En avant
En avant
Parce que c'est la seule solution
En avant dans le temps, dans l'espace
Le temps et l'espace fuient à mesure que je pose un pied devant l'autre
Je marche sur le vide et devant moi s'efface le début du chemin que jamais je n'atteins.
J'ai beau regarder demain c'est hier qui revient
Ecouter le silence est impossible: mon sang usé n'est qu'un cri qui résonne à chaque battement de mon coeur.
Avec quoi faisons nous demain?
Avec les pierres dont nous avons pavé la voie de notre passé
Elle devraient être arrondies, érodées de trop les avoir écrasées du poids de mes errances.
Le granit se polit, s'use, devient doux, lisse, n'offre plus de prise au vent qui le tourmente.
Les pierres sur lesquelles j'arrache à mon corps des lambeaux de mon âme ne sont qu'arêtes coupantes, aiguisées sur la meule du temps qui tourne, tourne...
En avant
Se batir un futur sur des fondations de douleurs mouvantes. Tentative désespérée.
Je pense donc je suis. Alors je dois être...
Mal être
Non être
Absurde
Je suis ma pensée
Je suis mon passé
Regarder devant, les yeux ouverts sur hier
Aujourd'hui n'existe pas.
Il n'est qu'une illusion, espace vide, coincé entre douleur et inconnu
Parler, se taire, quelle importance?
Toujours revient le même refrain, la même suite incohérente qui n'a de sens que pour moi.
Et si de sens il n'y en avait pas ?
Si il n'y avait que la vibration qui m'a toujours guidée?
Pourquoi faut il toujours donner une signification aux mots, aux actes?
Autour de nous, des juges qui braquent les projecteurs sur notre visage, rayon inquisiteur, droit dans les yeux, pour trouver l'âme.
Tirer des conclusions, sur des fragments d'histoires, des écorchés de mots, des felures de gestes...
Que me reste il?
Des blessures de vie.
Des refus de l'oubli.
Des sequelles d'envie.