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face au vent-avel a benn
6 novembre 2006

Fleur de lune...

Hier soir, 21h15, j'ai enfilé un caleçon sous mon pantalon, mes chaussures de rando, un bonnet, des gants, et pris mes batons de marche.
Et je suis partie...
Sous la lune.

Le sentier grimpait, noir presque lumineux.
Forêt dense, qui ne laissait passer que quelques rayons de lune. Taches claires, parsemées sur les ornières.
Il fait froid. Je marche vers l'étang.

Les chaussures s'enfoncent dans la boue, je ne vois pas du tout où je mets les pieds. Je marche, vers la lumière.

L'étang se devine, avant l'instant même. Où je le verrai.
Brume légère, flottant en surface. Ciel peu étoilé. La lune a dévoré les lumières lointaines.
A mon arrivée, les canards protestent. Un fracas emplit le lac.
Ils sont sauvages ces canards là...
Dans l'arbre à gauche, un merle se réveille et m'insulte copieusement.

Sur les bords de l'étang, des petits nénuphars. La lune révèle les feuilles.
Odeur de lande, de bruyère mouillée, de vase, de pins, et de nuit à rêver.

Je m'enlise souvent, et les crapauds se moquent.

Les bouleaux blancs sont gris, de ce gris innommable, gris de lune,  gris bleuté,  doux et métallique à la fois.

Je contourne l'étang, et il ne fait plus froid. Le sentier descend, vers l'autre étang caché. Il se devine au bruit, au murmure de l'eau.
Les canards qui étaient venus s'y protéger s'envolent sans un ricanement... L'étang est bien caché sous les arbres immenses, le couvert végétal amplifie le bruit.
Sur ma gauche, une silhouette fuit.
Renard, martre, blaireau... Peu importe. L'intrus c'est moi.

Il fait noir ici, la lune ne projette que quelques taches diffuses. Et je souris.
Je pense à tous ceux que le noir terrifie, ou simplement perturbe. Ceux qui se retournent, pour guetter l'improbable monstre, dès qu'ils ont 10m à faire dans le noir.
Ceux que l'inconnu glace, ceux qui vivent à coup de "pourquoi", de "mais c'est quoi", d'interrogations qui stoppent leur vie sans qu'ils s'en rendent compte.

Il fait noir, et je suis bien.
Je fais le tour de l'étang caché, et débouche, à ma grande surprise, sur une petite route bitumée.
Je la connais bien. Je l'ai empruntée des dizaines de fois.
J'ai longé cet étang, sans le savoir.
Ce soir, je le devine, je le sais. Car je l'entends. L'eau chante en silence, quelques ploufs... oiseau, poisson, grenouille, lutin des bois...

Remontée par la droite. Un sentier que je connais pas, qui débouche sur une clairière résultant d'un abattage de pins. Les troncs écorcés brillent sous la lune. Je pourrais m'assoir, et lire, tant la lumière est exceptionnelle.
Quelle perte... de vie.

Descente vers l'étang, le  premier, sous la lune.
Mes pieds s'emmelent parfois dans des lianes invisibles.

Je vais rester un moment, à contempler ce rien, ce tout, ce rêve, cette réalité accessible, quand on le désire.
Je le quitte sur un sourire... M'enfonce dans la forêt, vers la route, vers chez moi.
Il fait chaud, je transpire.

Tisane chaude au retour. Au lit, les yeux pleins du contour de l'étang, si réel, si présent.

Demain matin, il accueillera le soleil dans son manteau de brume. Les canards y flotteront, invisibles.
La lumière sera. Non pas irréelle, mais bien réelle.
Car la brume est lumière.

Je ne le verrai pas, ma vie m'appelle ailleurs.
Qu'importe?
Il sera là.
Je le sais.
Je le vois, sans même y être.
Il sera là, au fond de moi.

Et sur un sourire, je penserai à "l'autre".
Mon lac, sa forêt noire... Tout là bas, si loin, si près de moi par les liens de l'amour.
Celui d'un être humain, et d'un coin de montagne.

C'est le matin, je laisse la lumière courir... Je n'ai pas besoin de la voir.
Elle est en moi...

Ne m'excusez pas de gacher votre lecture avec des mots durs.
C'est totalement voulu.
Mais...
Depuis quelques jours, nous parlons beaucoup d'étangs sur nos blogs.
Tout près de chez moi, à moins de 30km, il y a un étang.
Il doit être magnifique, la nuit, sous la lune.
Le matin sous la brume.
Pourtant, il y a quelques jours, une mère y a jeté son enfant.
Il s'appelait David, il avait 14mois...

...

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Commentaires
B
C'est une belle fleur de lune. On s'y croit. J'aime aussi beaucoup me ballader la nuit. Surtout que tout ces derniers soirs ici, la lune éclairait.... Il n'y avait pas un nuage. Les chats étaient fous et les chouettes aussi.
M
ta nuit,ton etang,tes mots...<br /> des images surgissent encore plus nettes que des photos en plein jour...<br /> je reviens d'une ballade sur les bords de l'Oustnce matin....<br /> je n'ai pas ton talent pour raconter ce que j'ai vu,alors je me contenterai de montrer mes photos!!!
M
rien n'est excusable..<br /> on ne peut que chercher à comprendre...<br /> derrière ce geste "impardonnable" doit se cacher une "profonde misère"<br /> l'eau...<br /> où on est avant de naitre<br /> où elle renvoie son enfant...<br /> .....
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