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face au vent-avel a benn
31 mars 2009

scions, scions...

Après Barenton et son massacre, voici quelques photos d'un bout de forêt où les tronçonneuses font rage en ce moment. Il est impossible de comparer. Ce qui s'est passé à Barenton, c'est abominable. Je ne connais pas la raison d'un tel massacre. Cultiver le coin? C'est en pleine forêt! J'ai vu des spectacles presque aussi terribles dans le centre Finistère. Des forêts de conifères, exploitées pour le bois. Quand l'heure est venue de couper les arbres, les engins arrivent, et rasent tout. Comme ces terrains sont très humides des ornières très profondes se forment. Ils tirent les troncs, laissent parfois les branches brisées au sol jusqu'à ce qu'elles tombent en poussière, arrachent parfois les souches. Les jetent dans un coin, comme sur une des photos de Barenton, ou laissent tout sur place. Quand ils sont partis, la forêt - avant dense et sombre - n'est plus qu'une pente désolée, un désert de boue qui ressemble à un champ de tir après un déluge d'obus. Et bien souvent ils ne replantent rien. Comment replanter sur un tel terrain? Parait il que la forêt augmente en France. Et bien pas en Bretagne! Ici, chaque centimètre de forêt est un centimètre de maïs en moins. Chaque centimètre de forêt peut être recouvert de lisier. Il faut donc raser le plus possible! De même pour les talus. Un talus plein sud, on peut comprendre (si vraiment on insiste) que le paysan désire le raser car il fait de l'ombre aux cultures. Mais les talus plein nord? En fait, tout arbre, de part son envergure, est un obstacle. Ses branches genent le tracteur pour manoeuvrer, et il perd ainsi au moins.. 20cm de terre à labourer. Derrière chez moi, une pinède. La fin, côté est, des Landes de Lanvaux. Depuis octobre 2006 date où je suis arrivée ici, des dizaines d'hectares ont été rasés. Et les terrains cultivés. Herbe, maïs, zone où on déverse le lisier. Ici, si ils pouvaient cultiver le bitume des routes ils le feraient. Mais bon, faut pas se plaindre! Quand j'habitais dans le Finistère c'était pire. Les anciens GR et autres sentiers avaient été purement et simplement labourés, puis cultivés. Je me baladais avec ma carte IGN, et hop, un champ à la place du bois, ou du sentier. Ici, on en prend le chemin. Le paysan responsable du massacre derrière chez moi est très sympa. Mais comme tous, il rêve de cultiver même le ciel si c'est possible. Et quand je découvre un nouvel hectare d'arbres rasés je suis consternée. Généralement c'est en courant, et çà me coupe les pattes. La semaine dernière tiens, le long du Canal de Nantes à Brest. Ici je le crie haut et fort: STOP AU BITUMAGE DU CHEMIN DE HALAGE!!! Les voitures y sont interdites, alors pourquoi tranformer nos chemins de balades en autoroute? Il faut s'unir! Riverains, pecheurs, marcheurs, vététistes, cavaliers! Arretons le massacre! Il y a une pétition à signer, je vais me renseigner. Si il existe une possibilité de le faire par internet je ferai passer le lien. La semaine dernière, donc, entre Saint Congard et l'écluse de Rieux.. Je cours. Soudain, je m'arrête, complètement désorientée. Je ne sais plus où je suis. Je ne suis plus passée ici depuis des mois, depuis 2008 il y a fort longtemps. En général je cours vers Malestroit. Il y avait ici un alignement d'arbres immenses, qui formait une perspective hallucinante. Il ne reste RIEN. Rien que de souches rasées à 50cm du sol. Tout au bout, un dernier arbre. C'est contre cet arbre que j'ai fait des étirements, avant de faire demi tour, contre le vent. Si j'étais restée là j'aurais chialé contre le tronc. Je comptais faire du fractionné le long de l'allée. Les jambes coupées, le coeur en vrac, j'ai la nausée. Je les hais. Parfois je me dis que finalement, il me faudrait vivre en plein désert. Là au moins, ils ne pourraient pas couper les arbres. Mais je suis sure qu'il existe aussi d'autres massacres en plein désert... Alors dimanche, je suis retournée courir dans "ma" forêt. Pas de tronçonneuses cette fois ci. Grandes manoeuvres, tirs en rafales... Ils ont heureusement débarqué sur mes terrains de course après que j'en ai terminé. J'ai marché 2h après avoir couru 1h30, voulant rejoindre la chapelle en ruines, mais j'ai fait demi tour pour ne pas gener. Au retour, j'ai pris quelques photos d'une zone actuellement en pleine coupe. Une forêt dense, sombre, pleine de branches sur le sol, où marcher était difficile. Actuellement, certaines zones sont recouvertes de branches. Le travail a été interrompu. çà peut paraitre impressionnant, mais çà ne m'a pas coupé les jambes. Un peu plus loin, les branches ont été soigneusement entassées, et le bois rangé en tas. Le sol est bien dégagé. Les arbres semblent désormais un peu trop éloignés les uns des autres, mais ils vont pousser. En hauteur, comme ils le faisaient, mais surtout en largeur. Et ils en ont besoin! Quand on regarde la partie de forêt où la coupe n'a pas commencé, c'est là que l'on prend peur. Les arbres sont si serrés qu'ils restent trop fins, poussant désespérément vers le ciel pour chercher la lumière. Il y a donc les coupes "bombardement lourd, opération on détruit tout", et les coupes intelligentes, saines, propres. Soupir... C'est peut être parce que cette forêt là n'est pas une forêt privée, où les proprios font n'importe quoi, comme derrière chez moi. Je ne sais pas si elle est gérée par l'ONF (les panneaux le disent, mais bon, c'est quand même un cas particulier). En tout cas, ceux qui viennent couper ici ne sont pas les proprios des lieux, ni ceux qui y bossent. Ils ont obtenu le droit de coupe, et je pense que tout est controlé, dirigé, qu'ils ne font pas ce qu'ils veulent où ils veulent. Les arbres sont marqués. Qui les marque, je ne sais pas. Qui décide, je ne sais pas. Tout ce que je sais, tout ce que je vois, c'est que le travail est bien fait. Alors je dis merci à ceux qui savent encore prendre soin des forêts... _smallP1060658 Près de l'étang, le domaine des sangliers. Pas de coupe ici. Mais la lumière était merveilleuse. C'est d'ici que je commence à courir. _smallP1060659 Première phase des coupes. Les branches sont à terre. _smallP1060660 ON devine au fond la forêt primitive, avant la coupe. Désormais la lumière inonde le coin. _smallP1060661 Limite entre la zone de coupe et la forêt. La différence est flagrante. _smallP1060662 A première vue on pourrait penser au début d'un massacre. Il n'en est rien. Tout sera débité, rangé, nettoyé. _smallP1060663 Ici on voit bien l'état de la forêt. Arbres fins, en surnombre. Rien ne peut réellement se développer. La coupe a commencé, les branches forment des obstacles infranchissables. _smallP1060664 _smallP1060666 Et voici la forêt après le rangement :) Forêt mixte ici _smallP1060667 _smallP1060668 Ils ont épargné les plus gros arbres. J'ai toujours une certaine angoisse au fond des tripes... Découvrir ici des zones dévastées. Comme chez moi, comme à Brocéliande... Le feu ravage parfois la lande. Je sais ce que c'est qu'un incendie. J'ai vu, il y a fort longtemps, 4000 hectares de pinède bruler autour de mon village, dans les Bouches du Rhone. Le feu sur la colline, le vent fou, les bouts de bois qui explosaient, et retombaient sur les toits des maisons... Le lendemain horreur. La route qui fumait, le gris partout. Peut être un mètre d'épaisseur de cendres, et des squelettes de pins calcinés. L'enfer... C'était un feu d'origine criminelle. Transformer des hectares de forêt en champs labourés, c'est aussi criminel.
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