Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
face au vent-avel a benn
25 mars 2008

Ar C'hab... ici et maintenant (4)

Lire le début plus bas! Vous êtes de grands garçons et de grandes filles, je ne prends même pas la peine de mettre le lien :-) Cinglée? C'est le résumé des 3 commentaires! En anglais: "nutcase". Je peux vous dire que ce mot là, je le connais! Et bien oui! Mais, franchement, je ne vois pas ce qu'il y a de si extraordinaire à aller marcher sur le GR34 sous les giboulées. Quand on a un travail de con comme moi, que l'on a 3 jours de "repos", on ne choisit pas sa météo, on fait avec! Ah mééééééééé.... Je sais! J'aurais pu dormir pendant 3 jours (tu parles!) Me reposer le corps. Et j'aurais fait quoi? A part tourner et retourner tout ce qui m'emmerde dans ma tête pendant 3 jours, ou rester assise devant cet écran d'ordi? Je peux vous dire que si j'ai souffert du froid, et surtout des pieds, par contre, aucune trace de "boule au creux de l'estomac" pendant tous ces kilomètres! Je reviens donc à mon récit. Samedi, il est presque 18h, j'arrive près d'un groupe de maisons, et des batiments agricoles. Plusieurs possibilités. Trouver une maison secondaire, une maison de "Parisien", avec un abri pour voiture ouvert, ou un truc du genre, et squatter. Je me rends rapidement compte que ce hameau est habité, pas l'ombre d'une maison de Parisien ici, la vue n'est pas assez "bouleversifiante" :D Je me dirige vers le hangar... Des vaches, de la paille, en voilà une bonne idée! Deux inconvénients majeurs: je suis terriblement allergique aux puces, et je vais donc le payer très très cher si je dors la dedans. J'imagine la tête du paysan quand il va débarquer tout à l'heure pour la traite, ou pour les nourrir... Je m'abrite contre le mur sud. La grêle est forte. Le chien vient me surveiller, j'ai ouvert une barre de céréales pour l'amadouer si il grogne. Quand l'averse s'est calmée, je repars... Je vais longer toutes les maisons, j'en trouverai bien une vide! Sinon, je me planquerai quelque part, et à la nuit je m'approcherai d'une maison habitée, et hop, dans le garage, ou près du tas de bois! Lever du camp à 6h, personne ne me verra. Un paysan me fonce dessus en tracteur, et s'arrête. Je ne comprends pas un mot de ce qu'il me raconte. Je renonce d'ailleurs à vous décrire le personnage, vous trouveriez çà trop caricatural! Disons que ses yeux louchent fortement, qu'il ricane bêtement sans arrêt, et que si il me proposait de m'héberger ce soir (en partant du principe que j'aurais compris ce qu'il me dit!) je battrais immédiatement le record du 20km course sur le GR34 avec ampoules sous les pieds et sac de 65l.... Tout ce que je comprends, c'est que dans le coin personne ne fait gite, chambre d'hotes. Ben oui! Je joue à la touriste cherchant un lit, je ne raconte pas que je vais squatter! Je continue à avancer, j'emprunte un chemin défoncé. Là, je croise un grand chien, un homme à vélo, et je me rends compte que ce chemin est privé, alors je ressors ma question bateau "je peux rejoindre le GR34 par ici"? Non me dit le gars, faut couper par le champ, ici c'est marécageux après. Et là, je me lache, c'est décidé, je vais faire du porte à porte ce soir!: je suis en galère, je cherche un coin pour dormir, une grange, un garage... Le gars me dit: bah... tu peux dormir chez moi. C'est ouvert, je file promener le chien. Alors là, la moitié de mes lectrices féminines est déjà évanouie, l'autre se jette sur le téléphone pour appeler "urgence psy",et les hommes hésitent entre les deux: s'évanouir, ou appeler du secours: Laouen est cinglée! Et alors? Laouen, femme seule, va accepter de dormir chez des gens qu'elle ne connait pas? Je n'ai pas beaucoup de fric sur moi, je ne vais pas me faire dévaliser. Ah... vous pensiez à autre chose? Permettez moi de poser mon joker. Moi, si j'y pense à çà, en filant droit vers la maison ce soir là, c'est sans angoisse. Je suis une routarde, je vis à l'instinct, et l'instinct me dit d'aller me mettre au sec car çà va déluger grave d'ici peu. Une maison immense, du genre "en travaux pour la vie" (je connais!) Un feu de cheminée, des canapés. Je vais poser mon sac de couchage là, et ce sera parfait. La soirée? Etrange... Des gens, plein de gens, des rires... La bagnole, Audierne, un bar près de l'embarcadère de l'ile de Sein, comment pourrait il en être autrement? Une bière pression, une seule. Je raconte un peu mon chemin, je parle de mes gosses... des sadiques que je crains pas, quand je dors seule dans les forêts allemandes... Et ils rigolent, me rassurent: t'es bien tombée ce soir, pas de sadique ici! Un petit gamin adorable, qui s'enfile des grands verres de cassis. Le cassis, c'est un piège: tu commences à mettre de l'eau dans du sirop, tu finis par mettre du blanc dans de la crème... Soudain, mon regard part vers la gauche. Je suis dans un bar chauffé, mais j'ai toujours sur moi un tee shirt, deux polaires, une veste thermique, et un k-way.. mais là, si je frissonne, c'est pour autre chose. A ras l'océan, la lune se lève, immense et rousse. C'est indescriptible. J'ai laissé mon appareil dans la maison, et dehors il fait si froid que je n''aurais pas eu le courage de sortir. Lentement elle s'élève, sans perdre sa rousseur. C'est du "ici et maintenant" à l'intérieur de mon "ici et maintenant"... Et me voilà repartie, je vais aller manger un peu, et dormir. Demain, de retour près de mes gosses et de leur père, je ne leur dirai pas franchement: "je me suis retrouvée seule avec un mec vivant seul avec son chien", histoire de ne pas les alarmer. Je ne parlerai que des amis, des rires... L'homme est un solitaire, et il doit sentir que j'en suis une aussi. Alors il vit sa vie, se fait chauffer un truc, pendant que je fais chauffer ma soupe... Là, il me propose de lire mes mails sur son PC portable, si je veux, et j'éclate de rire! Je suis venue marcher au bout du monde, je suis déjà bien plus loin que le bout du monde de "pas mal de monde" (dans leurs têtes), ce n'est pas pour me plonger dans internet. Voyant que je suis raide morte, le gars monte se coucher, en me disant: y a du pain, tu manges ce que tu veux demain matin, tu pars quand tu veux, moi je ne me lève jamais avant 10h... La chienne se couche près de moi sur le fauteuil, je déplie mon duvet, je suis toute habillée dedans. Une heure après je ne dors toujours pas, je ravale un décontractant musculaire, j'ai les jambes bouillantes, les pieds en feu, et le cerveau en ébullition... Peu à peu, le calme se fait, dans le bout du monde de mon cerveau. J'enlève les couches de fringues, ne gardant qu'un polaire. La cheminée plus le duvet ont enfin eu raison de ce froid qui me rongeait les os. Je suis couchée au chaud, j'entends le vent, le ciel est clair, je vois les étoiles, et je regarde la lune, pile poil face à moi, par la fenêtre s'envoler... Euh, non, sans volets... Enfin, les deux. Terminus nuit.
Publicité
Commentaires
D
Le com que j'ai laissé hier s'est perdu... peut-ête que j'étais trop émue!!! J'ai laissé un post chez moi, pour que d'autres découvre la Bretagne en compagnie d'une cinglée!!!
J
"je regarde la lune, pile poil face à moi, par la fenêtre s'envoler..." Rien que pour lire cette phrase cela vaut le peu d'effort d'avoir tout lu jusque là. <br /> <br /> Je bénis la providence qui fait que l'on rencontre encore des gens ouverts à l'accueil
L
oh si, des cingleries il y en a! :-)<br /> Klegdouarn, tu avais raison aussi, pour ton comm du départ.<br /> Ce matin, j'ai osé me croiser dans une glace: j'ai de petits yeux, mais pour la première fois depuis un mois, j'ai l'air en vie.<br /> Alors tu connais la personne qui m'a hébergée?<br /> Noooooooooon! c'est dingue çà!<br /> Je n'ai même pas cité le nom du hameau!
K
J'ai reconnu l'homme au chien qui propose de lire tes mails, c'est drôle non ?<br /> A part ça, je vais faire grosse, très grosse tache dans le concert des comms, je ne reviens pas une seconde sur ce que j'ai écrit avant ton départ.
A
Pour l'instant, je ne trouve pas la moindre cinglerie, sinon celle du vent!<br /> <br /> J'ai laissé tomber les blogues, et je ne raconte plus, mais j'ai pensé à toi hier avant de sombrer dans la non-pensée... J'étais en plein dans une épreuve d'endurance inédite! Quelle importance, en fait, le seul truc qui compte c'est ce que tu fais, toi. Simplement parce que c'est ce qui t'emmène vers ce que tu feras!<br /> <br /> Bel atterrissage!
Publicité
Derniers commentaires
Publicité