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face au vent-avel a benn
30 janvier 2006

sea, sun, and...vélo

         Si vous n'aimez pas le vélo, fuyez...

         Arghhhh. graâhaâ. geûh?. Râle d'abrutissement leger.
6h40. Habillée d'un tee-shirt à manches courtes, d'un autre à manches longues, d'un sweat polaire, d'un caleçon, d'un pantalon de survet et de 2 paires de chaussettes, j'écris dans mon lit. J'ai oté mes gants, c'était génant.
Je me couche, pour me lever à 7h20. Dormir est inutile. Il me semble déjà m'être mise au lit cette nuit. Je réfléchis....
Ah oui! Il était 3h. Le reveil sonnait à 5h30. Pendant trente minutes j'ai tenté de rassembler mes esprits (j'en ai plusieurs), avant de sombrer dans un semi-coma pendant lequel j'ai... refait la course. Mais pas la mienne, celle de mes collègues!
J'ai couru moi? Ah bon?

         J'étais tellement à coté de mon vélo que j'ai préféré cocher la case "delete" au moment de l'enregistrer sur ma mémoire vive, cette course.
Les souvenirs reviendront à froid, et là je me dirai: "quelle conne, mais quelle conne, mais quelle conne... (en résumé: MQC)
Nan, en fait j'étais à ma place, mais mal, mal, mal. J'aurais pu faire beaucoup mieux, aller chercher la deuxième.

        On est censé commencer par quoi? Le début? M'enfin, il me semble déjà avoir écris la fin, çà ne va pas. Mode "stop" activé, push on le bouton "rewind" sur le magnéto et çà défile...

          Rappelez moi de ne  jamais partir la veille d'un championnat.
J'ai tenté de dormir pendant 7h, mais le bruit à l'intérieur du fourgon devait approcher celui d'un Nord Atlas au décollage (les vibrations aussi).
A l'arrivée, plus crevée que si j'avais conduit.
La mer est là, même pas démontée.  C'est seulement Calais qui semble ne plus exister, comme l'indiquent les panneaux. Lourd, très lourd, mais bon, certains cyclistent aiment les vannes de 1906 rechauffées.
Donc, the sun is shining, the weather is fine, the thermomètre is bloqué sur moins quelque chose. Et le vent!
Hotel de luxe, vue sur la mer. Nan: auberge de jeunesse, à 50m de la mer.

         Opération "répétition générale", panique à bord, les femmes et les enfants en vélo, les hommes à pied. Rester zen, rester zen...
Je constate ce que je savais déjà:
1) pas pour moi ce parcours
2) fait froid
3) demain à 9h ce sera encore pire: YOUPI!!!
Serieux: c'est le genre de truc qui m'amuse. On n'y peut rien, alors pourquoi gémir?

         Repas spécial "veille de championnat": frites et boeuf en sauce. De quoi arranger mes problèmes de gastroentérite (romantique non?)
L'équipe d'à coté se gave de pates, ils avaient réservé le repas "pour sportifs" EUX.
Nuit potable: un tour de bocal, un cachet, un tour de bocal, nan, stop les cachets.
Reveil au radar à 4h30, dur à se rendormir, lever 6h, pas manger, sauf une saleté spécial "avant course-beurk".
User la moquette, ronger son frein (aïe, j'en ai besoin tout à l'heure), départ dans la nuit.
Il fait -1 à l'abri, vent modéré à plus modéré du tout. Ce qui donne un bon -10 avec la vitesse (et encore, je suis modeste)

          J'enfile un maillot long sur la combi pour ne pas mourir congelée, mais je montre fièrement mes jambes. En fait, je n'ai pas eu froid du tout
Départ cata: je suis championne de l'Univers des départs raté, je souque, je remonte, les 2 en tête sont loin déjà, inabordables logiquement.
Reste à assurer. Course seule, sans interet, sans sensations, à coté de mes pompes (j'en avais pas de toute façon).
Même pas contente de moi.
Qui a dit "jamais contente?"
Si contente quand même: 39 ans, et je pédale, malgré. J'arrête la phrase ici, ras le bol des pleurnicheries.
Mais la semaine dernière j'étais très bien, et il y a 3 semaines encore mieux. Alors...

       Stop la course, enfiler des habits chaudes, et vibrer pour les autres.

     Nos Bretons s'en sortent bien. Un tir groupé de l'équipe en +de50ans, champions par équipe, un titre en +de60, et une 2eme place en vétérans derrière l'intouchable extra-terrestre du cyclocrotte de la Fédé.
Je suis heureuse pour eux. Beau spectacle, même si le vent tempère les ardeurs des supportesr/trices.

     Pendant quelques heures, je savoure, pense à autre chose. Surtout pendant la course de nos gars. Notre champion ne panique pas, arrive à 30secondes du 1er, intouchable.
Un garçon auquel on ne peut même pas en vouloir d'être autant supérieur, tant il est humble et gentil.
Et je risque peut être un jour d'être dans son club, moi la Bretonne.
Une plaisanterie de mon ancien chef (et second papa) qui s'en est retourné dans l'Essonne.
On marche au feeling, et si tout allait mal, on s'en irait là bas aussi (du moins dans le club, pas là bas!). Avec son regard malicieux il rigole: je ferais une belle championne de l'Essonne, du comité Essonne/Seine et Marne, et d'Ile de France dans la foulée.

         Nous les regardons passer tous les eux, le champion et notre chouchou breton, en disant: "Qu'est ce qu'ils sont beaux sur un vélo"...
En jargon cycliste, "etre beau sur un vélo" ne signifie pas être mister France cyclocrotte.
C'est la résultante de pas mal de choses:
1) Etre efficace
2) Donner une impression de force pure, mais coulée, propre, souple...
3) Avoir une certaine "grace"
Certains ont une des ces qualités, d'autres 2, mais plus rares (même chez les pros) sont vraiment "beaux sur un vélo".
Ils semblent posés dessus parfaitement, même quelqu'un qui n'y connait rien s'en rend compte.
On peut gagner et etre efficace sans être "beau"
Mais on peut aussi être "beau" et ne pas gagner...
Certains grands vilains qui semblent arracher la route au lieu de la caresser sont devant parfois.
En fait, c'est une histoire de classe. La vraie, pas celle que l'on acquiert à coup de milliers d'euros, celle que certains Chefs d'Etats n'auront jamais (nan, je n'ai rien dit!).
Celle que certains possèdent, même en survet troués.
Et ces 2 champions là, ils sont beaux à regarder. Un gabarit parfait pour le cross, des poids plumes tout en muscles des jambes aux bras, qui doivent peser 130kgmaxi(et encore j'ose pas demander mais çà doit être moins)...à eux 2 et mesurer moins de 1m70. De quoi voler sur les sentiers.

      Bon, stop le blabla purement cycliste.
Podium, gla gla etc...
Une épouse de coureur parisien s'approche de moi: j'ai des photos de F (il y a 2ans). Nous avions passé un grand moment de rigolade, sur le parking du parc des coureurs, un soir de Janvier 2004. Je controlais les niveaux d'eau et d'huile de ma super5, car le lendemain j'avais 900km à faire seule sous la neige. Mon voisin de parking que je ne connaissais absolument pas,m'avait demandé: "je vous ouvre mon capot et vous me faites ma révision?"
Pour fêter mon podium et celui d'un de leur gars, ils avaient débouché une bouteille de mousseux (beurk mais bon... c'était la fête) et ouvert...une tablette de chocolat, dévorée vite fait. Ambiance vélo, qui fait sourire, mais qui réchauffe le coeur.

Elle me tend 2 photos: Tout sourire, 2 ans de moins, la forme, la hargne, l'envie.
Un podium, la même place. Mais tout est différent.
Et je remonte une paroi de plus dans mon bocal...

         J'étais 3eme aussi, mais j'y avais gagné un surnom.
Cherchez pas à comprendre, mes perfs en cross ne sont qu'une infime partie du problème.
Dans mon bocal, je tourne, tourne, bien mieux que sur le circuit ce matin.
Vite, lentement, fort, à m'en ecorcher les écailles.
Même pas "belle dans mon bocal".
Sur les bords du bocal, des supporters gesticulent, et en place des habituels "va y pédale" on me dit: "Arrête"!
Et j'embraye.  Mets du braquet!, tombe un dent!, tire plus long!, relance!, tourne, tourne...
Je tourne à l'envers, sans jamais réussir à me rattrapper moi même.
Et je ne suis pas sur un circuit: la cloche qui tinte pour annoncer le dernier tour, je j'ai démontée.

     Retour encore plus bruyant, discussion limite dispute entre un jeune idéaliste anti-société et quelques anciens aux idées un peu dures. Je voudrais dormir, dormir...

     Une heure du mat: arrêt en centre Bretagne, neige glacée. Descendre les vélos, les roues, les sacs, faire le tri, ki-est-à-ki, rangement on ice, salut, @+, etc...
Je remonte dans le fourgon
2 heures du mat: 2eme arrêt, à ma voiture cette fois. Sortir le vélo, les roues, les sacs, charger, et... POUSSER
Car vous ne savez pas: mon démarreur a explosé Vendredi soir!
Rester zen, rester zen... Les cata d'avant championnat, logique!
J'angoisse: samedi il a fallu insister, et c'est moi qui poussait, donc ce n'est pas une histoire de savoir faire.
Mon nouveau président pousse, une fois, deux fois... rien. Je suis en bas de la pente.
Glagla, mais l'esprit qui chauffe.
Il prend le fourgon, vient se placer face à moi, et me pousse dans la cote. Le moteur crie, je remonte, dans une odeur de gas oil qui pue et d'embrayage qui brule.
Repousser une fois: rien. Une fois encore avant la fin de la pente: je démarre en 3eme, in extremis....

      Un week end de championnat d'une cyclocrotteuse de misère, une ex-quelque chose, une rien du tout.
Allumer la radio, rouler, il reste 45minutes.
Gainsbourg chante "je suis venu te dire que je m'en vais", je zappe.
Raphaël chante: " Et dans 150ans on en parlera même plus, de ceux qu'on a aimé, de ceux qu'on a perdu"...
Aïe; j'ai du rater la courbe du bocal, je mets une dent de plus pour repartir, mouline, tourne, tourne, tourne...

        Et pendant ce temps, la route défile, linéaire...
        Oh la belle pile de pont...
        Nan. L'an prochain, il y aura un autre championnat.
        Se donner un but..
        Dormir?
        Même pas. Na!

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Z
Ceci me fait penser que Pierre Foglia a écrit un livre (probablement excellent) sur "ses" tours de France. C'est parfois un merveilleux éditorialiste et il n'est jamais aussi bon que quand il parle de vélo.
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