GRP "tour de Brocéliande"
Je viens enfin de regarder plus calmement les photos prises lors de ma balade du samedi.
Hier, j'y suis retournée, plus pour musarder que pour faire des kilomètres.
Je n'ai marché que sur la partie ouest du grand tour de Brocéliande, une boucle de 45km avec mes quelques détours. On peut y ajouter 3 autres boucles courtes, qui portent le tour de Brocéliande à 70km. Faisable en un jour, si les jours sont longs!!
A ceux qui envisageraient de marcher par là bas, je précise que la carte IGN au 1/25000 1019E "Paimpont" est rigoureusement indispensable.
En effet, les balisages sont souvent... absents.
Se croisent: le GR37( blanc/rouge), le GRP (jaune/rouge), et le circuit vtt numéro9 (et 6) (en bleu).
Parfois, les 3 balisages sont peints sur les arbres.
Parfois, on n'en retrouve qu'un seul. Grande question: sachant que les 3 circuits sont parfois (et très souvent) distincts, s'est on trompé, ou non?
Demi tour, réflexion, non, on continue...
Ou, plus souvent, on se trouve nez à nez avec une croix rouge et jaune, signifiant: vous n'êtes plus sur le GRP.
OK! Nous sommes bien en France, pays où l'on vous dit: "n'allez pas par là", ou "vous voyez le chemin à droite après la maison rouge, ben ne le prenez pas", mais on ne vous dit pas où aller...
Dans ce cas: demi tour, et recherche d'un sentier ne portant aucun balisage bien entendu, qui doit donc être celui à suivre...
Tout est quasiment simple, quand il n'y a qu'un seul sentier possible.
Mais quand la croix barre le sentier devant soi, et qu'il en part 2 ou 3 sur les côtés...
Bref, je ne suis pas une randonneuse novice, mais c'est le foutoir!!
Précisons que le joli GR37 s'habille parfois de variantes... Que si on rate certains embranchements entre 2 variantes et que l'on suit les fléchages, on.. tourne en rond!
Essayez: du côté des Forges de Paimpont par exemple.
Signalons aussi que les cartes IGN même très récentes ne signalent pas tous les GR balisés, car il en nait un à chaque mètre quasiment.
La rando est elle difficile?
Le dénivelé n'est pas important, c'est le terrain qui est vraiment abominable, après un hiver qui restera comme un des plus pluvieux depuis l'invention de la marche à pieds plaisir et non necessité.
Je tiens à préciser, que le GRP n'est soit disant ouvert (en partie) qu'à partir du 1er Avril, car il traverse des propriétés privées très privées... J'en reparlerai. ):
Ce n'est pas pour nous éviter de nous salir les petons, mais simplement que des bandes de chasseurs sachant chasser (enfin je l'espère) y battutent (du verbe battuter, faire une battue, néologisme laouenesque) jusqu'au 31 mars.
Voici un des 1547895623 panneaux qui indiquent que la forêt privée est .. privée:
A été oublié sur le panneau: ne pas ramasser des champignons, etc..
Mais ceci est indiqué sur des panneaux énormes un peu partout le long des routes.
Je vous rassure: aucune verbalisation n'est prévue, si vous pétez, rigolez un peu fort, faites pipi derrière un arbre, ou prenez des photos (espérons le du moins).
L'arrivée sur Paimpont, venant du Nord, se fait par l'étang. Mais avant l'étang, il faut se taper 3 très très longs kilomètres sur la route, en longeant la forêt, garnie de panneaux d'interdiction.
Bref, le GRP est immensément frustrant!
Ni les panneaux, ni les kilomètres de fil de fer barbelé ne sont en voie de disparition. Ni même les clôtures électriques!!!
Si vous oubliez ne serait ce que quelques minutes que vous êtes en "forêt privée de Paimpont"... c'est que vous êtes..
1) blonde avec une frange descendant trop bas sur les yeux.
2) blonde avec une poitrine si forte qu'elle vous cache la vue.
3) les deux en même temps.
Cette route n'en finit pas. Et sur le côté, la forêt vous attire. Je ne vais pas polémiquer pendant 200 pages sur le droit à la propriété privée, que je respecte. Mais... 7000hectares tout de même... On en fait le tour, on la frole, on y entre rarement. Et la beauté, c'est à l'intérieur qu'on la trouve. Ce n'est pas en pointant, comme sur l'actualisation mensuelle de l' assedic sur internet: fontaine de Barenton: OK. Tombeau de Merlin: OK...
Les touristeries, c'est sympa. L'appel de la forêt, c'est plus profond.
Je vous montrerai la lumière, je vous monterai ce que j'ai aimé.
Pour le moment, j'évacue le côté négatif.
Et dans le côté négatif, il y a.. l'état des sentiers, dont personne n'est responsable bien sûr.
Randonner en terrain boueux, ok, mais s'extirper de la boue à chaque pas, çà use.
Souvent, le GRP ressemble à ceci:
Non, ce n'est pas un ruisseau, c'est le sentier! Il est toujours possible de faire des détours, qui rallongent, rallongent... Alors on finit par marcher dans l'eau, car vous aurez beau faire tous les détours que vous voudrez, vous n'y couperez pas!!
Plouf! Un endroit qui semble assez sec, vous posez le pied dessus, et il s'enfonce dans la boue jusqu'à la cheville.
La mode est à la rando avec des chaussures légères, de type chaussures de course à pied en nature (trail, pour les pratiquants).
Sur ce genre de terrain, c'est le pied trempé garanti dès le premier mètre.
Avec des tiges hautes, on se préserve plus longtemps. Que ceux qui ont des chaussures Goretex sourient: l'eau ou la boue passe souvent par dessus la cheville, même en tige haute, votre Goretex ne vous protègera pas longtemps!!
Et puis hein? vous avez voulu randonner en Bretagne en hiver? Alors assumez!! :-))
Exemple typique de sentier, où l'on doit choisir entre: eau qui recouvre la boue molle, boue molle sur les côtés, ou.. les deux.
Croyez moi: choisissez l'eau!!! Elle a souvent réussi à décaper un peu de boue, et la marche devient moins harassante.
Le GRP ressemble souvent à ceci:
Ceci n'est pas le pire, oh non..
Empreinte de Laouenus sp, 52kg plus sac à dos, à gauche. Empreinte de Bestiolus desboizus, à droite. (Il s'embourbe aussi le pôoovre, et là il a glissé, on voit mal le sabot).
Mais, le GRP, c'est aussi, çà.
Et çà, çà se passe presque de commentaires, mais il faut que je vous explique car la photo ne rend pas l'idée de profondeur:
Là, le pied pourtant en tige haute, est au fond de la boue. Le sortir demande un effort important. Et ensuite, il faut recommencer, avec l'autre pied, et encore, encore...
Le sentier, grimpe fort, et il ressemble à ceci:
Il faisait très sombre, la photo est floue:
Le sentier, dans cet état, doit faire un kilomètre de long, et il grimpe. Les ornières ont été faites par un engin forestier énorme. Elles mesurent plus de 60cm de profondeur. Inutile d'y penser. Au milieu, la boue liquide a giclé, s'est accumulée, et a commencé à s'épaissir. Il est totalement impossible d'y marcher, il serait impossible de ressortir la jambe de là. Sur les côtés, même phénomène, les ronces en plus, mais moins d'épaisseur.
C'est là que je suis passée.
"Marcher" là dessus (là dessous devrais je dire!), quand le soir tombe, que l'on a 42km dans les pattes, et qu'il en reste encore 3, demande de la force physique. Mais je n'ai pas besoin de préciser que c'est avant tout avec le moral que l'on marche dans ces conditions là.
Et quand je dis moral, cela ne veut pas dire: "je vais me la bouffer cette côte de merde, j'en sortirai de cet enfer de boue".
Non, elle est plus forte que toi la boue, elle en a vu des plus costaud, elle les a mis à genoux...
On "marche" là dedans, en étant totalement détaché des choses. Ceux qui paniquent en découvrant qu'il ne reste plus que 15cl de lait dans la bouteille alors qu'il leur en faut 18 pour le petit dej, passez votre chemin!
Là dessus, il faut se faire imperméable, que la difficulté passe sur soi, qu'elle vous colore les pieds de ce rose dégueu, mais qu'elle glisse...
Bref, ne pas penser, être loin au dessus de çà. Un pied, l'autre, un pied, l'autre.. Les bâtons pour garder l'équilibre si on trouve un point d'appui pour ne pas trop les enfoncer. Le corps est lourd, le sac est lourd, les pieds pèsent 3 tonnes, mais l'esprit léger, on avance.
Plus loin... L'Aff. La rivière passée, dans l'eau jusqu'à mi cuisses...
Le sentier tortueux qui rejoint la voiture...
En courant presque....
Le bonheur n'est pas au bout du chemin.
Il n'est même pas dessus.
Il est le chemin... Et nous, dessus.