Franz et Milena...
Lu chez ab6 ce texte bouleversant...
Je devais aller à la bibliothèque de Chateaulin, ramener des livres si souvent lus.
La bibliothécaire sait ce qu'écrire veut dire.
Elle a écrit le roman qui squatte ma table de chevet depuis que je l'ai lu
J'en connais des passages par coeur
J'en rappelle le titre: Journal de lumière, et son nom: Anne José Lemonnier.
Jamais une écriture ne m'a autant bouleversée...
Là bas, je me suis précipitée dans la rangée des "K"...
Et suis repartie avec 2 ouvrages
Bien entendu, je ne pouvais pas echapper à L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera, il fallait que je lise la suite.
J'ai
ouvert le roman , lu les premières pages, et immédiatement le texte
écrit chez ab6 m'a sauté aux yeux. Et là encore, dans ma voiture, j'ai
pleuré.
Einmal ist keinmal...
moi qui ne rêve que d'éternité... Evigkeit.
L'autre livre est aussi un "K"...
Les lettres à Milena, de Kafka (encore une traduction de l'Allemand)
Un livre dont parle "Journal de lumière"...
Résumé: wow...
Quand je pense aux mots que j'aligne... Je pourrais
disserter sur les lignes que je vais écrire pendant une vie entière, le
temps me manque, l'envie aussi, et ... les mots.
Kafka écrit:
"Aujourd'hui, Milena, Milena, Milena... Je ne peux rien écrire d'autre..."
çà parait idiot hein? Et pourtant, c'est magnifique. C'est çà la passion.
" Et reçois ce soir, pour bonne nuit, dans un même flot, tout ce que je suis, et tout ce que j'ai..."
Il savait donner le Kafka... (soupir de quelqu'un qui a écrit la même chose, en moins bien)
" Et ce bonheur de te revoir revivre entre le lac et la forêt, dans les montagnes, ce bonheur je ne l'aurais pas"...
M'enfin? Franz? C'est chez moi çà!!!! le lac, la forêt, la montagne!!!!! Copieur!
Ah bon, tu l'as écrit bien avant que je naisse? Zut!
Tu connais le Glaswaldsee? Et le Lac Noir, et le Lac .... Nan.
" Et c'est pourquoi, dans une certaine mesure, je suis indépendant de
toi, précisément parce que ma dépendance a dépassé toute limite"...
Addiction çà s'appelle... Et çà ne
s'explique pas, çà se vit. (Point barre). (soupir très très très très
long....)
"
Hier j'ai révé de toi, le détail m'en échappe, ce que je me rappelle
seulement c'est que nous ne cessions de nous tranformer l'un en
l'autre, j'étais toi, tu étais moi..."
Mais c'est pas fini ces trucs à dormir debout hein?
"
Je vivais de ton regard. Je n'avais pas sous les pieds de sol vraiment
à moi. Je ne me doutais pas de la hauteur à laquelle je planais au
dessus de mon propre terrain. Il a suffit d'un mot de vérité,
d'inéluctable vérité, pour me faire descendre un peu, d'un autre pour
accentuer la chute, et finalement rien ne m'arrête plus, je tombe, et
il me semble que c'est toujours trop lentement..."
ffffffffffffffffffffffuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuiiiiiiiitttttttttttttttttttt. splash.
Bruit de l'oiseau qui tombeeeeeeeeee....
" Plus tôt que jamais, c'est quand même jamais"...
Oui, et einmal ist keinmal...
" Je ne peux pas porter le monde sur mes épaules, c'est à peine si elles supportent le poids de ma veste d'hiver...
C'est une folie que de vouloir s'en tirer par ses propres forces, et celà se paye de la folie.
Je
ne peux pas, par mes propres forces, suivre la route que je voudrais,
Je ne peux même pas vouloir la suivre, je ne puis que rester immobile,
je ne puis rien vouloir d'autre, et ne veux rien d'autre non plus.."
Aïe .... Comme il était accro le Kafka!!! çà existe çà? Naaaaaaaaaaan.. Impossible...
çà
me rappelle certaines de mes paroles çà... Le besoin des autres pour
trouver le chemin, et pour y avancer...Ce n'est pas de la faiblesse!
C'est humain quoi!
"
Ce que tu es pour moi Milena, ce que tu es pour moi au delà de ce monde
où nous vivons, n'est pas écrit sur les chiffons de papier que je t'ai
envoyé chaque jour. Ces lettres, telles qu'elles sont, ne peuvent être
bonnes qu'à torturer, et si elles ne torturent pas , c'est encore
pire"..
Et Franz découvrit: l'insoutenable "çà ne veut rien dire"
des mots que l'on ressent mais que l'on ne peut traduire...
Et Franz découvrit que quand ces mots de désespoirs ne font pas
bobo à ceux qui les lisent,alors qu'ils sont censés les faire réagir,
çà fait encore plus bobo à ceux qui les écrivent...
" Comment a pu naitre l'idée que ces lettres donneraient aux hommes le
moyen de communiquer? On peut penser à un être lointain, on peut saisir
un être proche: le reste passe la force humaine. Ecrire des lettres,
c'est se mettre nu devant les fantômes, ils attendent ce moment
avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les
fantômes les boivent en route"...
Et hop! Un petit coup de machine à avancer le temps...
Après les lettres: le téléphone, les mails, les blogs, les ondes
radiométriques envoyées dans l'espace... Tout ceci sert à quoi hein? A
quoi quand en face les gens sont sourds, aveugles, ont le coeur et
l'âme cadenassés?
" Tout est exagération, seul le désir est vrai, le désir passionné lui seul ne peut être exagéré.
De même que quand je dis que tu es ce que j'aime le plus, ce n'est peut être pas de l'amour à proprement parler
L'amour c'est ce que tu es, le couteau que je retourne dans ma plaie..."
N de D... Franz, tu serais pas mort, je te tuerais...
Nan, je t'écrirais des lettres....
Et on comparerait l'étendu de la douleur qui s'y cache.
Et on en écrirait d'autres, dans le noir, pour ne pas voir les mots que l'on tracerait.
Et...
Merde, t'es mort Franz, t'es déguelasse...