Puisqu'il faut avancer.. quand même...
Pas de surprise, tout était prévu, donc j'évite d'en parler.
Je préfère vous envoyer du vert, du vert, et encore du vert.
Voici quelques photos du hêtre de Ponthus, un des géants de Brocéliande, en parure de printemps.
Qui a dit : "encore"? Bah oui... encore.
Deux chemins pour y parvenir:
- Une ligne forestière en côte, lumineuse, large, trop disciplinée, au revêtement trop sage.
- La forêt elle même, ses lignes oubliées, et ses raccourcis que l'on prend à l'instinct, qui mènent à ce minuscule sentier sombre.
Je préfère de loin l'approche par la face sombre. Le hêtre au tronc recouvert de mousse car il ne voit jamais la lumière parait noir, et limite terrifiant.
C'est un des plus sombres endroits de Brocéliande, peut être même le plus sombre, à cause des conifères qui entourent le vieux hêtre.
Tant de légendes hantent ce lieu, et même les pierres au sol sont censées être les ruines d'un château, dont personne ne peut attester l'existence passée.
Cet arbre qui pourrait effrayer les âmes non habituées à la forêt est un arbre aimé.
A son pied, dans un creux formé par ses racines, il y avait encore un bouquet de fleurs, comme lors de ma dernière visite.
Bouquet non fané, qui trempait dans l'eau trouble.
J'aimerais connaitre celle (ou celui) qui fleurit ainsi le vieux hêtre.
J'aimerais partager avec cette personne ce que je ressens pour cet arbre.
Il ou elle doit me ressembler, aimer la forêt et la solitude.
Et l'histoire qui lie cet arbre à cette personne lui est propre. Elle ne sera jamais publiée dans un torchon à grand tirage.
Quand je retournerai là bas, je laisserai un petit mot près du bouquet...
D'ici, même ce jour gris et terne se pare de couleurs chaudes. Le jeune feuillage du hêtre est vert tendre, la lumière qui le traverse illumine tout l'espace.
Ses multiples branches noires ressemblaient à un amas de racines emmêlées désespérément tendues vers le ciel. Maintenant, la vie les habite.
Avec mon appareil HS, il m'est impossible de saisir le grand hêtre sans qu'il soit flou. Mais peut être est ce le reflet de la réalité?
Ce qui entoure cet arbre n'est pas palpable, légendes, atmosphère, lumière... Tout est flou.
Et si seul la netteté est vraie, ou belle, tant pis. J'aime ce flou qui le rend fragile, comme j'aime cette sorte d'acharnement qui le fait reverdir chaque année malgré sa prison d'ombre et ces sapins trop proches qui le cernent.
Avant de redescendre, pour saluer un autre géant, je le regarde, toujours aussi étonnée.
Cet arbre là, quand on monte par la ligne habituelle, on ne le voit pas. Les sapins qui l'entourent forment comme un rideau vert opaque, et malgré la trouée qui le révèle, on peut passer à côté sans se rendre compte de son existence. Surtout en hiver, car là, son feuillage est si lumineux...
Inexplicable comme phénomène. Une sorte de sentinelle invisible, immense et secrète.
Un peu comme si le vieux hêtre ne se dévoilaient qu'à ceux qui ont ouvert leurs âmes pour lui.
Puisse t'il vivre longtemps encore...
Aussi longtemps que le vieux chêne que l'on dit millénaire, que je vais saluer ensuite, 3km plus loin.
Le voir ainsi me fait plaisir, car chaque année j'imagine que ceux qui aiment cet arbre ont peur de le voir conserver ses branches nues, ce qui signifierait que le vieux chêne à Guillotin aurait cessé de vivre.
Que dire de cet arbre... Il impose le respect, et en même temps mon coeur se serre de le voir si torturé, si fragilisé. Creusé, il a du être élagué et "renforcé" pour tenir encore debout.
Un jour, il nous quittera. Il ne faudra pas pleurer, car cet arbre aura vécu. Vécu ce que devraient vivre tous les arbres. Les chênes qui l'entourent sont déjà beaux et forts, mais quelque chose me dit qu'ils n'auront pas une vie si longue que celui ci, une histoire de pollution, et de folie humaine...
Oui, il aura vécu, vu les hommes se déchirer, s'aimer, les siècles passer.
1000 ans d'après la légende, peut être moins (je doute qu'une datation sérieuse ait été faite), mais assurément plus de 500 ans.
Et sur ce qu'il lui reste comme branches, quasiment à même son tronc noueux, de jeunes feuilles tendres et fraiches.
Un article trouvé sur le Net le date de 1145, allez lire cette page qui raconte l'histoire de ce chêne qui aurait d'abord été nommé "chêne au loup" à sa plantation.
L'histoire originelle de cet arbre était soit disant consignée dans la bibliothèque de l'évêché de Rennes, mais elle brula en 1904.
L'article a l'air sérieux, et est passionnant.
Je termine ce post insipide (désolée je n'ai aucune inspiration) dédié à la nature "par dessus tout", par ceci:
"Respectez cet arbre" dit le panneau.
Oui, respectez cet arbre, ses voisins, tous les arbres, les brins d'herbes autour, les bestioles qui y vivent, et par extension, tout ce qui pousse, marche, vole, rampe, respire, mange, dort, baise, existe, sur Terre.
Nous en faisons partie...
Enfin, j'espère.