cadeau du matin...
Le matin, quand je mène ma fille jusqu'à l'arrêt du bus, à 7h30, le ciel est souvent dégagé. Ou curieusement partagé entre nuages et infiniment pur, une ligne nette marquant la séparation.
Droit devant nous, Vénus la belle nous salue. J'aime ce coucou du matin. Se dire: "après mes enfants, la première à me saluer est une étoile"... Bon, ne pinaillons pas: Vénus n'est pas une étoile! :-) Juste une belle planète inhospitalière, superbement éclairée par le soleil.
Mais elle est bien plus fidèle dans mon ciel que Sirius, la véritable étoile la plus brillante de notre ciel français.
Et les minutes passent...
C'est au moment où le jour se fait certitude que le brouillard choisit de s'imposer. Une course matinale, dont le vainqueur est toujours le même. Un pied de nez au soleil... Ah bon? Tu veux te lever? Et bien, je serai le premier à envahir le ciel, et tu lèveras derrière mon voile, na!
Le soleil sourit. Il ne suffit pas de gagner la première manche pour s'imposer. Il lèvera le brouillard, ou ne le fera pas. Qu'importe?
Tout est question d'altitude. Le soleil est au dessus de tout çà. Là haut, il règne sur sa petite portion de ciel.
Le brouillard joue le chrono. Il angoisse ceux qui doutent, il révèle les rêves.
Ce matin, il m'a offert quelques minutes de répit, avant d'avaler le paysage.
Une tasse de thé en main, j'ai regardé l'instant grandir. Je suis retournée à la maison, enfiler mes chaussures de rando goretex, pour éviter de choper la mort dans l'herbe haute et trempée, et je me suis avancée vers la cloture du champ.
Ici, le système électrique date un peu, voire même beaucoup. Le paysage est agrémenté de superbes poteaux bancals, de fils pendouilleux, d'installations miteuses qui embellissent vos photos. Impossible d'y couper, vous y aurez droit, pas la peine de faire de la gym, de vous coucher dans l'herbe, ou de rêver à une fonction sur photoshop *je gomme les fils électriques*.
Le clonage existe sur mon logiciel (Gimp) mais franchement, cela rime à quoi?
La campagne autour de moi est pleine de fils, je vous la montre avec fils :-)
Et avec porcheries aussi...
Ce matin, 8h20, à l'arrêt de bus de P'tit Troud:
Lever de soleil sur la porcherie en face de chez moi.
Charmant non?
Comment? J'aurais pu me décaler un peu, ne prendre que le soleil? Venez, et vous verrez.. On a le choix: porcherie, dinderie, vacherie.
Ou hier: lever de soleil (fa-bu-leux) sur la maison des manouches, leurs caravanes, et les sublimes poteaux qui nous déservent en électricité (très floue car zoom numérique à bloc)
Et oui! la vraie vie c'est cela. Le soleil joue au funambule sur le fil, et il s'en moque bien...
Mais ce matin, dans le champ vers l'Est, la lumière illuminait la rangée de vieux chênes. Le soleil était déjà levé, et le brouillard cachait sa nudité, ne laissant entrevoir que l'essentiel.
J'ai marché lentement...
Je vais publier toutes les photos, et tant pis si une ou deux auraient plus marqué les lecteurs que cette série qui peut sembler répétitive. Je le sais bien. Mais mon approche est différente. J'ai tenté de vous l'expliquer, maladroitement.
Seule compte pour moi la sensation.
Et pour vous la faire partager, il faut que je vous entraine pas à pas, dans les miens.
Illusion... Comme si c'était possible! :-)
Si parfois je n'ai pas envie de faire des photos, parfois j'ai envie de vous les montrer toutes. Pour moi c'est logique, cela correspond à mon cheminement perso au coeur de l'instant.
Donc, ce matin, ce sera série de photos, brutes, même pas visionnées.
La vie ce n'est pas quelques secondes de beau, et du grand noir autour.
La vie, c'est quelques secondes de beau, et de longues secondes autour, pas forcément fabuleuses, mais logiquement tout aussi vivantes.
A ce moment, je me suis tournée vers le Sud. Au bout du pré, le totem, le vieux chêne mort, semblait si minuscule, encadré par les deux chênes bien vivants. Jusqu'à quand? Il suffit de voir les barbelés encastrés dans leurs troncs pour craindre le pire.
Plus près encore...
Encore...
On porte parfois des chaines en or. Je préfère cueillir l'or du matin entre les feuilles des chênes
Si vous saviez toutes les lignes que je pourrais écrire derrière ces photos...
Je préfère les taire.
Les symboles sont parfois plus forts quand ils sont muets.
Quelques secondes après, le brouillard gagnait la première manche. La lumière s'éteignait brutalement.
Je rentrais à la maison sereine et heureuse: cette lumière là, reviendrait.
Elle...