12 janvier 2009
Perso (bis) ;) Terra... Tschêl...
Tiens... Ce matin, coup de blues.
Le redoux, le vent fou, la pluie qui gicle sur les vitres.
Pourquoi alors il a fallu que je pense à ce soir là? Ce soir où je suis tombée amoureuse de la Suisse?
J'en entends qui pensent très fort: "comment peut elle être amoureuse de la Suisse, de l'Allemagne, de .... de .... , de ....
Mais y a la place! (dans mon coeur). Ce n'est pas incompatible!
Je vous l'ai racontée cette histoire là, en avril 2008. Vous y aurez droit une seconde fois, pour ceux qui n'avaient pas lu.
Jour blanc sur Malbun, Liechtenstein. White hell comme disent les Anglais. Neige, brouillard si dense que je dois rebrousser chemin, ne voyant même plus mes pieds.
En fait, ils étaient dans 2m de neige, logique que je ne les voyais plus. Mais... je ne voyais même plus la neige!
Le soir s'annonce. Et soudain, me vient l'envie folle de prendre ma voiture, de filer à Zermatt. Voir LA montagne. Celle dont je rêve depuis.. même avant d'être née.
Je descends à Vaduz, je traverse le Rhin, entre en Suisse, file droit sur Chur (c'est une ville, pas le centre hospitalier du coin!! :)).
Juste après Chur, la pluie lourde se transforme en neige. Le bitume est très noir. Je n'ai pas peur, je me sens très calme. Si çà coince, je resterai dans la voiture, c'est tout.
Comment? Il fait moins quelque chose? pff... on y pensera, quand viendra l'heure.
Je roule, et je vois les panneaux. Je les lis, et je fais comme si je ne les avais pas lu. Ils ne traversent pas cette couche d'amour, plus épaisse que la neige qui tombe, plus forte que le froid.
Je traverse des villes endormies, alors qu'il fait encore jour. Dehors le froid est terrible. Et nous sommes en avril.
Petit à petit, la Suisse change. Enfin... Du moins j'en découvre une autre. Bah... Disons qu'à part Zürich et le Liechtenstein, la Suisse que je connais est celle de la solitude des sentiers de montagne, où tu n'es même pas sur d'être en Suisse d'ailleurs.
Je m'enfonce dans le canton de Graubunden, "les Grisons" en français.
Villes colorées, aux maisons peintes. çà ressemble à l'Italie du Nord, mais on en est encore loin. Enfin, pas si loin que çà finalement.
Je lis les panneaux, j'oublie ce que je viens de lire...
Arrive un dernier panneau, plus gros que les autres. Cette fois ci j'arrête de faire comme si je n'avais pas lu. Je pourrais faire demi tour maintenant, la "fin" est encore à 20km. Mais je continue. J'ai voulu aller à Zermatt. Je sais maintenant (je le sais depuis le premier panneau) que je n'irai pas. Mais j'irai aimer ce dernier mètre.
Tschamut.... Fin du voyage.
Quelques maisons de bois. Un vent qui te couche par terre. Sur ma droite, un hotel portant l'inscription "source du Rhin". En allemand bien sur.
Mes yeux brulent, le froid est si vif! Et il y a autre chose que le froid. Je me revois en avril 2007, après des heures de marche dans la neige allemande, enfin trouver la source du Danube. Marcher encore, jusqu'au bout de mes forces. Ouvrir la porte d'une auberge, écouter la patronne me dire de m'asseoir, boire d'un trait le verre de schnaps qu'elle me met dans la main sans rien dire.
Ce soir là, je n'irai pas chercher la source du Rhin. Autour de moi il n'y a plus de routes, tout est blanc.
Devant moi ce panneau rond, cerclé de rouge. Fin de la route.
Devant moi, Oberalppass, fermé, logique, parce qu'en Avril. Voilà bien 100km que je le savais, et j'ai continué.
Tschamut, village vide, où règne une température polaire. L'envie me vient de dormir là, dans ma voiture. Et la raison me pousse à remettre le contact.
Je regarde ce village perdu, au "bout de la route", comme si il s'agissait du paradis enfin retrouvé. Sensation pure.
Je suis amoureuse...
J'ai remis le contact, fait demi tour. Filé vers Vaduz. M'arrêtant dans toutes les petites villes traversées, photographiant les maisons peintes. Le coeur plein d'amour. Lisant avec émerveillement cette langue que je découvrais: le rumanstch. L'une des 4 langues nationales suisses.
Enfin... naturellement, il n'y a pas qu'un rumantsch. Il y a en a 5, selon que l'on vit dans un coin des Grisons, ou dans un autre.
Comment pourrait il en être autrement! Je rigole...
Les différences sont sensibles. çà va d'un romanche très très latin, à quelque chose de plus "schwiizerdütsch-isé" :)
Je pense, ce soir là, que c'est la plus belle langue du monde. Et je le pense toujours.
C'est doux, mais pas si chantant que l'Italien. Plus brut plus sauvage, plus.. plus.
Comme cette région de Suisse. Sauvage, austère, mystérieuse.
Déjà, quand on écoute parler les Suisses du Prättigau (partie extrême nord des Grisons), on sent la différence.
Le Suisse allemand, côté sonorité, c'est très germanique. En plus trainant. Plein de äaaaaa... Mais dans le Prättigau, c'est encore plus doux. Loin du suisse allemand parlé vers Bale, de celui de Bern, de celui de Zürich, de .... ces langues que l'on parle dans l'extrême sud ouest de l'Allemagne (et oui, dans ma Forêt Noire on parle le dialecte!), de... l'Alsacien :)
Le schwiizerdüstch du Prättigau (et celui du Liechtenstein, très proche) , c'est tout un poème!
Soupir... Carschina Hütte, cet été. Devant mes 60cl de bière dorée comme la peau des gars et des filles du coin, comme leurs regards clairs, j'écoutais chanter les mots... Ne pigeant rien, mais heureuse.
J'ai traversé ces villes, dont je ne vous donnerai pas le nom pour la simple raison que je l'ai oublié. Qu'elle importance? J'étais en état d'extase, et en même temps bien, si bien sur la Terre.
Je suis arrivée à Vaduz tard, trop tard pour dormir au chaud à l'AJ. Alors j'ai repris la longue route en lacets qui file vers Malbun, et dormi dans mon carrosse, les jambes pliées en deux, dans un froid intégral.
Le lendemain, il faisait un soleil éclatant. Amour.
Miss (oui toi, c'est à toi que je parle.. :)), ce matin je t'offre le Pslam swisser, en rumantsch.
Tu verras... même si tu ne comprends pas le romanche, tu comprendras. Avec le coeur.
D'ailleurs, tu dois le connaitre en version française, pas possible autrement hein? ;)
Note à Mélusine:
PAR PITIE NE COLLE PAS LA TRADUCTION FRANCAISE EN COMMENTAIRE CES MOTS LA JE LES AI VOULUS EN ROMANCHE OK?
:)
Si vous voulez la traduction, ouvrez google et cherchez, c'est hyper simple. Noméo!
D'ailleurs je tiens à préciser que la version française que vous trouverez n'est pas la traduction EXACTE du texte en romanche. Que la version allemande est aussi différente, ainsi que la version italienne. Compliqués les Suisses? A peine!
En l'aurora la damaun ta salida il carstgaun,
spiert etern dominatur, Tutpussent!
Cur ch'ils munts straglischan sura,
ura liber Svizzer, ura.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
Er la saira en splendur da las stailas en l'azur
tai chattain nus, creatur, Tutpussent!
Cur ch'il firmament sclerescha en noss cors
fidanza crescha.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
Ti a nus es er preschent en il stgir dal firmament,
ti inperscrutabel spiert, Tutpussent!
Tschiel e terra t'obedeschan
vents e nivels secundeschan.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
Cur la furia da l'orcan fa tremblar il cor uman
alur das ti a nus vigur, Tutpussent!
Ed en temporal sgarschaivel
stas ti franc a nus fidaivel.
Mia olma senta ferm,
Mia olma senta ferm Dieu en tschiel,
Il bab etern, Dieu en tschiel, il bab etern.
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