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face au vent-avel a benn
24 novembre 2007

Aff... eau lente... (1)

Samedi matin. Grand soleil.
Hier soir j'ai du m'endormir en 5 minutes. Totalement épuisée.
Je pensais m'habituer, mais non, mon corps accumule la fatigue.

Ce matin, envie de rester au chaud. Mais le soleil me fait des clins d'oeils concluants, alors je me mets en tenue de sport.
Direction La Gacilly.
Sur la route l'ombre est tenace. La voiture tangue un peu. Les pentes rudes sur la droite sont totalement blanches.
Je pousse un cri de joie...

Je vais courir. Enfin, disons, trottiner, par rapport à ce que j'appelais courir avant. Avec mon appareil photo.

Que vous dire?
Les kilomètres parcourus? Je n'en sais rien. Je me suis arrêtée plusieurs fois pour prendre des photos.
La température? Je m'en moque, j'ai toujours aimé courir dans le froid ensoleillé.
La durée? Ah çà je sais, à peine plus d'une heure, je dois me préserver.
Le nombre de photos? Qu'importe...

Qu'importent les chiffres, qu'importe l'heure... J'ai la tournée des supermarchés à faire ensuite, je rentrerai quand je rentrerai, je mangerai à 15h si il le faut.

Je n'ai pas murement réfléchi pour choisir mon parcours, l'envie est venue seule. Je vais aller saluer l'Aff, celle dont les eaux sont si lentes, quand elle ne déborde pas. :-)
Saluer ce coin de forêt qui m'emporte loin, très loin, dès que j'y mets les pieds. Loin, vers "plus haut".

Je commence par 500m de talus, plats, et ensuite le sentier dégringole brutalement, sur un bon kilomètre. Je souris en pensant au retour.
Je sais que je vais aimer, réellement aimer.

Tout en bas, en sortant de la pinède, les champs givrés fument sous le soleil.
Je traverse la route, et entre dans la forêt qui cache la rivière.
Je ne peux pas m'en empêcher, je repense encore à un commentaire lu chez Mélusine. Une femme qui avouait être angoissée devant l'arrivée de l'automne.
Pour moi, ceux qui sont angoissés par l'automne le sont parce qu'ils sont mal dans leurs peaux.
Ils se sentent vieillir, ont du mal à l'accepter, ont peur du terminus qui sera le notre quoi que l'on fasse. On aura beau piétiner sur place, comme si on voulait courir à reculons sur un tapis de course, le temps avance...
L'automne n'est pas une fin, juste le début d'autre chose, le repos de la nature, après l'abondance.
Et pour nous?

Je cours bien moins vite qu'avant, et ce n'est pas logique. Le travail m'a ruiné la santé, déjà bien entamée par mes problèmes familiaux, et thyroïdiens.
Je ne reviendrai jamais en arrière...
Mais je cours.
Un proverbe zoulou disait:
Tu avances, tu meurs.
Tu recules, tu meurs.
Alors, pourquoi reculer?

L'automne ne me fait pas peur. Ni le noir, ni le brouillard, ni la solitude...
La solitude, je la connais, j'ai appris à ne pas lutter contre, on est copines toutes les deux...
La mort? Je l'ai tellement désirée à une époque de ma vie, tellement côtoyée, elle ne m'effraie plus.
Elle me prendra, peut être un jour d'hiver, peut être un jour d'été, peut être en pleine lumière.

Je cours, et je sais que la lumière sera là.
Certains doivent penser que si je recherche tant la lumière, c'est certainement pour me réconforter, me réchauffer. Que j'ai besoin de me sentir "plus haut"  parce que ma misérable vie de terrienne me pèse trop, parce que c'est le désespoir, travesti en course vers le ciel, qui me pousse.
Non, j'aime aussi courir et marcher en pleine nuit, vous le savez bien.

Qu'est ce qui me fait vibrer aussi fort, lors de ces instants où je partage la brillance du soleil?
Est ce un besoin?
Si oui, alors peut être, oui, je ne suis pas pleinement heureuse, pleinement équilibrée.
Je réponds à l'envie qui me fait aller au devant de l'instant.
Besoin, envie, qu'importe, je n'y peux rien: çà me prend comme çà, une pulsion. L'évidence. Il me faut sortir, aller courir, ou marcher, ou simplement respirer dehors.
Et je décolle...

Pas très zen tout çà... Trop de sensations, trop d'amour qui déborde...
L'amour...
Ce matin j'ai aimé un pin, un sentier plein de givre, une barque coulée... Aimé l'air qui les enveloppait, et qui entrait dans mes poumons.
C'est bien peu penseront certains.
Et ils auront certainement raison.
Ce matin, j'ai partagé mon souffle avec celui d'un arbre.
En plein soleil, son écorce moussue fumait. Et moi, le front contre le tronc du pin, je respirais. Nos vapeurs se sont mêlées.

Voici l'étrange vie de Laouen...
Ermite des temps modernes?
Ne rencontre personne, ne parle à personne (en dehors du travail), ne donne de tendresse à personne (en dehors de ses enfants).
Sinon aux arbres, aux oiseaux, aux feuilles mortes, à la lumière elle même.
Ne reçoit de tendresse de personne (sinon de ses enfants).

Et pourtant, je n'ai pas l'impression d'être seule...
Dans cette vie là, la place qui est la mienne est celle que j'occupe.
Juste une question de kilomètres, je voudrais être 1200km plus à l'Est. Mais c'est si infime, ce détail, finalement...

Voici l'étrange vie de Laouen, funambule, balancier, fil, air qui entoure le tout.
Souvent partagée entre deux impressions: celle d'un total bonheur, et celle d'un désespoir aigu...

Laouen qui sait, elle le sent, que sa vie ne sera pas longue, alors elle marche, elle court, elle vit...

Quelques photos de ce coin que vous devez commencer à connaitre (trop pour certains! :-)), photos que je n'ai malheureusement pas pu réellement voir, car mon écran merde un max.
La suite demain
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Et là, j'ai ralenti le pas. Ne pas brusquer l'instant...

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Commentaires
L
bisous vous tous!!!!!!!<br /> semaine "au radar". je n'ai pas le courage de vous répondre, à peine celui de poster quelques photos tout à l'heure ce soir
M
c'est drole ce que tu dis doudou J en comparant mes photos avec celles de laouen(ou vice versa:)))<br /> ,car une de mes lectrices me dit ceci<br /> "Les roses sont belles par chez toi Mel, toutes givrées... Vous faites de magnifiques photos toutes les deux avec Laouen, et je me régale à sortir de mon bureau par le biais de vos belles fenêtres vers l'extérieur, en allant voir vos blogs jour après jour quand je peux m'échapper 5 minutes"(magel)<br /> <br /> je noublie pas que c'est grace à laouen que j'ai fait mon blog et que ma passion de la photo s'est "rallumé"...<br /> rendons à cesar....<br /> :))<br /> ce blog,est le premier que je visite systématiquement quand je rentre du chateau,car je suis sur à chaque fois d'y découvrir des merveilles,que ce soit avec des mots ou des photos...<br /> <br /> bisoux laouen...
A
Cornus>Moi par exemple. Je n'en suis pas au point de prendre des anti-dépresseurs, mais à l'automne, j'ai toujours une sérieuse chute de moral, généralement vers oct/novembre. Cure de magnésium de rigueur... Question de neurotransmetteurs, à mon avis. Les individus ne sont pas égaux de ce côté là. On a naturellement plus ou moins de dopamine, de sérotonine, etc.
A
Si tu ne te racontes pas vraiment ici, alors ça promet ! ;-)<br /> Plus sérieusement, pas mal de choses me font écho dans ta note. Contrairement à ce que tu dis, en te disant que ce que tu dis (oups...) peut sembler présomptueux, je ne trouve pas du tout.
L
bon, ben moi, petite dernière, j'ai plus rien en rayon...<br /> ici, il a fait si sec ces derniers temps que les rares étangs (c'est du sable hein, alors pour garder l'eau, c'est pas gagné...) sont très très zasséchés. Mais ces effets de brume matinale que je retrouve sur tes (magnifiques) photos me font penser à mon parcours matinal.<br /> comme dit le filston "quand l'eau fume, c'est bo!"
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