vol de nuit...

8 avril 2005

Vol de nuit....

Ma copine la Mouette rieuse m'a demandé de parler de mes vols de nuits... Et voilà que je me trouve toute bete,ce qui est normal pour un oiseau au premier abord,mais que faire?

Elle pense certainement que mes nuits sont plus belles que mes jours (c'est pas un plagiat çà?) mais ce n'est pas toujours le cas. Mes vols de nuit ressemblent souvent au périple d'un avion qui partirait sans éclairage,et sans instruments de vols.

Avez vous parfois été tenté,alors que vous conduisiez,de fermer les yeux et laisser la voiture continuer sa route seule? çà m'est arrivé,dites docteur,c'est grave?

L'oiseau a des tendances suicidaires? Non,quand meme pas,mais parfois son attitude laisse des doutes.
Il sait qu'un jour il retournera en Irlande. Tout là haut,dans l'extrème nord,près d'une rivière rouge de tourbe,il grimpera sur les falaises,enjambera les moutons qui s'y accrochent sans peur,et s'approchera du bord. Là,à 600m d'altitude,il regardera en bas,et écartera ses ailes,en grand,comme le grand cormoran qui le nargue parfois,sechant ses plumes au vent du large.
A ce moment,et à ce moment seul,l'oiseau sera libre. Totalement libre,de décider du destin de sa vie. Personne n'aura la main mise sur son avenir,sur ses actes. Il sera libre de sauter,ou bien,comme il le fera,de replier ses ailes,de jeter un dernier regard sur l'océan et le soleil qui se couche,et de se retourner,descendre le sentier,le coeur leger d'avoir enfin vraiment décidé quelque chose dans sa vie.

Pour le moment,l'oiseau subit sa vie,il ne vit pas d'ailleurs,il survit,il lutte pour que chaque minute qui passe soit moins pesante que la précédente. Que lui reste t'il pour s'évader? Voler.
Le jour,il a tant à faire,il fait ce qu'il peut,mais ne vole pas loin,et la réalité des choses lui cingle souvent le visage.

Alors il reste les nuits.... Et ses vols de nuit.

Les nuits sont parfois plus belles que ses jours...Tout le temps en fait

Parce que,quand les jours ont été rudes,et que la nuit tombe,l'oiseau retrouve le calme,son coeur s'apaise doucement.Et si il n'arrive pas à s'endormir,au moins,il en profite pour écouter le silence,poser sa patte sur son ventre,sentir son coeur battre dessous,tenter de ralentir sa respiration pour trouver un hypothétique bien être...Et il regarde l'heure de temps en temps,se disant :"zut,bientôt le jour",pourquoi la nuit ne dure pas toujours?

Quand les jours sont commes tous les autres jours,l'oiseau part pour un autre monde. Celui des rêves. L'oiseau a compris depuis longtemps qu'avec un peu de volonté il pouvait par la pensée décoller dans la direction souhaitée. Il se couche tôt,feuillette quelques pages,en général il ne comprend même pas ce qu'il lit,et pire,il lui arrive de fermer les yeux en lisant...prélude au voyage... L'oiseau se detend,et déplie ses ailes

Il sait que c'est idiot,que les rêves et la vie vraie sont 2 choses distinctes,mais il est fatigué de lutter avec la vie,et de ressentir ce vide intense au fond de lui. Alors,pour se soulager un peu,il vole,même en sachant que celà n'arrangera rien,que la vie restera comme elle est... Au moins,pendant ce temps,il souriera à ses rêves,ses rêves qu'il se construit lui même,comme il batit son nid,petit à petit.

L'oiseau est bien,il n'a plus froid.Ses rêves lui tiennent chaud. Ironique,il pense que déjà quand il était tout petit,c'était ce stratagème qui lui faisait tenir le coup. Il ferme les yeux,et il plane. Le vent n'est jamais fort,jamais changeant,il est doux et souffle toujours dans la bonne direction,il lui tend sa main invisible et l'oiseau n'a même plus besoin de battre des ailes.
Il est emporté. L'oiseau frissonne,pas de froid ni de peur,mais de douceur... La nuit est claire,comme en juin quand le soleil tarde à se coucher. Il survole la mer,en direction de l'Ile,il sait que de nuit il peut l'atteindre,elle ne reculera pas comme elle le fait parfois le jour... Sous la lune,la mer brille comme en plein jour,on la dirait recouverte de milliards d'étoiles. Le roitelet qui révait d'être un albatros se laisse chavirer doucement,il sait qu'il ne se noiera pas,il sait que comme les cormorans il peut couler et remonter à la surface.

Vole l'oiseau.... Vite! Tu sais que bientôt,vers 4h du mat,l'angoisse et le froid reviendront te saisir,et tu te retrouveras dans ton nid glacé avec ta peur et tes doutes.

Pour éviter çà,il te faudrait te lever,et sortir. Aller voir le jour qui se lève en haut de la colline,et l'espoir reviendrait,par l'Est. Mais il fait froid,tu es épuisé l'oiseau.
Souviens toi.Un jour,tu étais allé voler à l'aube,sur la montagne toute proche. Dans le jour naissant,et dans un brouillard dense,tu avais gravi la pente,ne voyant même pas où tu mettais tes roues (euh...l'oiseau a des roues,c'est nouveau!) . Le silence était impressionnant,et les couleurs si douces. En basculant dans la descente tu n'avais même pas eu peur,saisissant chaque seconde de bonheur comme la decouverte d'une perle rare dans les huitres que tu aimes tant. Là l'oiseau,tu commences à avoir un peu bu non?

Mais on s'éloigne.... Ceci est un vol de l'aube....

L'oiseau aime la nuit,pleine d'instants magiques,il voudrait qu'elle ne finisse jamais.

Posté par Laouenanig à 18:28 - Commentaires […] - Permalien [#]