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face au vent-avel a benn
14 septembre 2009

pause bobo

Quelques mots pour vous dire que je ne vais pas être très présente.

Le 24 je file en formation sur Lorient, 230km de voiture par jour pour finir... chomeur non indemnisé. Mais c'est mieux que de rester à user le carrelage chez moi toute la journée.

Lorient... Savoir que je serai si près, et que je ne le verrai même pas.. grrr.. m'enfin... :)

Je ne pense pas pouvoir écrire beaucoup avant. Samedi aprem, nous sommes sortis en voilier par grand vent. Lors d'une manoeuvre de type "urgence çà craint", en repartant d'une ile où nous comptions manger, la dérive m'est tombée brutalement sur l'index gauche. Enfin, pas la dérive (sinon il serait tranché net) mais "le clou" qui la bloque sur le bateau.

Résultat: écrasement de la première phalange. Elle ressemble à une saucisse trop cuite qui aurait explosé :)

Conne, quelle conne.. çà m'apprendra à laisser trainer mon doigt où il faut pas. La voile battait, çà gueulait derrière, j'entendais rien, je me suis retournée, et hop.. la dérive dont je tenais le bout, qui coinçait quelques secondes avant, est descendue toute seule.

Et moi, à genoux sur le pont, trempée par les paquets de mer, serrant entre mes cuisses ma main dégoulinante de sang, je ... lavais les taches de sang sur le bois peint. Comme quoi, quand on est conne, on est conne... Je m'en suis voulue à mort, et je m'en veux encore.

Résultat: 2h aux urgences (un record). Pas de points de suture malgré la gueule béante du bout de mon doigt. Car parait il, quand c'est explosé comme çà, si on recout sur un doigt aussi gonflé çà tire tellement qu'on souffre ensuite beaucoup, et que çà risque de nécroser.

M'enfin.. ressortir des urgences avec des papiers sur lesquels il est écrit: "trauma voile". çà le fait! c'est quand même autre chose que "s'est coincé l'index dans une porte de WC" !!!

Le métier rentre, yeah! me voici une vraie voileuse! J'avais entouré un bandana trempé d'eau de mer autour de mon doigt. La désinfection à l'eau de mer, je vous le garantis: çà marche! et autre avantage, çà empêche de vous endormir, au cas où vous auriez sommeil. Le sel sur une plaie, c'est très sympa.

De retour au port, j'ai foncé aux lavabos histoire de rincer la main à l'eau douce, et j'ai découvert le carnage. J'avais eu la nausée sur le bateau, pas à cause des vagues (j'adoooooooore) mais due au choc. Ensuite, je me suis mise en quête d'une trousse de secours. Le mono de voile, venant à mon secours me dit: "et la dérive? tu l'as pas abimée au moins"?

Humour déplacé? Nooon, j'ai l'habitude! j'adore vanner les gens, j'accepte donc avec grand plaisir de me faire vanner. Surtout quand on est débutant. Les voileux sont sympas, mais adorent vanner! Surtout que le mono m'avait vu "taper" l'avant du bateau contre le ponton quelques semaines avant (je pouvais rien faire, j'ai sauté, mais le bateau allait trop vite, il a tapé avant que mes pieds touchent le ponton) . J'ai rajouté en rigolant: oui, si en plus d'avoir abimé le ponton (pas vrai bien sur) et l'avant du bateau j'avais aussi abimé le clou de la dérive...

Dimanche aprem. Une grosse poupée sur l'index gauche... Mon homme sait très bien faire les pansements, une vraie infirmière. Juste un peu moins de patience pour "tirer" sur le tulle gras, censé ne JAMAIS coller à la plaie, et qui naturellement COLLE...Aïe, bobo, aïe, bobo..

Nous retournons naviguer! A peine un peu moins de vent que samedi. Force 5, 6-7 en rafales. On a pris des tours de ris, et mis le foc, et non le génois. Avec des voiles réduites, le bateau est plus stable. Samedi on était encore plus réduits que çà mais çà remuait plus fort.

X, le second proprio du voilier vient avec nous. Je connais son humour, je sais d'avance que je vais me faire vanner. Avant même qu'il attaque, je contre: et non! je n'ai pas abimé la dérive, le clou n'est pas plus tordu qu'avant, le bois n'est pas éraflé, et j'ai même lavé le sang sur le bateau. X n'a plus rien à ajouter.. J'aime bien son humour aussi corrosif que le sel marin.

çà a remué fort, çà a mouillé fort aussi.. j'avais mis un sac plastique autour de ma main, histoire de la protéger. Sur ma tête, le bandana ex rouge sang, redevenu noir et blanc après lavage. Ma veste de quart est couleur sel, mon pantalon délavé par l'eau et le soleil aussi.

Balade extra. Soleil, vent, jolies vagues qui remontent discrètement le long de l'étrave pour venir tremper celui qui le plus à l'avant du bateau, les autres prenant ce qu'il reste de la vague. Le bonheur a le gout du sel... Plus loin, quelques voiliers trop toilés gitent dangereusement, ils semblent non manoeuvrants, çà doit paniquer grave:) Il suffit de réduire un peu la toile, et çà se stabilise...

Navigation étrange.. vent arrière, et 10 sec après, on se retrouve au près, etc.. J'aiiiiiiiiiiiiime!

Et j'aimerais vivre çà sous la pluie.

Ce matin, à Vannes, en regardant l'expo photo le long des remparts et au chateau, çà m'a pris... un commentaire du genre: "naviguer sur Roxy ( sa "skippeuse" a fait le Vendée Globe), c'est comme vivre un cycle long de lavage/essorage à eau froide".. Et moi, qui mourrait du mal de mer il y a peu, de rêver... N de D.. même si j'en meurs, faut que je vive çà!!! Pas le VG bien sur! Non, mais la mer, la grande, l'immense, qui te prend, te reprend, te remue.. Le bateau de course, la vitesse...

Pour l'instant, je vis la mer sur le Guépard. Avant que l'hiver n'arrive, et qu'il retourne abriter sa coque de bois au sec.

Au retour, en buvant une mousse, je rigolais: je vais aller aux urgences chirurgie esthétique: voilà 1 mois et demi que je fais de la voile, je dois bien avoir 12 rides en plus. Le soleil et le vent, c'est pas bon pour mon visage! Mouais.. mais au moins j'ai l'air en vie, même si à l'intérieur le flux et le reflux me vident parfois, me laissant échouée au bord de ma vie.

Hier, je pestais en silence de ne pouvoir rien faire, ni barrer, ni m'occuper du foc, ni même aider à quoi que ce soit ou presque.

En rentrant, X a dit "mais c'est qu'elle va bien dormir cette nuit madame, avec un coup de vent pareil".. pfff j'ai répondu.. La nuit d'avant avait été terrible. Terrible, ces insomnies à 2.

X a eu raison. J'ai dormi comme un bébé. Me manquait "juste" une présence à côté. Fou ce qu'il me manque... Hier soir, à la gare, en attendant mes enfants, il m'a dit: j'aime ton pantalon. On dirait une vraie voileuse maintenant. Clair... une couleur indéfinissable, plein de sel, et sur la cuisse droite les taches de sang d'hier.

Pourquoi j'ai mal.... Pourquoi quand je regarde mon doigt blessé je pense, avec un sourire infiniment triste: quand tu seras loin mon amour, il me restera cette trace de toi. Une affreuse cicatrice sur le bout du doigt, à jamais. Souvenir du temps où je naviguais à tes cotés.

J'ai tenté si fort de te haïr... Que je t'aime encore plus.

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Commentaires
S
oui,mais bon..c'est plus vraiment d'actualité....!!<br /> :))
S
Yesssssss !<br /> Ca a bougé !!!!
S
hé hé..mélusherlock a retrouvé le "jeu.."<br /> meme que j'ai enregistré la page web..au cas où....<br /> :))
N
Bonne chance!!!!
Y
quel numéro le Guepard ?
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