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face au vent-avel a benn
24 décembre 2007

courir le long de l'invisible...

Ce matin, je suis allée courir dans les Montagnes Noires, sur les crêtes entre Finistère et Morbihan. J'ai quitté cette région en septembre 2006, mais il me semble que c'était hier, non, il y a 2 minutes, non, mieux: je n'ai jamais quitté ces roches déchirées. C'est ce que j'ai ressenti là haut, c'était frappant. Le climat du centre Finistère est si différent de celui de mon coin de Morbihan! Ici, il fait plus doux, mais c'est terriblement humide. Les forêts ne sont pas gelées comme chez moi, elles sont boueuses à souhait. Et à 8h15 il fait encore nuit noire. Je voulais faire un immense circuit qui relie toutes les crêtes, 35km environ. Mais 24 décembre oblige, j'ai réduit la distance, car il me fallait rentrer à une heure décente pour le repas. J'ai couru 2 heures, les jambes très lourdes, car je n'avais plus fait d'effort depuis des semaines, et ici, le dénivelé est tel qu'il vous scie les pattes rapidement. Le brouillard était dense, la lumière gris clair, je respirais de l'eau. Je n'ai rien vu des paysages grandioses, à la limite du tragique, que je connaissais. Ici, le paysage peut paraitre désolé, angoissant, voire même lugubre par brouillard dense. Pour moi il n'en est rien. J'ai appris à l'aimer quelque soit le temps. Le brouillard a un avantage certain. Sur le cadran solaire du manoir, point d'aiguille.... Le temps s'en était allé voir ailleur, si le soleil avait réussi à percer le rideau de brume. Le temps... pfff... Un an et 3 mois, hier, toujours. Sur la crête perdue, j'ai fait quelques photos, étrangement lumineuses. J'ai bu aux branches des arbres chétifs qui jamais n'atteindront leurs tailles normales. Ici, pousser, c'est déjà un miracle. Sur la crête, je ne subissais pas la tyrannie du visible (clin d'oeil à JT). Et pourtant... J'ai "vu" chaque rocher, chaque dessin de lichen, chaque buisson d'ajonc. J'ai senti la pierre mouillée, la fougère trempée. J'ai écouté le vent faible faire s'ébrouer les buissons, les cris des merles invisibles... La lumière. Même sans soleil, même sans jour, même les yeux fermés. Je n'ai rien vu, mais j'ai Vu. Avec le coeur. Le long de l'étang la brume adoucissait la tourbière, c'était beau comme l'amour. Je n'ai pas vibré comme je le faisais habituellement là bas. J'allais là bas pour me retrouver, pour respirer, pour vivre. Désormais, je ne me perds plus. J'ai salué ces coins aimés comme on visite des amis très chers, ceux qui même absents, restent présents dans notre coeur. Pas besoin d'envolée lyriques, pas besoin d'éffusions, les Montagnes Noires et moi, nous nous aimons. Sur le Roch Toull al Laëron, le vent était vif, et j'étais trempée. Je n'ai pas pu rester longtemps. Il me fallait redescendre, courir, retourner vers la voiture. Je ne publierai pas les rares photos faites ce matin par manque de temps... Plus tard. Quand je suis entrée dans Spezet, j'ai senti la lumière, sur ma gauche. J'ai tourné la tête: à travers le brouillard épais, le soleil faisait une percée. De retour à la maison, le soleil avait réussi à s'extirper du voile. J'ai souris. Il m'avait laissé courir 2h dans le brouillard, loin du piège du visible, tout en émotion. Il me saluait à mon retour. J'ai dit merci, et je suis allée me doucher...
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Commentaires
J
je donnerai beaucoup de choses pour pouvoir recourir ne serait ce que 5 km ...moi qui m'étais promis de faire mon premier 100 Km cette année .......pffffffff m'enfin .......belles sensations .......et quel plaisir de te lire ....<br /> je te ( vous) souhaite un bon noël et plein de bonnes choses .
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