24 mars 2008
Ar C'hab... Ici et maintenant (3)
Début plus bas!
lisez ici ensuite!!!
Je reviens sur le "non but" de cette marche:
En effet, je n'avais aucun but. Je voulais aller jusqu'à la pointe du Van, et remonter ensuite sur Audierne, mais ensuite j'ai compris qu'il me faudrait m'arrêter à Plogoff, ou avant, ou... qu'importe?
Je ne tomberais pas en dépression si je n'y arrivais pas, si j'avais trop froid, si le ras le bol me prenait!
Je voulais simplement prendre plaisir à chaque pas posé sur ce GR, aller où mes pas me conduiraient, et j'étais sure,avant même de commencer, qu'ils me conduiraient vers des moments intenses.
Je n'avais pas tort!
Et je sens qu'il me faut aller jusqu'à la pointe du Van. Je n'avais pas tort non plus... Ce sera inoubliable. Mais je vous en parlerai quand le moment viendra, et là vous saurez ce que c'est que d'être Breton...
Une plage, un groupe de maisons.. c'est ici que je vais manger un peu, en tentant de m'abriter derrière une haie.
Prévoyante, j'enfile un caleçon sous mon pantalon, et je déplie le k-way.
Et oui! Je ne marchais pas avec le k-way, même sous l'averse, car on étouffe là dedans! Mais la fatigue commençant à se faire sentir, il me faut me couvrir avant de prendre froid.
Et je suppose que le reste de l'après midi va être arrosé.
Le mot sera faible!
En bas des falaises, çà remue très très fort. Les vagues sont cassantes.
Le premier muret de pierres seches... souvenir d'Irlande...
Parfois, le GR34 est large, et plat. En général, il mesure 20cm maxi de largeur.
Les rafales se renforcent sous les grains. La grèle me surprend tout au bout d'une pointe, le vent est terrible, je me retrouve à genoux. Il m'est totalement impossible de me relever, le vent me plaque au sol. Je vais rester ainsi, immobile, attendant l'accalmie, et peinant, aidée par mes batons, pour me remettre debout. Le gros sac (65l) est un handicap important par grand vent.
Même ce genre de situation ne me décourage pas.
J'ai simplement très mal aux pieds, car je souffre d'échauffements terribles en général, et le sentier très accidenté n'arrange rien, le vent renforce le problème en me faisant me tordre les pieds, et en réduisant ma vitesse.
Qu'importe les kilomètres?
Physiquement, j'ai les muscles! On ne compte pas en kilomètres, mais en heures, et ce sont les heures et non les kilomètres qui font souffrir les pieds.
Passé Beuzec, plus aucune maison sur des kilomètres. La côte, qui était sauvage, le devient encore plus, les découpages sont plus profonds, les détours plus longs, et la fatigue s'accumule. J'avoue ne plus du tout savoir où je suis, et je m'en moque...
Je sais que bientôt je vais entrer dans la réserve de Goulien, et que là, si je veux un abri, il me faudra remonter vers la civilisation.
Je surveille la presque ile de Crozon... Il pleut toujours sur le Menez Hom... Tiens! Je peux voir les tas de Pois de la Pointe de Pen Hir! C'est fabuleux!
Une minuscule plage... Certainement la plus belle de la côte nord, car inaccessible, ou presque. Un sentier à la limite du vertical y descend, défendu par un panneau d'interdiction. La mairie (et elle a raison!!) interdit l'accès à la plage. Celui qui y descendra quand même ne viendra pas se plaindre si il se rompt le cou, ou se fait noyer par la marée, car la plage doit se remplir à une allure folle, et si une vague déferle, il est trop tard pour grimper sur la falaise.
Sur la plage, abandonnée...
Et les pointes succèdent aux pointes, et je n'ai plus aucun repère, et je n'ai qu'une paire... de pieds, qui demandent du repos, et il n'y a plus aucun arbre, ni même un buisson, ni même un rocher, pour me poser 5 minutes....
Au loin, la civilisation.. Un champ d'éoliennes, des batiments lointains. Je suis confiante, je trouverai un abri.
Mais...
La côte est tellement découpée que les distances sont trompeuses. Il me faudra des heures pour atteindre le niveau des éoliennes... Je ne sais plus exactement où je suis, car entre Beuzec et Goulien, elles poussent par dizaines...
Et le temps, vire au noir...
Et le déluge vire au déluge en expansion :-)
Je regarde ma montre, il est 17h, je dois commencer à trouver un abri. Pour l'instant, j'avance, courbée en deux, protégeant ma joue droite des gifles violentes de la pluie et des glaçons cinglants.
Je suis fatiguée. Et si je ne prends plus plaisir à mettre un pied devant l'autre, je dois arrêter pour aujourd'hui, et garder des forces pour trouver un abri. Au loin, vers le Sud, je finis par apercevoir des toits, un batiment... Je quitte le GR34, sur un coup de tête.
Pas inquiète du tout.
La suite me donnera raison...
Cette marche sauvage, dans une nature sauvage, me fait me rapprocher des hommes, à l'instinct.
Cette marche sera faite de belles rencontres, qui ne font que commencer.
Publicité
Commentaires
V
J
M
M
S