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face au vent-avel a benn
12 octobre 2007

journée ordinaire...

arrrggggghhh... le dredi, le meilleur jour de la semaine!
Hier, j'ai vécu une journée affolante.
Une commande qui ne pourra être honorée, pour plusieurs raisons: pièce difficile à faire, délai impossible, et scie à découper la matière totalement dépassée. HS 2 fois, réparée, disques à tronçonner de daube, rien n'allait.
Avant hier, le régleur a travaillé pendant 13 heures. Payé 8 bien entendu.
Alors  hier, quand à 17h30 on lui a demandé de régler le 2eme tour pour qu'il produise la même pièce que le 1er, il a dit  non et est parti.
Et sans prononcer un mot, nous lui avons tous donné raison.

On m'a collé sur le tour qui marchait. Un boulot de dingue... Déjà, depuis midi et demi je n'avais pas le temps de respirer.
Passer chaque barre à la meule pour enlever les bavures dues à la scie
mesurer (si çà dépasse une côte, le tour explose!)
Tourner
Retourner la pièce
Tourner l'autre côté
Poncer la pièce car l'outil porté au rouge  l'a "brulée"
Mesurer
Mettre dans le carton
Etc...
1 minute 49...

J'ai pris rapidement le rythme, pendant qu'un des chefs réglait le 2eme tour.
Problème: il tapait dans mon stock de pièces meulées, et me laissait ses pièces finies à poncer... Cool..
Pourtant, j'avais encore de l'avance dans la préparation des pièces.

Après 6h de travail, je demande à ce que l'on me remplace, envie de prendre ma pause, je suis en pleine crise d'hypoglycémie. Habituellement, je laisse le tour se reposer, mais là il faut qu'il tourne.

Le 2eme tour réglé, un ouvrier est venu se coller dessus. Problème: il n'a jamais tourné et ne connait rien aux cadences infernales.
Il n'arrivait pas à meuler ses pièces pendant qu'une tournait, et il s'est mis lui aussi à taper dans les miennes.
Il ne relançait pas une autre pièce pendant qu'il ponçait la pièce finie.
Bref, il était largué... Et il m'interrompait toutes les 2 secondes pour me demander ce qu'il devait faire.
Et moi je me disais: Laouen, tu en es à ta 4eme semaine de tour, sans jamais avoir touché un outil de ta vie avant, et tu es là, à montrer le boulot à un jeune qui a des années d'atelier... wahhhh....

Pendant que la pièce tournait, il fallait courir à la découpe, et ramener des caisses de barre qui pesaient environ 40kg.. ou plus.
J'ai cru ne jamais pouvoir la porter au niveau de l'établi.

La meule lançait des copeaux enflammés, et nous travaillions les portes des tours ouvertes, pour surveiller l'usinage qui est très délicat.
En priant un peu pour que la machine ne cartonne pas et ne nous envoie pas un bout d'inox ou de fonte en pleine poire à 200km/h?
Non, même pas, pas le temps de prier...

Le chef, en partant, me demande: çà ne vous dérange pas de faire une heure en plus?
Il avait du voir que j'avais le coup de main et la cadence...
Ah mééééééééé que si çà me dérange! Mes gosses sont seuls et m'attendent pour manger!
Il n'insiste pas.
A peine a t'il quitté l'atelier que le tour qu'il a réglé déclare forfait. Outils mal serrés. C'est le régleur demain qui va rigoler...
Le jeune a laissé sa place à un autre jeune qui a de l'expérience en tournage, il tente de réparer...
Ce n'est pas ainsi que la commande sera terminée à temps...

Enfin arrive l'équipe de nuit!
Et c'est au moment où "çàpeuxpluscontinuercomçà" s'approche de mon tour que l'outil déclare forfait. Rien de grave, on change la lame, et çà repart..

Je file vers ma voiture le dos en compote.
A minuit trente, un bruit me réveille. Les voisins... je les hais.
Impossible de me rendormir. Les yeux ouverts, je meule, je tourne, je retourne, je ponce...
Avec un soupir, à 1h j'avale un décontractant musculaire, et peu de temps après je sombre.
Ce matin, j'étais HS, j'avais pris le cachet trop tard. Après avoir mené les enfants à  l'école j'ai du me remettre au lit pendant 45min, histoire de retrouver mes esprits.

Pendant ce temps, à l'atelier, çà doit être panique générale. L'heure tourne, et tout doit être foutu, c'est la fin des haricots, et les carottes sont cuites...
L'erreur vient des bureaux, de ceux qui ont accepté la commande alors qu'ils ne savaient même pas si elle était réalisable.
Le patron va perdre un gros client.
Et qui va prendre, d'après vous?

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Commentaires
L
Franchement, où est pire, Laouen ? travailler dans une boulangerie un we/2 mais faire des semaines de travail apportant une dose raisonnable de fatigue et te laissant raisonnablement disponible soir et matin plus un (vrai) we sur deux, ou ce travail précaire de semaine en semaine, qui t'épuise et qui te bouffe TOUS tes we. <br /> Je sais, pour l'avoir vécu, que ce qu'on sacrifie n'est pas toujours ce qu'on croit et que ce qu'on préserve, n'est pas toujours également ce qu'on croit. Parfois, ce qui semble le plus difficile ou "tabou", n'est pas le plus invivable. On est surpris d'en faire le constat quand, pour une raison ou pour une autre, on a été obligé(e) de sauter le pas.<br /> Je te souhaite de ne pas perdre un doigt ou pire pour cause de fatigue excessive ni de limite atteinte, car ce que tu perdrais alors serait bien pire qu'un précieux we (et dieu sait que je le reconnais !) ou de l'argent, même avec un banquier au cul. (d'ailleurs,j'y pense, pour le banquier, écris moi on my mail)<br /> <br /> bises
B
je connais bien ce problème, on a le même au taf... et en plus, comme c'est une petite entreprise, c'est le licenciement qui nous pend au nez...<br /> En même temps, on n'a pas le choix : soit on grandit, on cours, on se démène (pour aucun remerciement, il va de soi) soit on lâche et on crève...<br /> <br /> Mais après quoi cours-t-on comme ça ?? des bouts de papier vert ou jaunes ??? Éphémère... on cours après du vent parce que ces bouts de papier, comme tous les bouts de papier brulent très bien !<br /> Je sais, vous me direz que l'on a pas le choix... on y passe tous... mais jusqu'où ? pourquoi ???<br /> et après...<br /> et après...
L
diatribe justifiée...<br /> on croit toujours que ça n'est pas possible, que c'est loin... mais non, bien sur. c'est toujours là, très près, si près qu'on pourrait croire que c'est nous-mêmes. Toi, c'est nous, mais les imbéciles qui n'ont pas réfléchi, c'est nous aussi. Et ça... oh, ça....
J
C'est pas croyable comme ce putain de monde tourne à l'envers, on ne produit plus qu'en flux tendu avec des heures supplémentaires évidemment impayées, des ouvriers et même certains cadres ä la limite de la rupture (comme chez nous à Peugeot 4 suicides en trois mois)!<br /> <br /> Ce monde me débecte au plus haut point et lire ce que tu endures me révolte :o( Bien sûr ailleur sce doit même etre pire en Chine ou un autre continent.... Quelle vie de merde et tout ca pour gagner des misères qu'on va nous forcer a dépenser dans de la bouffe frelaté et transgénique avec des appareils electronniques de moins en moins fiable et qui polluent de plus en plus la Planète <br /> <br /> Y a vraiment des jours ou on a juste envie d'etre à la marge pour de bon et d'envoyer tout chier !<br /> <br /> <br /> Navré pour ma diatribe mais ca me gonfle
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