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face au vent-avel a benn
1 septembre 2007

verticalité

Des photos de ma nuit passée dehors?
Ben non. Aucun photographe ne m'a immortalisée dans mon duvet sous les étoiles, à 2056m.

Après mes 6h de marche vers les Drei Schwestern, il ne me restait plus guère de place sur le jetable pour saisir l'insaisissable.
Pas de photo de la longue montée vers Täli Höhe, de ces fleurs et arbustes qui font la nique à ces 400m de dénivelé+.

A Täli Höhe, je photographie l'Augstenberg éclairé par le soleil qui commence déjà à penser à prendre la tangente vers l'Ouest.
Le résultat donnera cette abomination:
Même avec mon écran daubé, je vois bien que le vert n'est pas naturel, on dirait un truc zarbi fluo, comme si les pentes avaient été passées au désherbant.

Je hais les appareils jetables, et encore plus leurs photos numérisées! Quel gachis...

FH000006

Mais c'est pile poil face à cette montagne là que je vais étendre mon duvet. Et c'est de la droite du sommet rocheux que sortira la lune un peu plus tard, me tendant la main et m'emmenant auprès d'elle.
Allez comprendre...
Je ne pouvais pas être plus "terre à terre" que cette nuit là. Dans la montagne, à même le sol, à gouter l'air vif, à sentir l'herbe fraiche, à écouter chaque bruit lointain.
Et je ne pouvais pas non plus être plus "au coeur du ciel" que cette nuit là. Planant à des altitudes qui ne se mesurent pas, car il n'y a pas de mètre étalon dans les autres dimensions.

Certains qui me lisent doivent se dire:
La Laouen nous la joue "illuminée", elle entre dans sa période mystique, elle a du fumer des champignons frelatés, ou bien l'herbe des cimes chauffe plus fort que ma moquette.
Oui je me drogue!
A la vie bord*el de mer*de!
Illuminée, parce que je vois la lumière dans le noir le plus noir?
Plus fêlée qu'un oeuf ayant dévalé les pierriers de la face nord du Naafkopf?
Peut être. Et je plains sincèrement ceux qui ont les coquilles trop lisses. Le bonheur glisse dessus.

Illuminée, peut être. Rayonnante, certainement.
Mais réellement chevillée à ces rochers, à cette herbe qui elle aussi doit l'être pour survivre.
Car, vous en conviendrez, pour ne pas finir 800m plus bas, vaut mieux avoir les pieds qui touchent par terre non?

Et pourtant, c'est une espèce de transe qui m'a poussée là bas, une nouvelle fois.
Avant que  la concentration ne reprenne le dessus pour me faire tenir droite sur les dévers.
Et cet appel irrésistible qui me poussait vers plus haut...
Peut on être concentrée, quand on fait l'ascension de ... soi même?

Le ciel est si loin, et si près. Il commence à même ma peau, et il ne finit jamais.
J'avais écrit çà dans mon second roman. Depuis, j'écrirais: le ciel, qui semble si loin, qui est si près. Il commence à l'intérieur de nous, et ne finit jamais...

Un jour, ou pas, j'irai grimper plus haut encore. Et ces pentes là, celles du Naafkopf,  me paraitront douces et si faciles à côté de celles qui m'attendent.
Mais je garderai toujours une tendresse particulière pour ce minuscule coin du monde qui m'a tant apporté.
L'Amour...

Sourire... Toujours des phrases tirées de ce roman plus noir que noir. Le mal, le gouffre, l'envie d'y demeurer jusqu'à l'anéantissement.

Le mal ne se dissout pas. Je ne cherche pas à le faire disparaitre.
Il est en moi, il est lié à toi. Alors je l’aime, et je voudrais qu’il soit ma force. Pour l’instant, il me tue. Abîme. Je ne veux pas en ressortir. Je voudrais remonter l’abîme avec moi, en faire une montagne, te l’offrir, m’asseoir à son sommet, avec toi.

Bah...
Au sommet de la montagne, je me suis assise avec moi même. Et avec le ciel. Et avec le ciel dans le ciel...

Une requête gougueule fabuleuse il y a quelques jours:
"les hommes sont ce qu'est l'instant"

Wahh... Je me regarde dans la glace, et j'y vois l'infini alors?  L'instant est infini.
Bonjour le paradoxe non? :-))

Les chemins se croisent parfois sur la montagne. Mais pas ceux que nous nous suivons, nous, les hommes.
Ces instants d'infini on croit les partager, on croit pouvoir les partager encore, avec des êtres rares.
Que peuvent partager deux êtres humains si perdus qu'ils ne savent même plus qu'ils le sont?

Désormais, je ne suis plus perdue.

Je ne reviendrai pas sur ma nuit dans le ciel.
Au matin, de mon sac de couchage, voici ce que j'ai vu. Du moins une infime partie de ce que j'ai vu

FH000005

Le jour approche doucement...
Quelques (?) minutes après

FH000004

J'ai rangé mes affaires, regardé longuement le Naafkopf, et à sa droite le Grauspitz où j'irai poser mes songes et ma réalité lors de mon prochain voyage ici. (toujours cette herbe jaunasse qui en réalité est bien verte!)

FH000003

Et je suis redescendue.
"redescendre" est un mot que je raye de mon dico perso...

"l'instant" est verticalité

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Commentaires
C
"L'instant est verticalité..."<br /> <br /> "le ciel, qui semble si loin, qui est si près. Il commence à l'intérieur de nous, et ne finit jamais..."<br /> <br /> Tu en trouves vraiment, vraiment de très belles choses...<br /> j'adore venir cueillir ces petites perles de rosée chez toi...<br /> <br /> Et je me fonds à l'appel de cet infini...
L
oui, je crois que cette demande a été entendue.<br /> j'ai enlevé le voile :-)
W
WOAH ! pas mal pour quelqu'un qui ne peut pas expliquer l'inexplicable...<br /> <br /> Sur une montagne face à une montagne...<br /> <br /> *le ciel, qui semble si loin, qui est si près. Il commence à l'intérieur de nous, et ne finit jamais...*<br /> <br /> *Un jour, ou pas, j'irai grimper plus haut encore.* le sens du mot "chercheur" évoqué ailleurs est à comprendre ainsi.<br /> <br /> *L'instant est infini.* Ben oui ! <br /> On m'a posé récemment à peu près cette question : "Qu'attendez-vous pour connaître le bonheur ?"<br /> J'ai répondu à peu près :"Rien, le bonheur est dans l'absence d'attente"<br /> <br /> *Ces instants d'infini on croit les partager, on croit pouvoir les partager encore, avec des êtres rares.* Qu'ont à se dire ceux qui savent que le ciel est beau ?... rien, sinon que le ciel est beau...mais ils n'ont pas besoin de mots pour çà.<br /> <br /> * Et je plains sincèrement ceux qui ont les coquilles trop lisses. Le bonheur glisse dessus. *<br /> Je l'aime beaucoup celle-là...<br /> <br /> "l'instant" est verticalité... heu ? Woah !<br /> <br /> Ah, au fait... tu avais demandé quelque chose un jour...<br /> http://faceauvent.canalblog.com/archives/2005/12/20/1131752.html#comments<br /> <br /> Heu ? Woah ! J'aime voir les graines pousser...<br /> <br /> Allez, encore un : heuh ? Wooooah !
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