26 août 2008
interlude "paradis" ?
Gott sei danke...
En allemand: Dieu soit loué.
Oui, Gott sei danke, j'ai un cerveau, et je remercie mes parents (seulement pour çà d'ailleurs) de m'avoir fait naitre avec un cerveau.
Je me remercie moi même aussi d'ailleurs...
Un cerveau et un coeur, et je crois qu'il m'a protégée encore plus que mon cerveau, celui là. Protégée. De moi.
Avant de partir, j'avais des envies de hauteur. Une idée que seule ma fille connaissait: boucler mon "Rätikontour" en vitesse, et filer en Italie, près de la France, me "faire un 4000".
Un des plus faciles. J'avais un peu de matos, et j'espérais trouver une cordée pour grimper.
Pourquoi?
L'obsession de ce chiffre, 4000, certainement. Une envie d'y toucher, moi qui n'avait pour moi que mon endurance, et ma volonté. Aucune expérience de la très haute montagne, mais qui me paraissait accessible, car c'était une course d'un jour.
Pourquoi encore?
Parce que dans ce petit coin d'Autriche où j'allais existait un village minuscule, un paradis de maisons de bois, posés sur les alpages, et sur des mètres de neige en hiver.
Nenzinger Himmel.. "Le Ciel de Nenzig".
1300m seulement, une vue hallucinante, un point de départ vers les cimes du Rätikon.
Le Rätikon, c'est le nom de cette chaine de montagne, une minuscule partie des Alpes, qui s'étend sur 3 pays: Autriche, Suisse, Liechtenstein.
Du côté autrichien, la région s'appelle le Montafon.
Du côté suisse, le Pratigau.
Himmel... Le Ciel.
Commencer au Ciel, grimper, retourner au Ciel, et filer droit vers l'Italie, vers... Gran Paradiso.
Comment résister?
Ce mot, Gran Paradiso...
Je n'ai pas résisté.
L'amour est tout simplement venu m'emporter plus haut que ces "malheureux" 2970m où je suis montée. Avec amour.
Et que tous ces mètres, que je ne mesurais plus, pas la peine.. L'amour ne se mesure pas.
L'amour pour ce coin de montagne, qui m'a fait y passer plus de temps que prévu.
Avec bonheur.
J'ai décidé d'oublier Gran Paradiso.
Pourquoi?
Parce que...
Le Paradiso, il n'a pas besoin d'être Gran.
Il est.
A portée de main
A portée de pied
Dans mes yeux, sur ma peau brulée, au fond de mes tripes.
Je suis restée dans le Rätikon.
Paradiso...
Neige (l'éternelle, et la merveilleuse, la neige d'aout!!!) , vent glacé, soleil dur, lumière, celle que tout le monde voyait, et celle que chacun a ressenti, à sa manière.
A à peine plus de 3000m, sur des pentes trop connues, trop fréquentées, si fréquentées que l'on finit par oublier que si tu aimes la montagne, la montagne, elle, ne t'aime pas forcément (phrase de mon ami anglais), sur ces pentes là, cet été, trop de gens sont morts.
Pas sur Gran Paradiso...
Mais qui sait?
Je pense à ceux qui sont restés là dessous, ceux qui en sont revenus, les familles, je pense aux secouristes, ceux qui risquent leurs vies à sauver celles des autres, où à chercher les disparus sans espoir.
Au coeur de mon Paradiso, j'ai vu un hélico tourner autour d'un sommet, spot d'escalade connu, et finalement se poser, sur la pente...
Ce n'est pas le vent qui m'a fait trembler.
2970m, 3000, 4000...
Ce ne sont que des chiffres.
L'essentiel n'est pas là, et tu le sais.
(Paul, "gardien de vaches", sur les pentes autrichiennes)
Oh oui... l'essentiel est...
Pas forcément plus haut. Ni plus loin. Il est exactement là où.
Là où quoi?
Là où...
Dans ton coeur, dans l'intensité où tu l'as vécu, cet instant là.
Merci
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