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face au vent-avel a benn
8 décembre 2005

esquisse de vie

           Au risque de copier Ab6, le passage qui m'a bouleversée dans ce livre, "l'insoutenable légèreté de l'être", c'est celui qu'elle a tapé pour sa 100eme note.
Et j'ai envie de le voir écrit ici, pour le lire, et le relire encore.


           Je vais tenter de résumer:
Tomas est libre, et se partage entre de nombreuses femmes. Il rencontre Tereza par hasard.
Elle vient le voir à Prague, ils font l'amour, elle tombe malade chez lui, elle y passe une semaine.
Tomas tombe amoureux, il lui semble que cette fille est un peu comme Moïse sauvé des eaux, arrivée chez lui pour qu'il la recueille.
Veut il qu'elle reste, qu'elle s'installe chez lui?
Elle est malade, il se couche à ses cotés:

          Il pressa son visage contre le sien, et lui chuchota des mots rassurants dans son sommeil. Au bout d'un instant, il lui sembla qu'elle respirait plus calmement et que son visage se soulevait machinalement vers le sien. Il sentait à ses lèvres l'odeur un peu âcre de la fièvre et il l'aspirait comme s'il avait voulu s'impregner de l'intimité de son corps. Alors il s'imagina qu'elle était chez lui depuis de longues années et qu'elle était mourante. Soudain, il lui parut évident qu'il ne survivrait pas à sa mort. Il s'allongerait à côté d'elle pour mourir avec elle.
Mû par cette vision, il enfouit son visage contre le sien dans l'oreiller, et resta longuement ainsi.

          A présent, il est debout à la fenêtre, et il invoque cet instant. Qu'était-ce sinon l'amour qui était ainsi venu se faire connaître?
Mais était ce l'amour? Il s'était persuadé qu'il voulait mourir à côté d'elle, et ce sentiment était manifestement excessif: il la voyait alors pour la deuxième fois de sa vie!

          N'était ce pas plutôt la réaction hystérique d'un homme qui, comprenant en son for intérieur son inaptitude à l'amour, commençait à se jouer à lui même la comédie de l'amour?

çà , c'est énorme comme phrase, vraiment énorme....
....
           Et dans cette situation où un homme vrai aurait pu immédiatement agir, il se reprochait d'hésiter et de priver ainsi le plus bel instant de sa vie (il est à genoux au chevet de la jeune femme persuadé de ne pouvoir survivre à sa mort) de toute signification.
         Il s'accablait de reproches, mais finit par se dire que c'était au fond bien normal qu'il ne sut pas ce qu'il voulait:
L'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures.

             Vaut il mieux rester avec Tereza ou rester seul?
         

             Attention, le passage qui arrive est bouleversant quand on le lit, le relit le rerelit etc...

             Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie , si la première répétition de la vie est déjà la vie même?
C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse.
Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.
       Tomas se répète le proverbe allemand : einmal ist keinmal, une fois ne compte pas, une fois c'est jamais.
Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout.

                L'esquisse de notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau...
             Cette phrase me frappe si fort que j'en reste les bras ballants devant le clavier.
             La vérité fait si mal parfois...

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Commentaires
A
ouais elle est dure l'ab6 des fois, hein.<br /> Ca m'a fait l'même effet.
E
Gant kalon, c'est superbe, merci pour cette expression Arno.<br /> Trugarez
C
La vie est une esquisse de rien... Mais n'est-ce pas ce côté éphémère et impalpable qui la rend si magique et si précieuse?<br /> <br /> Einmal ist keinmal, et après tout, c'est tant mieux.
A
Ca y est, tu peux me rendre visite ici: <br /> http://bevan.over-blog.com/<br />
A
Salut laouenanig, je te rappelle que tu portes la joie en signant de ton pseudo à chaque moment.<br /> (laouen=joyeux en Breton) j'imagine que tu savais? <br /> Ce n'est pas le temps, c'est nous qui passons, hier fait partie de l'histoire, et demain restera incertain, il nous reste le présent qui nous est offert. passé, cadeau, futur. Il faudrait revoir les noms des temps, toute une éducation à refaire!<br /> Je compte ouvrir un blog, adresse à venir.<br /> gant kalon<br /> <br /> ciao <br /> arnaud
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