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face au vent-avel a benn
5 novembre 2005

des bouts de rien

        Au fond de la poche gauche de ma parka, un peu de sable doré qui crisse sous les doigts.
Quelques cailloux de grès brillants, usés. Avec les ans ce sont eux qui donnent ce sable dont quelques grains tombent sur mon cahier.
       Le sable est doux, frais. J'y plonge les doigts avec émotion. Sensation palpable du bonheur.

        Je joue avec le petit cailloux. Les grains grossiers qui le composent brillent sous le soleil.
Le soleil d'après la tempête. Chaleur inhabituelle, nuages qui se laissent dériver lentement.
La pierre est un amalgame de grains grossiers, grains dorés, grains roses, grains transparents comme des diamants.
La pierre a piégé les étoiles du lac, un jour où elles ont caressé de trop près la langue de sable qui frange l'eau noire.

       Je dois être terriblement superstitieuse pour accorder tant de pouvoirs à ces bouts de rien.

        L'eau du lac dort sagement dans la bouteille. Elle a une odeur, un reflet, une couleur jaune certaine.

        Idiote... çà me fait sourire.
Des bouts de rien. Une écorce de sapin, un bout de branche recouvert de lichens odorants, un morceau de bardage de la cabane, jeté à terre par le temps qui use les clous et préserve le bois, encore un instant.

       Bouts de rien. Bouts de souvenirs. Tranche de vie.
Tout passe. Tout s'efface.
Reste la sensation, l'empreinte de ces moments laissée sur mon coeur.

       Poche droite. Y est resté un bout de mousse vert pale, ramassé sur les gros rochers emprisonnés d'ombre, tout près de la "hütte". La mousse a séché, est tombée en petits morceaux duveteux, plus doux que du coton.

       Une poignée de douceur, et cachée au milieu, une petite pièce de un centime presque neuve, frappée de la branche de chêne.
A résisté un bloc de mousse à peine plus grand que la pièce, d'un bon centimètre d'épaisseur. Le frôler à peine, et il tombe en miettes...

       Dans la main gauche tourne et retourne le grès si dur en apparence, et la main droite caresse le vert fané de la mousse si fragile.
Force et faiblesse, douceur et dureté.
Tout est nuance. Le temps les réduira au même niveau: poussières de rien.

        Comme ces mots, qui ne sont que des poussières de moi.
      

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Commentaires
M
j'ai adoré ce texte!!! il est magnifique, tellement doux à lire...(je sais pas si on peut dire qu'un texte est doux, mais c'est ce que j'ai ressenti) merci pour ce bout de vie.
W
arretez cet aspirateur !
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