Arrée sur images...(1)
Ce titre me fait rire...
Je voulais appeler ces quelques lignes, "Land's End".
Parce que les monts d'Arrée sont la fin de la terre bretonne, dans sa dimension verticale.
J'aurais pu aussi écrire "Lande end".
Je n'aurai pas le temps de poster des photos ce soir. De toute façon, j'ai un problème avec l'appareil, qui est neuf en plus! Va comprendre... On peut dire que Mai n'est pas mon mois.
Méééééé?
Y a pas de Mai!
Mes photos sont floues, sans contraste, fades. Je ne sais pas d'où çà vient, mais çà m'inquiète.
Bah... çà colle bien avec mon état d'esprit actuel diront certains.
Pourquoi suis allée trainer mes chaussures dans les Monts d'Arrée?
Parce que, en pleine période de "désintoxication facebookstique", j'avais besoin d'un endroit particulier, et que ces collines pelées me convenaient parfaitement.
Comment? J'en rajoute?
Bien entendu!
Laouen, amatrice de cas désespérés, errant désormais devant son écran d'ordi, les doigts en manque, se devait d'aller dans un endroit bien particulier.
Et les Monts d'Arrée sont particuliers, il y a quelque chose de désespérés, dans ces landes brutes, roussies, balayées par le vent.
En été, la bruyère les rosit, mais là, en mai, sous un ciel blanc de brume, visibilité nulle, contrastes effacés, faut aimer.
C'est une chance! J'aime...
Les Monts d'Arrée, ce n'est pas le Cap. C'est, comme le Cap, du brut, du sauvage, du "accroche toi çà remue", mais sans la dimension merveilleux/stupéfiant/fabuleusement magnifique.
C'est la nature, sous un aspect "brut de décoffrage".
Certains touristes perdus doivent trouver çà totalement désolant.
D'autres lèvent les bras au ciel, et disent: ohhhhhhhhhh! quelle sauvagerie, quelle beauté brute, que ce rien en devient fabuleux tant il est... rien.
Non, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
Il n'y a pas "rien" à voir dans les Monts. La vie existe, à ras le sol, cachée dans les ajoncs piquants, les fougères, les bruyères, les caillasses, la tourbe. Et des merveilles aussi.
L'essentiel est dans l'atmosphère, dans la ligne de fuite d'une crête. Dans l'invisible aussi. Les Monts, çà ne t'élève pas. çà te met face à toi, les pieds dans le "smock smock".. Ah mééé.. Comment vous expliquer, le baiser de la tourbe...
Comment le pied se fait lourd, et chantant à la fois. Smock, smock...
Là bas, la ligne droite n'est pas le plus court chemin. Enfin, le plus court si, mais pas le plus rapide.
Il faut avoir traversé une friche recouverte d'herbes hautes de plus de un mètre de haut, et s'être enfoncé, dans "on ne préfère pas savoir quoi" jusqu'à mi mollets, à chaque pas, pour aimer vraiment cet endroit.
Les touristes moqueurs rigolent, devant le panneau annonçant l'altitude de Roc'h Trevezel (qui mesure d'ailleurs 20m de plus qu'annoncé!)
Ceux qui savent aimer ce coin là ont une drole de sensation au creux de l'estomac.
Je crois que çà s'appelle l'amour, si je me souviens bien...
Donc, ce dimanche matin, levée à 5h après une nuit atroce, je me suis retrouvée à Saint Rivoal à 9h du mat.
Le début d'une galère, qui me fit retourner à ma voiture une heure après ayant perdu mon portable.. oublié en fait dans la voiture.
Saint Rivoal, Sant Riwal, mon village préféré du centre Finistère.
Pourquoi?
Un autre monde...
Je roule sur ces routes que j'ai quitté il y a un an et demi, comme si c'était hier. Tain... J'aime ce coin...
Voilà trop longtemps que je ne m'étais pas rendue dans les Monts d'Arrée.
D'ailleurs, pour en finir avec les vannes lamentables, il ne faut pas confondre:
- Se rendre à l'aéroport
et
- Rendre l'Arrée aux porcs
Vanne dédiée aux cochons qui vivaient (et vivent peut être encore) en liberté, dans un champ, entre Sant Riwal et Menez Mikael sur la sublimissime D 42.
Devant le parking, un ancien panneau émaillé. Autre monde, autre temps.
Je passe devant la maison Cornec
Direction, le Nord... puis l'Est. Vers Menez Mikael...
Je croise un troupeau de vaches à cornes. Ce n'est pas rarissime en Bretagne, mais c'est tout de même assez rare pour que je m'arrête sourire à ces heureux bestiaux non mutilés.
La silhouette du Mont se découpe sur fond de ciel blanc. Je vais suivre les crêtes jusqu'à l'emetteur de Tredudon, mais avant, je ferai l'aller retour jusqu'à la chapelle...