buts inutiles
Aïe... Ouille... Etc...
Aujourd'hui, je paye: mes folies d'hier.
Vous allez rire: La Laouenanig, elle n'a plus la force de lever le petit doigt, elle se laisse...partir, et pourtant, parfois, elle pète un câble, grave de chez grave. Certains diront:
ah mais! si elle déployait autant d'énergie à trouver un job etc...
FA-CI-LE à dire.
Dimanche dernier par exemple, je ne vous ai pas raconté!
La compet vélo me met à genoux, je ne suis plus le rythme. J'ai de méga problèmes de récup, une contracture au mollet gauche persistante, quelques tendinites, et plus du tout, mais alors plus du tout envie...
Pourtant, j'avais promis à Minimoi de faire un vétathlon avec elle.
2 distances: 4km à pied (que des côtes ou presque) , 10 en vtt sur un circuit où on ne fait que monter (si si, c'est possible!).
Et une heure après, une autre possibilité: 8km à pied ( 2fois les côtes du 4km) et 20 km à vtt (je précise pas, vous avez pigé).
2 possibilités par distance:
-individuel: le même concurrent court à pied, puis pédale
- relais: un coureur à pied passe le relais à un vététiste.
Minimoi court à pied, et elle n'a que 12ans. Pour elle, 4km c'est déjà énorme, surtout sur un circuit pareil.
Alors, on fait équipe toutes les 2. 2 générations, 2 maillots, un même nom, Minimoi et Maxi-elle.
Minimoi entre sur le stade rouge cerise, elle me passe le relais, je pars à bloc, fais ce que je peux (pas grand chose, je souffre et mon coeur explose).
Nous terminons 3eme au scratch ( garçons, mixtes et féminines confondus) et 1ere équipe filles.
A peine arrivée, je descends de mon vtt, le place dans le parc de départ de la longue distance, troque mes chaussures de vélo contre mes runnings, change mon dossard, et vais me mettre sur la ligne de départ du 8/20 individuel.
Je précise: je n'ai pas couru plus de 100m à pieds depuis un an. Et vu mon état, c'est une folie...
Et je prends le départ, pour 8km de côtes, déjà épuisée alors que les autres sont frais...
Et je termine dernière de la course à pied...
Et j'enfourche mon vtt, me pique des séries de crampes... Il pleut, j'ai froid, je suis au bout...
Je me prends 10minutes dans la vue, sur un effort de 2h15.
Et le ridicule ne tue pas. La preuve, je suis là...
Entraînée à la course à pied, et en forme au niveau vélo, j'aurais gagné sans problèmes.
Si je n'avais pas couru la petite distance avant, j'aurais limité la casse à pieds, et qui sait...
Oui, mais voilà, je voulais courir avec Minimoi.
Et seule ensuite.
Une dame du village me dit: et on dirait que tu n'es même pas fatiguée!
Pourtant, je suis à bout. Mais...
Énorme sourire.
Parce que. Je suis comme çà.
Je me dis un truc, et il faut que je le fasse, même si çà peut me mener...entre 4 planches.
Pour rien. Ni gloire, ni fric, non, pour le faire, simplement.
Pour me dire: tu en crèves, tu as mal, mais tu es en vie.
Simplement...
Le lendemain, dans le journal, un article sur les gagnants, courte distance, longue distance en individuel.
Pas un mot sur la gagnante... Pas cool.
Par contre, 2 lignes sur moi, la foldingue... Je souris.
Je suis au bout, je ne vaux plus rien, ni à pied, ni en vélo, ni... nulle part ailleurs.
Mais...
Je suis comme çà.
Hier matin, 10h, pas envie d'aller rouler. Plus de motivation.
Pourtant, je ressors le vtt du garage, et file vers le point culminant du coin. Une "montagne" très très rocheuse, aux pentes très très ... pentues.
Et après 10ans de vie ici, je pète un plomb, encore!
Je décide de "tirer droit".
En respectant les cultures et les animaux dans les prés bien sur, mais le plus droit possible.
Et je le sais: ce sera un enfer, car pour rejoindre la "montagne", il me faut descendre la mienne, et traverser un marais, où il n'y a aucune piste. Mais je dois le faire.
Je prends le 1er sentier qui file droit vers le Nord, et m'enfonce dans la végétation.
çà devient de plus en plus humide... Les ronces se mélangent aux orties et aux joncs... L'herbe est haute, entre les touffes dures il y a des trous de plus de 50cm.
Pédaler est impossible. Je porte mon vtt, trébuche, m'arrache la peau. Parfois, sans exagérer, pour faire un mètre il me faut plusieurs minutes!
En sang, à bout de force, je m'enfonce toujours plus loin, et la végétation devient de plus en plus dense...
Je rejoins la route à genoux...
Face à moi, "la montagne". Grimper, doucement. Grimper, surfer sur les pierres, les arêtes coupantes, les "escaliers naturels"...
En haut: redescendre par la piste de descente vtt, pour le plaisir. Et ... remonter.
Au point le plus haut, lâcher les freins, sauter les cailloux, taper de l'avant, de l'arrière, se laisser glisser, pour le plaisir.
Et ne pas fermer l'oeil de la nuit, tant mes jambes sont gonflées, rouges, lacérées...
Mais pour ressentir une telle ivresse dans la descente, il me fallait y laisser auparavant des lambeaux de ma peau.
Je me déchiquète, accroche partout des lambeaux de ma vie...
L'ivresse?
Un souvenir.
Et ce n'est pas la vitesse qui le rend flou...
C'est ma vie qui fuit...