An Intel (12)
Etel... Connue pour sa barre quasi infranchissable.
Je vous explique:
Un "chenal" naturel, la rivière d'Etel, nommée Ria, un espèce d'immense fjord, pour les non bretons.
Par ce chenal l'eau s'engouffre à vive allure à marée montante, et s'enfuit aussi rapidement, à marée descendante.
Par morte eau (coefficients de marée très bas) la sortie vers l'océan est possible à toute heure.
(ne pas confondre "morte eau" avec "marée basse", rien à voir! il y a des marées hautes de morte eau, et des marées basses de vive eau" :-))
Par vive eau (coeff assez haut) les bateaux qui ne sont pas assez puissants ne peuvent ni sortir d'Etel, ni y entrer.
Une "barre" défend l'accès au port. Un mur d'eau infranchissable...
Si vous voulez pêcher ici, par vive eau, il faut attendre l'étale (l'heure où la marée "renverse", c'est à dire quand elle a fini de monter, et qu'elle va descendre, ou l'inverse)
Sinon, vous jetez votre ligne qui soudain se met à filer, filer.. Trop vite, et trop loin.
Je me souviens d'une journée de pêche, en mai 1992, jour de grande marée, ou presque.
Soudain, l'eau s'était calmée. Miraculeusement.
Pendant ce temps, les moteurs des petits bateaux rugissaient, et se lançaient face à la barre...
En ce jour du 1er novembre 2007, la barre est partie en vacances. C'est morte eau. 51 de coeff (pas de pastis, de coeff)
J'ai beau chercher une trace de la barre, rien. L'eau est aussi plate que mon tour de poitrine.
Voici la fin de la Ria, quand elle devient océan (côté Plouhinec)
Plat, tout plat...
Rouillé, tout rouillé... Et encore, je ne vous montre que le "pittoresque", pas les bunkers, et les restes métalliques divers qui jonchent le site depuis plus de 60ans...
Bizarrement, les épaves du Magouer dérangent la municipalité, soit disant dangereuses...
Mais ces "épaves rouillées" sur la barre ne semblent pas la déranger. Etrange... et pourtant dangereux!
Gris, tout gris...
Sur la plage quasi déserte, un rocher aux formes étranges regarde l'autre rive
Je contourne le rocher, glisse plusieurs fois sur des roches plates découvertes par la marée, et découvre enfin la barre d'Etel.
Tas de rouille, les bords coupants et acérés. accessible, depuis plus de 60ans certainement.
Bon, ok, je sors... :-)
Mais quelque part tout au fond, j'ai la rage quand je fais demi tour, et que je retourne vers le cimetière de bateaux.
Au loin, invisible, la vraie barre sommeille, elle attend son heure...