23 avril 2008
Himmel... (8)
Et nous voilà credi!
Belle journée en perspective!
Car il fait très beau ce matin.
Mais çà ne durera pas! Dans la vallée oui, j'ai regardé la météo de Vaduz, mais pas ici, entre 1600 et 2000m.
Je vois les nuages noirs au loin, la neige arrive.
Pause "office de tourisme".
Je pose, encore une fois (comme si je ne me doutais pas de la réponse!!): puis je aller à Pfälzer Hütte?
Là, j'étale ma carte, montre la voie de l'Augstenberg, dis que j'étais là dimanche, parle de Täli Höhe, et de Valüna.
La dame est désolée, elle m'avoue ne rien connaitre du tout à la montagne, et remplacer son collègue.
Devant mon air désappointé, elle me dit d'attendre, et me sert un café.
Là, elle va passer 20 minutes au téléphone, appelant Vaduz, différents organisme, causant à pas mal de monde, pour finir par des pro de la montagne. Je pige à peu près vu qu'elle cause allemand. Dingue! Enfin quelqu'un qui ne cause pas le dialecte local ici!
Le résultat est net et bien tranché: pas question!
Même si vous êtes "fit" (en forme, en anglais)
Même si vous avez des snowshoes, enfin, des schneeschuh, bon bref, des raquettes quoi!
Lawine, lawine, lawine....
Tiens, c'est amusant çà aussi!
Quand un étranger tente de prononcer "Laouen", çà ressemble un peu à ce mot là "Lawine"...
Cette ressemblance étrange me fait rire... Lawine, c'est "avalanche" en allemand.
Elle me site tous les sentiers (le mot est mal choisi), disons, tous les anciens sentiers recouverts sous 2m de neige que je peux emprunter sans risques.
J'avais fait mon gros sac, optimiste que j'étais...
Je remercie la dame, un zeste de regret dans la voie, un zeste bien amer, et je lui affirme que je vais obéir à ces pros: j'irai me balader jusqu'à Sassförkle, et pas plus loin.
Quand je referme la porte de l'office de tourisme, que je vois le soleil, les pentes blanches où personne n'a encore marché depuis les chutes de neige d'hier, quelque chose se déchire...
Je sais que je vais apprécier chaque pas, même si je ne grimperai pas, même si je vais devoir rebrousser chemin au croisement des pistes de Sassförkle, là où des invisibles sentiers m'emmeraient vers le sommet blanc pur du Gallinakopf, ou du Stachlerkopf et du Schönberg, et vers... les emmerdes.
Voici ma chambre:
Il a neigé très peu cette nuit. Je marche dos au soleil, dommage, mon beau bronzage ne rougira pas plus!
Laouen?
Ok... Sassförkle! :)
Neige vierge.
Etrange sensation...
Au début, on hésite presque.
C'est le ciel descendu sur terre, et on va le piétiner!
Ensuite, on pose le premier pas... Et on dit merci, merci, merci, merci...
Pardon aussi, pardon d'oser marcher sur le ciel.
Mais en fait, le ciel est heureux, il sourit... Et il n'a pas besoin d'écouter mes "je t'aime", il le sait!
Comme hier vers Valüna, neige pure... Mais je me sens différente. Paix...
Je m'enfonce, même avec les raquettes c'est fatiguant, ce faux plat qui n'en finit pas. Je ne dépasserai pas 1850m, mais chaque mètre sera un cadeau.
`
A force de faire des photos, et de m'émerveiller en silence devant le paysage, je me fais rejoindre par un vieil homme, qui porte dans le dos des raquettes de bois.
Pointe de jalousie... :) Je veux fouler la neige pure!
Naaaaaan, je rigole...
Il mettra rapidement ses raquettes, marcher ici est épuisant.
Certains ont peur de leur ombre disait J...
Oui, et pire: certains ont même peur de la lumière!
Ne me demandez pas de vous parler de ce que j'ai ressenti en prenant cette photo. C'était un pur instant vertical.
L'homme s'est arrêté, a ôté la neige d'un banc, et m'a dit: je reste ici.
J'ai continué...
Peu après l'instant lumière, sur la droite, tout en haut d'un grand sapin, un oiseau a poussé un sifflement. Je lui ai répondu.
Une seconde de silence... L'oiseau siffle à nouveau, et je souris.
Je vais passer 10 bonnes minutes à lui parler, et il me répondra.
Le silence est intense, aucun autre oiseau ne chante. C'est donc à moi qu'il parle, au ciel, au soleil...
Si vous saviez... (certains savent), le silence...
Le silence des cimes, le silence le plus pur, celui que la neige rend encore plus... silencieux.
Oui, quand le silence se tait vraiment, c'est là qu'il nous parle le mieux.
Kôa? Faut que j'arrête de fumer la moquette?
Naaaaaan! Moi je bouffe de la neige, chacun son truc!
Comment? mes photos se ressemblent toutes, j'aurais du choisir?
Bah...
Non!
Ecureuil noir joueur...
Vous avez vu la couleur du ciel: la neige arrive! C'est merveilleux.
Pourquoi cette photo?
Parce que çà:
En fait, sous l'étendue blanche de la photo, il y a un minuscule lac. Interdiction de marcher ici. Dangereux, certainement, mais je pense aussi que le site est protégé.
Hier, en marchant vers Valüna j'ai eu la surprise de découvrir un panneau fabuleux qui expliquait en allemand que toute la zone était une zone de silence. On a le droit d'y marcher, sans sortir des sentiers balisés, mais on doit aussi rester silencieux, car toute la zone appartient à ses véritables propriétaires: les animaux.
Les animaux dorment en hiver, et même le reste de l'année ils en ont ras le bol des gloussements des touristes...
Ce matin, un panneau rappelait aux marcheur de controler leurs chiens, voire même de les garder en laisse. Tout ceci était résumé par une photo très trash: une biche éventrée par un chien...
Revenons en au paradis blanc.
Il n'est pas beau ce sentier?
Il brille... Je repense, comme cet hiver en Allemagne, à ces fous qui se tuent pour chercher les diamants de la Terre, alors que ceux du ciel sont là... à perte de vue. Que l'on peut les toucher, les sentir, les gouter...
Le piquet que vous voyez mesure 2 mètres :)
Et encore, on peut trouver plus de neige!
Grand moment "ici et maintenant"...
Au détour d'un virage, apparait sous la neige, une bruyère d'hiver, une vulgaire bruyère "de base"...
C'est tout simple, mais j'en frissonne.
Quelques pas de plus, et l'émotion me reprend.
Je sais qu'il y a des rhododendrons ici, j'en ai rencontré l'an dernier, bien plus haut encore, à 2000m vers Täli Höhe.
Ici, le rhodo des Alpes est chez lui, mais il lutte, lutte...
Celui ci est assez pitoyable, certaines de ses branches sont sèches, mortes. Il est bien moins étalé et plein de force que les touffes immenses des pentes qui montaient vers le refuge...
A genoux dans la neige, je vais manger avec bonheur ce blanc qui le recouvre... C'est un geste d'amour pur.
Ok... sous la neige il était peut être plus au chaud! :)
J'arrive à Sass... Sass, c'est un paradis constitué de sapins, de pentes, de plusieurs mètres de neige, et de deux chalets dont l'accès serait impossible même si les portes en étaient ouvertes vu l'épaisseur de neige devant.
Ensuite, je vais marcher jusqu'à Sassförkle, le "carrefour de Sass", là où les sentiers se séparent, avant de devenir minuscules sentiers, grimpant vers les sommets.
Là, il me faudra stopper. Plus aucun balisage visible, le danger, et la solitude. Interdit ils m'ont dit! ok.
Laouen?
Viiiiiiiiiiii!
500m encore et je fais demi tour, j'ai promis!
Je marche sur le tourniquet :) Si vous saviez! j'ai aussi marché "sur" des barrières de 1m50 de haut, que je devinais car je connaissais leurs présences!
Et voilà... Je ne fais pas un pas de plus. Tout droit, c'est le Gallinakopf, une merveille!
A gauche, c'est le Schönberg, où je voulais aller, mais où je n'irai pas.
Demi tour...
Je plonge dans les vagues douces de la neige
Je m'approche des chalets
Je regarderais bien à travers la porte, mais bon...
Bon, maintenant il me faut retrouver l'autre sentier qui descend vers Malbun.. cherchons un poteau!
En voilà un autre
Zoom sur le paradis de Sass...
Bon, je retourne à mon jeu de piste...
Là, c'était limite! :)
çà n'a l'air de rien comme çà, mais je vous jure: il faut une bonne carte, et un certain sens de l'orientation.
Et du.. feeling.
De l'amour? Est il vraiment necessaire que je le précise?
Sans amour, vous pouvez marcher ici, mais il y a des choses que l'on ne sent qu'avec le coeur.
Ici, j'ai aimé avec mes yeux, mes pieds, ma peau, mes mains, ma bouche, mon coeur...
Autoportrait ridicule:
Je continue ma descente
Je suis des traces d'animaux...
Petite parenthèse: voici quelques traces:
L'abri d'un petit animal, et ses traces.
J'ai vu un renard gris hier soir, superbe!
Descente...
Et là, en pleine descente, encore un moment d'émotion. Perchée sur le vide, une minuscule cabane de bois, un refuge, un vrai.
J'imagine sans peine la chaleur qui doit envahir le coeur de celui qui a marché, qui s'est perdu, qui tremble de froid, devant ce qu'il va trouver à l'intérieur.
Ce n'est pas mon cas, je n'ai pas froid, ni faim, et je ne suis pas perdu, mais cette minuscule pièce me bouleverse.
Une porte qui s'ouvre (miracle). Une chaise, une table de bois...
Impossible de dormir ici, sans virer les meubles dehors!
A terre, en vrac, du bois coupé. Et des vieux journaux.
Et dans le coin près de l'entrée, ceci:
Et bien, c'est à pleurer, je vous le jure!
Un toit, du bois pour se chauffer, et faire chauffer de l'eau...
Kôa?
Et si vous êtes perdus, gelés, épuisés, et sans eau?
CITADINS VA!!!!!!
:D
La suite ce soir, ou demain..
Pour l'instant le supermarché ma pelle.
oups.. m'appelle.
Je crois que j'ai trop vu de neige moi! et de pelles pour la déblayer...
Ici, il y a un balai dans l'entrée des resto, et des magasins. Tu tapes tes pieds dehors, tu prends le balai, et tu te nettoies les chaussures.
Vous savez quoi?
L'infini me m'appelle plus...
J'y suis.
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