de muesli au chocolat, et j'essaie de faire mon sac.
Je vous le disais... Faire rentrer le sac de couchage dans son sac de compression, c'est l'enfer!!
Sans mentir, doigts gelés, je m'énerve, et çà me prend bien 45781323 tentatives et 20 minutes.
Dégonfler le Laouengonflant, c'est pareil: c'est censé se regonfler seul ce truc, bonjour le vice!!!
Va falloir faire des progrès rapide (ce sera le cas, une vraie pro).

6h10. J'ai ma frontale allumée, et j'hésite.
Entre filer droit vers le Sud vers le Felberg, comme prévu, et rester ici une semaine. Le lac frissonne et me pousse vers le Sud, je le remercie et lui dit au revoir.

6h30... Le jour se lève. Je marche, et j'ai déjà mal aux pieds...

RIMG0020

Les mêmes hauteurs qu'hier soir (c'est l'Ouest), zoomées, au petit matin

La suite du récit en cliquant sur "ici"

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Commentaires
J
J'ai lu (j'ai "bu" chaque mot ... plutôt)de ce superbe récit imagé de ton départ pour ta rando "infernale" ! J'ai hâte de lire la suite un peu plus haut ... Mais quelle idée d'avoir fait 100 km la semaine d'avant et avec des chaussures neuves !!! A tout à l'heure ! PS : un vrai régal de te lire ... ça coule comme l'eau d'une source !
C
J'adore, j'adore, j'adore... Je vais lire par petits bouts pour faire durer le plaisir !! MERCI !!! Bisous
B
et tu veux que je te dise... j'ai été encore plus c... que toi : pask j'ai fait mon sac tellement vite (j'avais environ 6 minutes pour le faire !) que j'en ai oublié d'emporter mon appareil photo ! Même pas une carte de 256 !!! rien, que dale, j'étais dégoutée !!! du coup, j'ai pas le choix, faut que je reviennes !!!!! ;-) et avec mon appareil photo, pour te faire de la concurrence déloyale :-)) chargé à bloc avec une carte de 1giga et une recharge de 256 au cas où j'aurai pas assez !!
B
oui, on s'est presque presque croisées... J'étais dans le Quimper-Paris qui doit passer vers les 10h15 à Redon !!!<br /> bin, à charge de revanche !!!<br /> la prochaine fois, faudra qu'on se mette à jour avant de faire nos folies du "bout du monde" !!! lol, moi aussi ça a été dans les heures mon départ pour là-bas !!<br /> mais je reviens bientôt, j'ai trop aimé, même si j'ai pas de mots pour en parler... (le lac aux fées entre-autres...)
L
mais j'habite à 12km de la Gacilly!!!<br /> Attends!!<br /> tu étais à quelle heure à la gare de Redon?<br /> Tu as pris quel train? <br /> Pas le Quimper Paris qui passe à Redon à 11h24???<br /> J ETAIS A LA GARE DE REDON A 11H24 POUR PRENDRE MES ENFANTS DANS LE TGV!!<br /> On s'est peut être croisées, fou non?
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