Un peu trop mangé de ravioli... Je n'ai plus
Un peu trop mangé de ravioli...
Je n'ai plus l'habitude de manger énormément, ni de prendre plaisir à manger d'ailleurs.
Un repas tibétain loin de ce que doivent être les repas tibétains...
Abondance.
Là bas, manger des pommes de terre est déjà un festin.
3 ans au Tibet, en retraite.
Méditer, et apprendre. Apprendre pour comprendre, le cheminement de la pensée.
Et tant de choses qui ne se traduisent pas en mots.
C'est,
parait il, très difficile. Sauf la 3eme année, qui passe très très
vite, tant il est merveilleux de toucher "enfin"... une idée de la
vérité.
Celà demande une force morale exceptionnelle.
On ne va pas au Tibet pour guérir, pour trouver la force.
Voilà pourquoi j'irai à pieds.
La marche me rendra forte, m'ôtera toute notion de besoins matériels, toute confusion mentale.
Je souris à l'évocation de ceux qui ont craqué trop vite.
Les privations sont si fortes pour un Occidental, même soit disant prêt.
Nourriture, vie moderne...sexe.
Un esprit bien rangé est nécessaire, ainsi qu'un corps en ...béton.
Allez vous jeter par terre je ne sais combien de fois par minute, vous relever, vous jeter, vous relever...
Zut... Pas de blogs? Pas d'ordi? Pas même de GSM?
P'tain, c'est trop dur, je prends le 1er avion...
Nan. Je partirai un jour... Vers l'Est.
Et
pour copier quelqu'un qui va sourire en lisant: je m'arrêterai peut
être dans le bois derrière chez moi...Mais je serai partie.
Non, je
ne m'arrêterai pas dans le bois derrière chez moi, j'irai droit devant,
jusqu'où je ne sais pas. Au Tibet ou ailleurs, mais le plus loin
possible, jusqu'à ce que je trouve "l'endroit".
Mes voisins
ont d'abord souris quand j'évoquais ma "retraite allemande". Une semaine sans
nourriture, à marcher, méditer, marcher, méditer, méditer en marchant,
marcher en méditant... Déjà un pas vers l'Orient. Un pas vers
l'intérieur, en même temps qu'une ouverture sur l'espace infini.
Elle était intriguée, me posait la même question: mais pourquoi là, mais comment tu avais découvert ce lieu... Et elle a tout compris. Pourquoi j'y retournais tous les jours, pourquoi je ne prenais jamais le même chemin pour y aller, pourquoi je ne mangeais pas, pourquoi je ne parlais pas, pourquoi chaque jour qui passait me faisait marcher plus vite.
Le corps et l'esprit allégés, le bonheur est au bout.
Nous avons parlé de la notion du temps, si différente en Orient.
Le temps n'existe plus ai je répondu, j'ai jeté ma montre.
La vie la vraie, celle qui nous avale, sait bien que le temps existe.
Etre le premier, le meilleur, le premier, le meilleur...
Au fond de moi il n'y a que çà: " être".
Le temps n'existe plus, les distances non plus.
La vie va si vite, le monde bouge, je ne suis pas le mouvement, "décalée socialement", mais il y a toujours cette voix intérieure qui me dit:
" j'ai le temps"...
De quoi?
Je sais de quoi je parle. Le temps n'existe plus, alors il reste "j 'ai"...
En fait je n'ai plus rien.
Mais il me reste une idée forte, une certitude, un but.
Alors je marche, à travers le temps et l'espace. A travers rien finalement!
J'ai du forcer sur la tisane tibétaine?
Nan, pas encore gouté. J'en ai quelques unes... A base de rhododendron, et d'autres plantes étranges, qui n'ont rien à faire dans un thé.
Mais bon, Rhodos et Camélias font bon ménage en Bretagne, alors pourquoi pas dans une boisson?
C'était la minute "cultivationnez vous", offerte par La(ma)ouenanig:
Le thé, ce n'est que de la feuille de... Camélia ( de Chine, et pas du Japon comme 99% de ceux des jardins bretons)
Avant de quitter nos voisins, notre hôte se lève, va chercher un petit pot de verre, l'ouvre, et en sors 2 granules bleu-noir qui ressemblent à des crottes de souris biscornues.
Il nous explique: médecine amchi, de longs mois de préparation... Préparation manuelle, mais aussi psychologique bien sur. çà soigne quoi? Tout bien sûr... Et surtout l'esprit.
Je les mets sous ma langue. C'est très amer, un gout très prononcé, comme un mélange de safran et ...d'encre de Chine.
Je me sens mieux? Oui, et...Non... Ce dont je souffre ne se soigne pas.
Mais il fait beau, les ravioli étaient "divins", et quelque part vers l'Est, la montagne m'attend.
Non, elle n'attend pas.
Attendre implique la notion du temps.
Et le temps n'existe pas.
Alors... Elle...
Et moi...
Un jour