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face au vent-avel a benn
7 septembre 2005

Envie soudaine de raconter une émotion forte,

      Envie soudaine de raconter une émotion forte, ressentie il y a quelques semaines.
      Pourquoi aujourd'hui? Je n'en sais rien et ne cherche pas à le savoir

      Il y a quelques semaines, je tentais de mettre un peu d'ordre dans le &#@%$¤$ qu'est ma chambre provisoire (qui dure longtemps! :-)) quand je suis tombée sur un paquets de lettres emballées. J'ai déplié le vieux papier, et curieuse, regardé ces enveloppes jaunies aux timbres anciens. Il m'a fallu un petit moment pour comprendre. Des timbres portant le visage de Hitler, des lettres postées d'Autriche, et soudain, l'émotion m'a étouffée.

     J'ai été élevée par ma grand mère, ma grand tante (sa soeur) et leur tante. Trois femmes, seules, et dignes d'être sanctifiées. Toutes trois sont décédées, et je me suis sentie totalement orpheline le jour de la mort de la dernière des trois. Là n'est pas le sujet, c'est un épisode douloureux de ma vie. Si je commence à vous raconter mon enfance, vous allez tremper vos clavier.
Ma grand mère avait un frère, qui fut emmené en camp de travail en Autriche en 1943.
Il n'en est jamais revenu. Mr X, résistant, mort pour la France comme on dit si bien...
Elle l'adorait, et en parlait si souvent.

     J'ai ouvert la première lettre, et j'ai commencé à lire.La vie habituelle d'un travailleur dans un camp. Tout d'abord optimiste, puis de moins en moins. Ecriture simple, moment d'émotion. Il demandait des nouvelles du village, de sa famille, de ma mère, de voisins...
Et je devais éloigner les lettres en les lisant pour ne pas les  couvrir de larmes. Insoutenable. Les lettres s'arretent en 1944, je ne les ai pas toutes.

     Je ne sais toujours pas comment ces lettres sont arrivées chez moi. J'habitais si loin, nous avons du les récupérer, par hasard, par erreur, je ne veux pas le savoir.
Ma grand mère est morte, sa soeur aussi, un an après jour pour jour. La maison a été vendue. La maison où j'ai grandi. Et tout, TOUT est parti. Viré. Détruit. Meubles vendus, papiers à la poubelle. Je n'ai rien pu récupérer, habitant à 1100km de là.
Je ne voulais rien, que quelques souvenirs idiots, sans valeur, mais qui avait marqué mon enfance. Je ne supporte pas l'idée de savoir que tous ces papiers, photos n'existent plus.

    Pour ma grand mère, son frère -un héros- était tout. Et je suis immensément fière et  heureuse d'être en possession de son courrier. Ces lettres là, au moins, auront échappé à la décharge. Et avec moi elles sont en sécurité
Ma grand mère m'adorait. Elle aurait été heureuse de me voir les conserver
C'est ce que je fais
Et de là haut, si "là haut" il y a, elle doit sourire.

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Commentaires
G
Je suis un peu une femme sans passé : la seconde guerre mondiale, l'éloignement géographique, un père qui racontait des sortes de légendes plutôt que la vraie vie et une mère qui souhaitait se taire, ont fait que je ne sais rien ou si peu de mes grands-parents à peine croisés (et encore pas tous). Des prédécesseurs au mieux une photo.<br /> <br /> Consciente de ce qui me manque, particulièrement en cette période-ci, je comprends terriblement bien ce que tu as pu ressentir.<br /> <br /> Et pourtant, je n'aime pas lire des correspondances privées sauf quand, comme celle du frère de ta grans-mère elles deviennent témoignages.<br /> <br /> C'est formidables que ces lettres soient en quelque sorte tombées sur toi, celle qui saura au moins les conserver ou peut-être, qui sait, en faire un travail de mémoire.
W
"vente en ligne clavier étanche"<br /> Bisou<br /> Désolé de ne pouvoir voir tes photos du guilvinec: ADSL en panne... temps de chargement : pfffff!
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