matin...

             6h30.
             Retour de la gare de Quimper. Nuit trop courte, en pointillés, toujours peur de rater le reveil. Anti-somnifère puissant dans le lecteur CD.
Musique à danser, musique sucrée de Jamiroquai. Boum, boum, boum.
A la limite du supportable.
Les décibels du Californien n'arrivent pas à casser le mur de silence.

           Un mot, une phrase, un rien, je plonge.
La nuit, le jour, qu'importe. Un mot,  une phrase, une vision. La vague explose à l'intérieur, rendant la vie insoutenable.
Je ne suis plus qu'un énorme réservoir de douleur, diffusion continue.
En même temps, une réserve infinie de minuscules ampoules de douleur concentrée.
Un mot, une phrase, une vision, une d'elle se casse, diffuse le mal en intensité.
Why can't we be together?
Could you love me, don't hate me...

          6h35.
          Des gouttes de ciel s'étalent sur le pare brise. La vitesse fait glisser la pluie, vers le haut.
Je voudrais être une des ces gouttes.
I don't see... why can't we live together?
May be we can get it on, may be we can get it along...
La lune est pleine de nuit.
Chez moi je n'écoute plus de musique. Je ne chante plus. Mon PC a ses hauts parleurs fermés. Le silence m'a pris dans des bras, ne me lache pas. Le monde a beau s'agiter, hurler autour, je ne l'entends plus.
Parfois, je voudrais me crever les tympans, y être réellement, dans ce monde de silence.
Le mien crie si fort qu'il me rend sourde.
Should be our destiny...

             6h40.
             Accelerateur. Mes enfants sont seuls à la maison, dans leurs rêves d'enfants.
Ma voiture est couleur de nuit. Je ne peux même plus dire: "j'ai la nuit en moi". La nuit, c'est déjà quelque chose. Un tapis d'étoiles, un nuage qui passe devant la lune, le cri de la chouette, une branche qui craque...
There's a cold streak living inside us
There's no rainbows...just bullets and bombs

           Bientôt un an que j'écris. Chaque jour me ramène un an en arrière.
Je pense, je fais une phrase. Je vois, j'imagine la photo que je pourrais prendre. Je  ne vis qu'à travers mots, à travers des images. Je ne vis qu'à travers moi.
Ecrire, sans raison. Mots, images, pour occulter le vide.
Ecrire le vide, sur le vide.
If you want to rise up
We can make this hate stop
Now don't you want to rise up...

          6h45.
          Poser les mots sur le papier.
          Signer d'une larme.
          Silence.

Comments

[Crooke]

En tout cas moi j'entends ta voix et tes mots qui passent à travers le silence. C'est magnifique.

(tu vois que tu l'as pas perdue l'inspiration ;D)