Richard Jefferies
Je viens de découvrir quelques extraits des écrits de Richard Jefferies, écrivain mystique anglais de la fin du dix neuvième siècle.
Athée je précise. Car si on tape le mot "mystique" sur le Net, immanquablement débarque la longue liste des Saints, Saintes, dont Thomas et François sont deux exemples.
Ce qu'écrit Jefferies doit certainement faire dresser les cheveux sur la tête des croyants non chauves.
Jefferies a évoqué, par exemple, "something higher than God".
Ce qui m'a frappé chez Jefferies, c'est qu'il a atteint un certain niveau d'élévation spirituelle en communiant avec la nature.
Traduire ces extraits me semble compliqué. Mais alors, qu'est ce que çà ressemble à mes propres paroles! Troublant.
Page d'accueil du site internet: une phrase, tirée de "the story of my heart":
"The sun was stronger than science, the hills more than philosophy"
Site ici
Jusque là, logiquement, tout le monde a du comprendre.
Un peu un trajet à la Laouen cette voie là: le soleil, les montagnes... et non les bouquins de sciences ou de philo pour trouver sa voie.
Quelques lignes sur l'instant, et l'éternité.
It is time that our measures should be extended; these paltry
divisions of hours and days and years - aye, of centuries - should be
superseded by terms conveying some faint idea at least of the vastness of
space. For in truth, when thinking thus, there is no time
at all. The mind loses the sense of time and reposes in eternity.
This hour, this instant is eternity; it extends backwards, it extends forwards,
and we are in it. It is a grand and an ennobling feeling to know that at
this moment illimitable time extends on either hand...
Only by walking hand in hand with nature, only by a reverent and loving study
of the mysteries for ever around us, is it possible to disabuse the mind of the
narrow view, the contracted belief that time is now and eternity
tomorrow. Eternity is today...
Traduction approx: il serait temps de changer nos références sur le temps. (heures, minutes secondes) Et d'employer des termes qui donnent une idée même faible de l'éternité. Mais si on réfléchit, le temps n'existe pas. Notre esprit perd le sens du temps car il est éternité. Cette heure, cet instant, est éternité, il s'étend vers le passé, vers le futur, et nous sommes en lui.
En marchant main dans la main avec la nature, en étudiant avec amour les mystères qui nous entourent il est possible d'arracher l'âme à cette vue étroite qui dit que le temps c'est maintenant, et l'éternité demain.
L'éternité, c'est aujourd'hui (maintenant).
Qui a écrit que l'instant était éternité et verticalité? çà y ressemble. J'aime cette idée de la dimension-temps abolie, même si dans notre vie "terrienne" par opposition à la vie spirituelle, on la sent nous entrainer, la course du temps!
Voici quelques lignes qui rappellent fortement ce que j'ai vécu, et surtout ressenti, durant mes "marches dans la marche", et que j'ai tenté d'expliquer à mon retour du Liechtenstein:
I was utterly alone with the sun and the earth.
Lying down on the grass, I spoke in my soul to the earth, the sun, the air, and
the distant sea far beyond sight. I thought of the earth's firmness - I
felt it bear me up; through the grassy couch there came an influence as if I
could feel the great earth speaking to me. I thought of the wandering air
- its pureness, which is its beauty; the air touched me and gave me something
of itself... The rich blue of the unattainable flower of the
sky drew my soul towards it, and there it rested, for pure colour is rest of
heart. By all these I prayed; I felt an emotion of the soul beyond all
definition; prayer is a puny thing to it, and the word is a rude sign to the
feeling, but I know no other.
Traduction sommaire et résumée:
J'étais seul avec le soleil et la terre. J'ai parlé avec mon âme (va traduire çà!) à la terre, au soleil, à l'air, et à la mer invisible à la vue. J'ai pensé à la fermeté de la terre, je l'ai sentie me soulever vers le haut. De l'herbe, j'ai senti comme si la terre me parlait. L'air m'a touché et m'a donné un peu de lui. Le bleu de la fleur du ciel a dessiné mon âme en lui. J'ai prié. J'ai ressenti une émotion spirituelle au delà de toute définition. La prière est un mot faible à côté, mais je n'en connais aucun autre.
Et encore un passage qui rappelle mes mots, ce matin sur la montagne, le lever du soleil, et la lumière vue même au coeur de la nuit.
All
the glory of the sunrise filled me with broader and furnace-like vehemence of
prayer. That I might have the deepest soul-life, the deepest of all,
deeper far than all this greatness of the visible universe and even of the
invisible; that I might have a fulness of soul till now unknown, and utterly
beyond my own conception.
In
the deepest darkness of the night the same thought rose in my mind as in the
bright light of noontide. What is there which I have not used to
strengthen the same emotion?
Traduction approximative:
Damned.. c'est intraduisible!!
Toute la gloire du lever de soleil m'a rempli et réchauffé, comme une prière. La suite je n'arrive pas à la traduire, mais en bref, il semble pouvoir atteindre le degré le plus profond de l'âme, de tout, plus profond que l'immensité de l'univers visible et invisible, une plénitude spirituelle encore inconnue, et au delà de ses propres conceptions.
Désolée, l'anglais et moi c'est resté du scolaire!!
Dans la nuit la plus noire, la même pensée est venue à son esprit, comme dans la la lumière vive. dernière phrase incompréhensible pour moi... sorry :-)
Bon, je n'irai pas jusqu'à dire que ce que j'ai ressenti était encore plus profond que l'immensité de l'univers invisible...
Misérable vermisseau Laouen, la route est encore infinie. Curieusement, j'ai envie d'écrire que je ne cherche pas à atteindre cet infini. Logiquement il ne s'atteind pas non? :-)
Je suis en paix avec mon chemin...