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face au vent-avel a benn
22 juin 2008

2 miss

Etrange état que le mien.
Etrange aussi ce refus d'en parler.
Pourquoi? Inutilité.

Et comme l'ont dit et répété certains: certains ont fait des choix, alors maintenant, faut pas en faire un film, zavaient qu'à faire plombiers (quoi que, plombier, c'est dangereux aussi parfois).
Et puis crotte, allez, j'en parle. Mais ce ne sera qu'un résumé de résumé, et je n'écrirai rien de personnel.

Cette aprem, la tête encore démontée par une nuit blanche "cause voisins", je vais vous parler de deux miss.
two miss, in ingliche? yes.

Elle s'appelait Sarah. Non, elle n'avait pas huit ans et sa vie n'était pas que nuages blancs (dixit JJ Goldman).
Sarah était une jeune femme souriante, aux longs cheveux blonds. Elle avait 26 ans.

Mais Sarah avait eu la drôle d'idée de choisir l'uniforme comme tenue de travail.
Elle était bien au chaud depuis quelques mois, là bas, loin, vous savez? dans un autre monde, celui qui fait boum, du côté de l'Afghanistan.
Sarah, la semaine dernière, se baladait en voiture avec 4 de ses camarades. Non, elle n'allait pas bronzer à la plage, elle faisait son job.
Des 5 occupants du véhicule, il n'en reste qu'un. Blessé, il s'en sortira. Les autres ont fait boum.

Et hop... Ben quoi? On va pas en faire un film? Après tout, combien d'hommes et de femmes crèvent sur les routes françaises, et combien d'ouvriers crèvent aussi, dans les usines, chaque jour, sans funérailles nationales, sans drapeaux sur les cercueil hein, alors saprès tout, si ils avaient choisi cette voie là, faut pas venir pleurer maintenant non?

Certains ont toujours raison...
Moi, que voulez vous, à force de me balader un peu partout de page en page, j'ai presque l'impression de les connaitre, ces 4 disparus.
Cinq autres ont trouvé la mort, la même semaine, dans le même pays.

Et les civils? Combien tombent aussi, et on n'en parle pas?
Certainement...

Un peu plus bas, toujours dans le monde qui fait boum, en Iraq, les canons ne s'arrêtent pas. Mais pourquoi je m'inquiète hein? On se le demande...

Moi, je lis tous çà, en tentant de prendre du recul...

Le sourire de Sarah m'a remuée. Elle est la première femme à tomber dans ce conflit.
S'il vous plait, n'allez pas leur dire, à ceux qui sont là bas, aux familles, à ceux qui attendent, à ceux qui pleurent, qu'ils sont des warriors of a wasted land... Il faut leur dire "we are proud, proud of you..."

Dans le fracas intense de mon atelier (le bruit est terrible en ce moment), il fait presque frais, et je fais étrangement silence.
Rien ne se bouscule à l'intérieur, tout est bien rangé, juste pas envie d'en parler.

Miss Sarah m'a tiré les larmes, et c'est une autre miss qui a réussi à me faire sourire à nouveau.

Stephanie. Minuscule bout de femme, très jeune (je ne connais pas son âge), avec de longs cheveux blonds aussi.
Une ligne, j'ai cliqué, demandé le contact. Elle a accepté.
Alors j'ai pu accéder à son album de photos.
Stephanie est toute mimi mini, toute mince... Quand elle porte son "armure" elle ressemble à un culturiste surgonflé. Contraste étonnant!
Stephanie sourit, en touillant un immense plat de pates, en participant à l'annif d'un de ses amis, le regardant déballer ses cadeaux. Lui, si noir, au sourire si blanc, si blanc que son cadeau, un maillot de foot anglais en parait blanc sale à côté.
Stephanie sourit, entre deux Afghans à la peau chocolat, qui sourient aussi.
Stephanie sourit, sous son casque, dans l'hélico, assise à côté de sa mitraillette qui, juré, est plus grande qu'elle.

Au milieu d'une discussion, j'avais lu une phrase, d'un mome qui disait:  j'ai 19 ans et je viens de finir mon 1er tour (les 6 à 9 mois qu'ils passent en enfer).
Mais ils l'ont choisi hein, alors!

Les mois passent, et Stephanie avoue qu'il fait très chaud, très très chaud... Sur cette dernière semaine, elle lache, sur son profil, quelques mots.
J'ai perdu un ami...
Par pudeur et respect, je ne lui demanderai pas lequel des 9 était ce.
Qu'importe la réponse?

Elle a perdu un ami, et quelques minutes après, elle a du retourner touiller sa gamelle de pâtes, nettoyer sa mitraillette, grimper dans une jeep, rouler au hasard des bombes planquées sur la chaussée.
Elle doit en parler à ses amis, mais elle n'étale pas sa douleur sur son profil. Elle n'est pas payée à la ligne qui fait mal, aux grammes de larmes versées par ceux qui cliquent sur son nom.
D'ailleurs, ce n'est pas un blog, pour accéder à ses photos, il faut faire partie de ses contacts.

J'espère pouvoir communiquer par mails, mais les minutes sont comptées, et ils ont tous leurs familles à rassurer, avant de lacher quelques mots à leurs contacts du net.

Après le sourire de Sarah, celui que plus personne ne pourra recevoir, je préfère garder très fort en moi celui de Stephanie.
Ils sourient, ils grimacent, ils semblent si soudés, ils iront au bout, ensemble.

Take care miss... And come home safe, to your family and your friends...
Un seul pays, un seul enfer, 2 miss. Une est partie, l'autre showmustgo-onise et fait de son mieux chaque jour. Heads up, go on...

2 miss, çà s'écrit two miss. A l'oreille, çà pourrait s'entendre et se comprendre "to miss"

Pour ceux qui vraiment ont des lacunes, to miss, c'est l'infinitif du verbe "manquer"...

These words are dedicated to:

C. Sarah Bryant
C. Sean Robert Reeve
LC. Richard Larkin
Paul Stout
Died on Tuesday 17 June 2008.

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Nathan Cuthbertson
Daniel Gamble
Charles Murray
Died on Sunday 8 June 2008.

LC. James Bateman
Jeff Doherty
Died on Thursday 12 June 2008

RIP. My heart and thoughts are with the families' of all.

...As the stars that shall be bright when we are dust,
Moving in marches upon the heavenly plain;
As the stars that are starry in the time of our darkness,
To the end, to the end, they remain...

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Commentaires
L
Loïc, il y a des jours où je voudrais juste prendre l'autoroute, ou dormir dans un pièce tiède, au coeur d'un bonheur accessible.<br /> au risque de paraitre étrange, en ce moment, je suis toujours fidèle à certains de vous, que pourtant je ne lis pas souvent.<br /> fidèle à ce que vous êtes derrière vos mots.
T
Toujours les chemins plutôt que l'autoroute, toujours le difficile, l'inaccessible, l'incompréhensible, et c'est bien pour çà que je suis fidèle aux mots de Laouen.<br /> <br /> Loïc
Z
....Je ne dis rien mais c'est bien triste, et puis ...quoi dire quoi ajouter a tes mots si justes, ....comme toujours <br /> <br /> <br /> Avec les bisous et la fidélité de zibulinette
G
Je passe de temps en temps.... Pour le plaisir de vous lire. Et j'apprécie la diversité de vos choix, parfois en décalé, mais jamais hors de propos. J'aime!
R
toujours cette sensibilité à fleur de peau ... j'adore tes billets , toujours des choix surprenants , mais très justes , je suis très admiratif !
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