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face au vent-avel a benn
18 octobre 2007

c'est bo-livie... et beau la vie...

Mon chef direct, régleur du tour, m'a prêté un petit livre hier.
Après le chocolat, le café, et le thé "commerce équitable", j'ai découvert le "livre solidaire". Editions "équilivre" :-)

C'est l'histoire toute simple d'un enfant bolivien, qui peut être lue par les enfants. Une histoire vraie, et même les noms sont des noms réels.

Et je souris...

Quelle coïncidence étrange... et merveilleuse.

Ma copine Mélu m'avait raconté que dans son métier (cuisinière dans les châteaux) elle avait travaillé pour une des descendantes directe de Simon Patino. C'était un métis bolivien, qui reçut une mine d'étain en salaire, qui y fit fortune, et devint le plus gros producteur d'étain du monde, un des hommes les plus riches du monde.
Par contre, il avait du oublier son origine, et savait matter la rébellion de ses ouvriers... à la mitraillette.
Avec ses milliards, il avait logiquement fréquenté les très grands de ce monde, fait faire de beaux mariages à ses enfants, et tous ses descendants étaient nobles, comtesses jetsetteuses, etc.

Ce pays, dont la capitale, La Paz, se situe à 3600m d'altitude, est un pays d'excès.
D'un côté les milliards, et de l'autre le peuple affamé, et 17 millions d'enfants qui travaillent, et vivent le plus souvent dans la rue.
Sans scolarisation, sans enfance...

Oui, j'ai vraiment souris. Malgré les larmes versées parfois.
Le bouquin est écrit comme parle un enfant, puisque c'est un enfant qui raconte. Aucun trémolo, aucun gémissement. Un simple récit.

Ce livre nous conte l'histoire d'un jeune garçon, dont la mère est morte en lui donnant la vie. Son père était mineur, mais il buvait un peu trop. Petit à petit, il est devenu alcoolique. Il a pris une nouvelle femme, dont il a eu un autre fils.
Cet homme était un très bon ouvrier, qui était allé étudier et parfaire son métier en Allemagne (il était très apprécié dans son travail, juste récompense) , et il avait donné à ses enfants nés à son retour en Bolivie, deux garçons très bruns de peau, deux prénoms allemands, les prénoms de ses amis de là bas. En remplaçant curieusement les deux "J" initial par deux "Y". (les deux prénoms des deux enfants commencent par un Y)

Il partit travailler dans une autre mine, la mère du 2eme fauta, et du se sauver pour sauver sa peau. Le père resta seul avec les deux petits, puis ils partirent à la capitale. Peu à peu, l'alcoolisme du père empira, et ils durent vivre dans un bidonville.
Le plus grand des enfants (qui raconte l'histoire) apprit à vivre dans la rue, à se débrouiller, et à chaparder de temps en temps pour s'offrir quelques bonbons.
Le père partit bosser très loin, et laissa ses fils seuls, en donnant un peu d'argent à une tenancière de bar qui devait leur apporter à manger de temps en temps. Elle ne les visita qu'une fois en 3 mois. Le plus agé des garçons fut forcé de ramener de quoi manger pour son frère et lui... Le plus grand avait à peine 10ans, et encore...

Au retour du père, ils partirent vivre là où il travaillait, mais à chaque fois l'alcool le faisait perdre son emploi, et ils durent revenir à La Paz, dans le bidonville.
Le plus jeune des enfants n'allait pas à l'école, le grand y allait, mais fut rapidement entrainé dans une bande d'enfants des rues.
On lui  proposa d'aller vivre chez son oncle, et il accepta, laissant son père avec son frère à la capitale.
Commençà pour lui une longue errance... Vivant chez son oncle, puis chez un copain... Volant, puis travaillant dur sans être payé...

Il apprit le décès de son père. L'alcool l'avait tué. Son frère avait comme lui été balloté un peu partout, et il ne savait plus où il était depuis des années.

Tout au long de ce livre, l'enfant raconte la faim, la misère, mais surtout la misère affective, car il explique que plus que la faim, c'est le manque d'amour qui le déchirait. Il n'avait jamais eu de mère qui l'embrassait, jamais un geste d'affection.
Il aimait son père, et son père les aimait à sa façon, mais il était esclave de la boisson.

Par hasard, l'enfant, à 14 ans environ, rencontre un couple de Français, qui s'occupe des enfants du bidonville, et qui a déjà adopté deux enfants bruns de peau.
A la rue, il finira, désespéré et affamé, par aller frapper chez eux, pour dormir quelque part.
Ces gens là vont lui proposer de l'adopter.
Là, il leur parlera de son petit frère, qui n'est jamais allé à l'école, et dont il ignore la localisation.

En allant voir son oncle, puis ceux qui avaient hébergé le petit avant de l'abandonner à l'orphelinat, ils retrouveront le deuxième petit bolivien, brun de peau, et sans amour. Jamais sa mère ne s'est inquiété à son propos, il ne l'a plus revue depuis qu'elle a quitté son père.

Ils seront adoptés tous les deux par ces Français, qui retourneront vivre en France, quelque part en Bretagne.
L'auteur du récit mourra malheureusement d'un cancer, juste après avoir écrit ce livre, n'ayant gouté au bonheur que trop peu de temps.

Ma copine Mélu a côtoyé une des descendantes du milliardaire bolivien... Elle n'était pas brune de peau, ni de petite taille...
Mélu vit dans le village où je travaille.
Moi, mon métier ne me placera jamais sur la route des rois de l'étain des hauts plateaux boliviens.

Il est midi trente. J'ôte mes gants noirs de graisse, puant l'acier sale.
Je fais partie des trois ouvriers de l'équipe du matin qui va quitter l'usine.
Les trois ouvriers de l'équipe de l'après midi entrent, nous saluent rapidement avant de filer vers leurs machines. Même pas le temps de discuter 1 minute, ici c'est interdit.
Ils me serrent la main, ne reculant pas devant la saleté de la mienne, car les leurs seront dans le même état dans quelques minutes.
Parmi ces trois ouvriers là, il y a un jeune homme de 23-24ans, de petite taille, très brun de peau.
Il porte un prénom allemand, commençant curieusement par un "Y", au lieu du "J"  initial.

Je ne dis rien, mais je souris...

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Commentaires
M
emouvante ton histoire..<br /> c'est drole quand même les conicidences!!!!<br /> je viens juste de rentrer....<br /> tu passes quand pour un café???<br /> ou+!!<br /> bisoux
J
Alors là, tu me laisses le cul par terre. L'histoire était déjà formidable . Mais que tu croises un des protagonistes du livre, c'est vraiment fort ... de café bolivien. J'ai de quoi rêver pour la journée.
L
j'interviens, à 3h46, tout en mangeant un oeuf...<br /> peut être que certains n'ont pas compris:<br /> <br /> le jeune ouvrier brun de peau au prénom commençant par Y est le petit Bolivien adopté par ces Français, dont le frère décédé a écrit le livre.<br /> c'est pour çà que mon collègue m'a prêté ce livre.<br /> je crois que ce n'était pas très clairs, et certains n'y ont vu qu'une coïncidence.<br /> <br /> bonne fin de nuit à vous!
L
Jolie chute ! L'as-tu fait remarquer à celui qui t'a prêté le livre ? il a bien du faire le rapprochement lui aussi.<br /> Lis bien, dors bien. et prends toujours et encore soin de toi sur ces fichus tours
D
L'alcool est une sacrée saloperie, bousilleuse de vies par cercles concentriques... Un cache-misère qui l'accentue encore...<br /> <br /> Un copain bolivien nous parle souvent de "La Paz", "Sucre", "Cochabamba"... pour nous des noms magiques...<br /> <br /> Bon moral et de beaux moments à toi, miss Laouen !
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