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face au vent-avel a benn
8 août 2005

un dimanche en Centre Bretagne

     Comme toutes les années, opération "pardon"
Qui a dit ? "elle a besoin de se faire pardonner?"
oui. d'être idiote. Mais ce n'est pas guérissable, donc l'absolution ne servirait à rien.
Un pardon, pour ceux qui ne fréquentent pas les longitudes à l'Ouest du méridien de Greenwich, est une fête champetre, qui débute par une messe -si possible en costume-, avec chants, bannières, le tout dans une adorable chapelle

    Sur la droite, vous remarquerez le calvaire édifié en 1621 qui représente Saint Bidule lors de ... Nan, pas de copié/collé d'un guide touristique, merci.

    Le pardon se poursuit par un repas, suivi de jeux bretons, musique si Fest Diez il y a , animations toute la journée si Fest Noz, et parfois (je ne veux vexer personne) beuverie.
Contrairement aux foirakons, un pardon est une vraie fête populaire, sympa ,et pas presse citron du tout
Du moins, en centre Morbihan, car dans le Finistère c'est parfois un peu guindé, et tristounet.
En Morbihan, c'est comme chez Felix Potin: on y revient!
je m'excuse auprès de mes  hypothétiques jeunes lecteurs: mes references datent un peu.

    Ce matin là, je me levais donc d'un pied hésitant et jetais un coup d'oeil optimiste par la fenêtre, et m'écriais: "super, je ne vais pas transpirer!"
Toujours trouver une note positive, même en plein mois d'Aout quand il pleut et qu'on doit se taper 120km de vélo.

   Parce que, j'ai inventé une nouvelle discipline culturophysique: le cyclosportismereligieux.
C'est à dire: une matinée de vélo à allure soutenue (du moins, j'essaie!) suivi d'un pardon.
Bon, c'est sûr, le coté religieux est un peu mis à l'écart dans l'orgie de nourriture qui suit, mais..

   Qui a dit? : "Mais la semaine dernière elle se disait mourante et elle se tape 120bornes"?
Vous avez raison: ce n'est absolument pas raisonnable
Mais que voulez vous, je reste une semaine vautrée sans rien faire et çà ne va pas mieux, alors ...
Je pète un plomb, et je choisis un circuit que j'adore, qui me motive, sans penser au chrono, seulement à me faire plaisir
Et tant pis si mon corps paye ensuite, pendant ce temps il travaille, et mon esprit se libère (un peu).
Un bol d'air pris n'est plus à prendre? moui.
120km de petites routes, de pluie froide, de goudron glissant ou bien de revetement défoncé (ou les deux)
Personne: le froid, la pluie, la route et moi.

      Pourquoi faire court quand on peut rallonger? Je fais un petit détour vers ma chapelle favorite (je vous en ai déjà parlé),endormie sous la bruine. Un lieu où je "ressents" quelque chose. Quelque chose entre elle et moi.
Une cote à fort pourcentage, qui se monte au ralenti comme un chemin de croix. La forêt silencieuse, et au milieu les pierres sages de la chapelle.
Les derniers km sont rudes, vent de face.
Je suis un peu en retard. Se changer, aller manger
Sous les tentes, la foule est déjà en place.

     Le repas est diététique, sinon je ne mangerai pas... tu parles
Un petit kir pour commencer, rien de mieux pour casser les jambes.
Je tente quelques étirements discrets assise sur le banc, le froid sur les gambettes pendant 4h20 çà laisse des traces.

     Notre serveur est un jeune homme inexpérimenté. Il va avoir du mal. Ici il faut faire la queue, et surveiller sa place.
Enfin la soupe! A table on n'entend plus que des grognements sourds, des bruits d'aspiration, et des "zut me suis taché".
Le bouillon de pot au feu avec du pain trempé dedans c'est bon, "un peu" gras, mais à peine. le raffinement on s'en moque un peu.
Nous agressons sauvagement le jeunot pour avoir une 2eme gamelle chaude, jouant à la peche à la carotte au milieu du pain.
çà y est, mon pantalon est baptisé! Une vraie cochonne (niark niark)
3eme assiette de soupe, çà va mieux.

     Pause crudités. Le cidre arrive: grosse bouteille à bouchon à l'ancienne, degageant une bonne odeur de pomme pourrie plus vraie que nature. Ce n'est pas du cidre de supermarché, il faut éviter de le remuer car au fond flottent quelques centimètres de trucs indéfinissables. Fait avec de vraies pommes, du 100% paysan.
A la table, début d'émeute: un groupe d'une dizaine de personnes agées en état d'hypoalcoolémie avancé manifeste. 2 bouteilles c'est trop peu!
Non mais! Le serveur court chercher une 3eme.
 
     Ce pauvre gosse va devenir le jouet de l'assistance, se faisant chahuter gentiment, il rougit comme un kir/mure.
Faut dire qu'il n'est pas doué. Ici c'est la jungle, faut courir, jouer des coudes, ecraser les autres serveurs, leur piquer leurs gamelles pleines.
Mon fils qui a tout pigé va lui même chercher sel et moutarde
Les plats à peine posés sont immédiatement engloutis, chacun tirant de son coté, et les morceaux de boeuf voltigent...
Du rab, du rab.... Les anciens, qui commencent à arborer une belle couleur rouge vif, reclament des patates.
Le pauvre serveur commence  à sentir siffler les pierres, le lynchage n'est pas loin.
A boire!
A boire!
Ce sont les mémés les plus virulentes. Z'ont payé pour manger et boire, partiront pas sans avoir sifflé une autre bouteille.

     De l'autre coté de l'allée, 2 jeunes couples au format Shrek et Fiona. Cigarettes pendantes aux lèvres, ils ingurgitent assiettes sur assiettes.
Heureusement, leur serveur a du métier et amène le rab sans qu'ils le lui demandent.
Faudrait d'abord pouvoir le faire, et pour celà avaler.
3eme assiette debordante de boeuf gros sel/légumes. Je crains un effondrement du banc, mais il tient bon.
Nous cachons le rab de légumes, on ne sait jamais.
Contre de tels gabarits on ne ferait pas le poids
L'arrivée d'une bouteille de vin pour le fromage declanche un concert de hourra, si ils n'avaient pas peur de faire basculer le banc, ils entameraient une ola.

      Dans la région, çà écluse sec, et pas que sur les canaux.
La tendinite du coude doit sévir. A propos, mon genou se reveille, pourtant je n'ai pas l'habitude de boire avec les pieds.
Distribution de fromage: un par personne. Impossible de faire ceder le serveur qui s'enfuit pour éviter les sévices corporels. 5 minutes après mon petit revient avec 2 parts de camembert. Regards haineux de Shrek et Fiona.
Pour déclancher une bataille rangée, suffirait de jeter une part au milieu de leur table.
Le serveur avoue sous la torture avoir donné le camembert à mon fils.
Distribution de rab aux anciens, il tente ainsi d'éviter la pendaison aux structures de la tente.

     Ici, point de lambig pour faire descendre le café. C'est totalement illégal, pourtant il y a 3 semaines, à 8km de là..
Nous esperons que le café arrive chaud. La cafetière télécommandée n'existant pas, il nous faut compter sur le serveur totalement débordé avec ses parts de far aux pruneaux.
Du rab! Du rab!
Arrivée du café. Zut, il a oublié le sucre
ou alors c'est Fiona qui a tout mangé?
Arrivée du sucre: m'en moque , j'en mets pas.
Enfin gavés, les anciens sont plus calmes. Ils vont voir ailleurs si la buvette plantée dans le pré est accueillante.
A coté, Shrek et Fiona 1 et 2 sont partis. Déjà?
Mon mari demande du rab de café.
Retour de Shrek et Fiona: il restait un bol de sauce tomate, çà aurait été dommage de gacher! je rigole? oui ,quand même!
Notre innocent serveur revient avec une cafetière fumante.

     Hurlements à la table de derrière. Une excitée se lève, bondit, et agresse serveur et mari.
"on a pas eu de café! (menteuse en plus) et certains sont resservis! c'est honteux!
on nous dit: pas de rab (faudrait savoir, t'en as eu ou pas?) mais alors, y en a ou non?
Faut pas monopoliser etc..
Le pauvre serveur a commencé à creuser un trou pour se cacher à l'aide d'une petite cuillère.
Je préfère ne pas répondre. La dame "bien comme il faut" a du abuser de cidre frais, et dans ces cas là il vaut mieux ne rien dire. Et ma répartie serait cinglante.
Non, pas de claque, plutôt quelque chose comme:
"mais madame, à la maison de retraite on vous laisse boire du café malgré votre état nerveux?"
Ou pire..

     Je me souviens: Dans une boulangerie une dame agée avait la facheuse habitude de courcircuiter sournoisement tout le monde. Quand on me demande poliment, je sais laisser mon tour. Mais elle le faisait d'une manière qui me hérissait le poil.
Raclement de gorge: "Madame, vous ne m'auriez pas passé devant par hasard?"
" oh pardon, je ne vous avais pas vue!"
Et moi de répondre, sourire faussement commercial: " Mais allez y chère Madame, j'ai toute la vie devant moi, MOI"...
Silence...

    Madame "ulcère à l'estomac en formation" repart avec son café
De quoi aggrandir ses trous
Nous tentons de réconforter le jeune serveur: " çà ira mieux l'an prochain , tu auras du métier et tu vas les dresser ces grincheux"...

    C'était: "Chronique d'un dimanche ordinaire en Centre Bretagne"
Sans aucune exagèration

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Commentaires
M
tu sais que tu me donnes des envies de fuite là ?! (fuite de paris bien sûr !!!)<br /> et puis il/elle a raison kitsune : le melmor c'est pas possible, sauf si t'as jamais bu de chouchen, auquel cas t'en reboiras jamais ... (et y'en aura plus pour les autres ;-p )
M
Bonjour j'en redemande des Chroniques "ordinaires"<br /> comme celles-ci. Des souvenirs reviennent<br /> à la surface. Marie
M
Jeune serveur d'auberge martyrisé en l'an 40 avant JC. Il a été jeté dans une marmite par ses clients furieux.
G
120 km, mazette !<br /> J'ai fait 70 début juillet avec pause le midi et vu le degré de fatigue dans les jours suivants, j'admire (avec ou sans lambig).<br /> <br /> Ca me fait plaisir de te lire sur ce genre de sujets.
C
:) et un jour nous serons cote à cote sur ce banc?
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