Mais...
Je crois bien que la période "les mots me manquent" risque de durer.
Cette phrase est idiote: les mots, j'en ai des kilomètres, prêts à défiler, mais...
Les mots ne me manquent pas non plus, du verbe manquer "ressentir un manque".
Pas les mots, suffit de changer le "les".
Non, les mots ne me manquent pas, c'est la vie qui me manque.
Et par vie, je veux dire Vie, car la vie hein...
Ce n'est pas ce qui est collé sur mon blog.
Plus
envie de décoller dans d'hypothétiques trips poétiques. Oui, mes "trucs
poétiques" (je l'ai entendu celle là...) ils me mènent ou hein?
Sur les blogs se baladent les mots, et j'y vis, en points de suspension, surfant sur les jolies phrases.
Une vie sur blog...
Sur
les blogs il y a des lumières au bout des tunnels, des aubes en
devenir, des lueurs dans la nuit, des portes ouvertes, de celles qu'il
faudrait refermer, du soleil après la pluie, des fins qui ne sont que
des débuts, des silences plus beaux que des mots, des mots qui vibrent
en silence, des "ce qui ne tue pas rend plus fort", des contes, des
paraboles, des images, des métaphores, des rêves, des rêves, des
rêves...
Des souffrances distillées, des "y a toujours un ailleurs",
"y a toujours un espoir", des chemins sans fins, des débuts sans
chemins, des voies qui s'ouvrent, des sommets à gravir, des océans à
border de plages, des fils, des "au delà de", des ...
Bien sûr, il y a tout çà.
Et le soulagement que celà apporte, les vérités qui sont derrière, ce que l'on devrait faire, ce qu'il est parfois si facile d'écrire.
Vider le disque dur, formater, ouvrir le tiroir du lecteur CD, inserer le CD du système d'exploitation, cliquer sur "installer".
Et il y a la vie, la vraie.
Celle qui t'agresse dès que tu as cliqué sur "fermer la session".
La
vraie, loin des jolies phrases qui coulent comme du baume pour le
coeur, loin des violences contenues, des mots douceurs, des mots espoir.
La vie, loin des "il faudrait", même pas en phase avec les "il faut".
La
vie, et ses "prends çà, digère, avance, avance... Si tu tombes on s'en
fout, nous on avance. La vie s'en moque, de ce qu'il faudrait, de ce
qu'il faut.
La vie, comme jolies phrases, te sert des "votre CV
est interessant mais", des "oui mais", des "ah si+conditionnel", des
"tu vaux mieux que çà mais", des "tu es quelqu'un de bien mais", des "à
une autre époque, dans une autre circonstance, mais", des enfilades de
mais, mais, mais..
Mais, qui rime avec tous les verbes au conditionnel, les il faudrait, les pourrais, les voudrais...
Mais qui rime avec les "je t'aimais", les "je te hais"...
Mais qui rime avec jamais.
La
vie ce sont des regards langoureux suivis de trahisons, des baffes dans
la gueule "mais je c'est parce que je t'aime", des règlements de
comptes, des comptes pour lesquels on se demande si on va pouvoir
trouver un règlement.
Et quelques instants de pur bonheur, oui, il y en a.
Sur les blogs, on parle de ressentir, d'émotion, de compréhension.
Et d'apprendre. Apprendre à avancer, à accepter, à souffrir, à comprendre, à aimer, à désaimer.
Et dans la vie hein?
On apprend, à chaque volée encaissée. Et quand on a appris, on en fait quoi?
Il sert à quoi ce joli savoir tout neuf? A gérer ce qui viendra après?
Mais on s'en fout de ce qui viendra après!, de savoir ce qui viendra, où, quand comment!
Quand on a appris c'est trop tard! C'est avant qu'il fallait savoir, avant, toujours avant.
Car "après", ce ne sera jamais pareil, et on s'en reprendra des baffes en pleine figure, tout fiers de notre savoir hyper utile.
Pas
de jolies chansons, plutôt le claquement des portes qui se referment
sur tes doigts, le courant d'air du vide sous tes pieds.
Et le silence hein? Il est beau le silence...
Le silence et toi, quand ta voix s'est cassée, comme du bois trop sec.
Le silence en toi, quand tes mots te semblent trop transparents.
Et
le silence autour, en seule réponse à tes questions, à tes cris, tes
hurlements, tes "regarde moi quand je te cause", à ces mètres de tripes
que tu déroules, coeur et corps perdus.
La vie ce sont des
batailles pour quelques "je ne sais quoi" de plus que ton voisin, du
crépi qui tient la façade, la parade, le "pas grand chose" derrière,
parce qu'il faut, il faut, il faut...
Et pendant ce temps, ta place, TA place, elle est où?
Là où tu te la fais, on répond sur les blogs.
OK? là où tu te la fais.
Où on te la défait.
Ta place, bâtie sur des ruines, du vent, du sable, encore moins que çà.
Ta place que tu rêves, à laquelle parfois tu donnes un nom, un lieu, une forme.
Celle que rarement tu atteints, parce qu'il y a toujours un mais.
Violence. Tu griffes, tu rues, tu frappes à tort et à travers.
Mais
la vie, elle, elle dirige ses coups, connaît tes points faibles, lit en
toi comme dans un roman photo dont tu n'es même pas le héros!
La vie... Dominants, dominés, seigneurs, esclaves, manipulateurs, marionnettes, l'un, l'autre, l'un et l'autre..
Tu crois être maître de ta vie, tu n'es qu'un cerf volant.
Tu
fais de belles arabesques, des piqués, des accélérations, des virages
savants, des sur places planants, et sans prévenir, tu plonges, tu
exploses tes armatures de carbone fragile.
A qui la faute?
A celui qui tient les fils ou au vent lui même?
Ou à toi, qui croyait être libre?
Alors tu avances, avances encore.
Tu avances
Parce qu'il le faut.
Parce que
Parce que... je dis merde aux "il faut", aux "parce que"
Alors tu avances...
Habituellement, j'aurais demandé pardon à tous ceux qui auraient pu être blessés par ces paroles un peu dures.
Je ne le ferai pas.
La vie, elle, ne dit jamais pardon, jamais merci.
Jamais je t'aime
Salope... Je t'aime quand même