Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
face au vent-avel a benn
16 juin 2007

cours, Forrestlaouen, cours...

Ahhhhhh.. je meurs!
Dans la série, Laouen est tarée grave, l'épisode "samedi 16 juin".

Je viens de rentrer. J'aurais pu dormir là bas. Aucune "agitation nocturne en vue". Mais un je ne sais quoi m'a fait prendre la route du retour.
D'abord, je suis vraiment HS, mais alors, vraiment. Et passer une nuit sur le dur, dans l'humidité, avec un fort risque de déluge sur le toit de ma tente non étanche, bonjour le repos.
Ensuite, je ramène avec moi une énorme poignée de girolles. Oui, vous ne rêvez pas! des girolles en  juin! Ce serait gâcher que de les faire attendre demain midi.
Et... comment dire... Trop de bonheur tue le bonheur? Peut être...
Très taoïste, je sais mettre un frein à l'extase. Alors, je rentre, laissant derrière moi l'étang et la lumière du soir.

Je n'ai pas croisé un être humain de la journée. Avec le temps qu'il a fait, c'est normal me direz vous!

Bon, commençons par le commencement.

Ce matin, j'ai décidé de reprendre la course à pied sérieusement.
Il y a 4 ans, je courrais une fois par semaine, mais très régulièrement, et à bonne allure. En 2004, j'ai tout misé sur le vélo, et arrêté la course. 2005 a été l'année où l'on m'a enlevé la thyroïde, pas le moment de courir, déjà que j'avais du mal à faire le moindre effort...
Depuis, j'ai du courir une dizaine de fois, à une allure d'escargot fatigué.

Il y a 3 semaines, l'envie de galoper est revenue furieusement. Je m'y suis remise "à peine" brutalement, vous me connaissez. 4 petites séances de 30 minutes dans la semaine, mais en tirant sur la machine rouillée. Résultat: tendinite au genou droit au deuxième jour, et arrêt intégral de tout effort au quatrième.
Mardi dernier, j'ai repris mes running pour aller faire un petit tour de 20 minutes sur les montagnes russes les plus terribles que je n'ai jamais testé. Intelligent! Même quand je courrais, je n'ai jamais fait un circuit aussi difficile.
Hier matin, j'y suis retournée. Il avait plu fortement, le terrain était boueux, glissant (un nombre incalculable de racines, de dévers, et de talus) et carrément dangereux dans les murs à descendre. J'ai bouclé mon premier tour en 18 minutes, le second en 17. Je peinais, luttant pour ne pas repartir en arrière dans les montées!

Ce matin, au lieu de me remettre de cet effort court mais intense, je me suis dit: et si j'allais voir si les orchidées ont résisté au déluge?
Et si j'y allais en trottinant cool?
J'ai mis 2 litres d'eau dans mon sac, des barres de céréales, l'appareil photo, le téléphone et les pansements. 3 bons kilos sur le dos, qui vont balloter (le sac n'est pas fait pour la course), c'est génial, bravo Laouen.

J'ai enfilé mes chaussures de trail, très légères, et très.. perméables, et je suis partie vers le camp. 8h du mat, je regarde le ciel, et je me lance. Il ne pleut pas. Logique: il va pleuvoir.
Je décide de refaire le parcours d'il y a 2 semaines, environ 25 km (mini, car avec les zig zag dans les bois on ne sait plus) en courant lentement, et en alternant avec de la marche. Je me donne 4h, car le terrain va être atroce vu les pluies diluviennes de la semaine.
Je m'attends au pire, et il est répond présent. Mes chaussures restent parfois coincées dans la boue (je devrais dire SOUS la boue) et mon pied ressort tout seul (je n'ai pas de lacets, mais un système de serrage particulier).

Kilomètre deux, je suis déjà trempée, et là, un bout de plastique qui pendouille d'un arbre m'agresse.
C'est le balisage d'un trail (course nature, qui peut aller de 15 à 200km!). Il a du se courir la semaine dernière sur terrain très sec car je ne vois pas de  traces. Combien de kilomètres, où passe t'il, je n'en sais rien.
J'hésite 1/4 de seconde en arrivant à un croisement: suivre sagement mon circuit déjà connu, ou foncer dans l'inconnu, à travers bois, sur des sentiers microscopiques, dont certains ont été crées spécialement pour la course.
Bah... vive l'inconnu!! Je vais passer dans des endroits inédits, génial!

N'accélère pas imbécile! C'est grisant la forêt... Quand on a pas couru plus de 30 minutes depuis 3 ans, faut rester cool, sinon on explose.
Je me modère, en tentant de ne pas allonger la foulée.
La boue est bien gluante, mais l'avantage c'est que je ne souffrirai pas d'échauffements plantaires avant longtemps. Il m'est arrivé de hurler de douleur dès le 7eme kilomètre!
Les très rares fois où j'ai couru 20 kilomètres, je boitais dès le 12eme, serrais fort les dents dès le 15eme, et finissais "au moral", dans une douleur atroce.
Le sol est souple (le mot est faible), le dos tient le coup, les genoux aussi.

Et il pleut! youpi!!
Je longe une rivière, qui serpente entre deux murs de schiste, c'est impressionnant, et soudain j'arrive devant un site hallucinant.
C'est un mur d'escalade naturel. Un chaos rocheux comme je n'en ai jamais vu encore, une merveille, qui impose. Dérangeant, et fascinant.
Près de cette rivière, sur un des murs de schistes, les jeunes filles désireuses de se marier devaient enfoncer une aiguille dans le roc. Le schiste est fendu de partout, tricheuses!! Je ne sais pas si il s'agit de ces rochers là, car voilà un moment que je longe des crêtes rocheuses.
Le site est annoncé comme "dangereux et strictement interdit à l'usage". Je distingue des prises vissées au roc, et en haut, deux poteaux où les militaires devaient s'assurer avant de descendre en rappel.
Dommage.. Impossible de faire des photos, c'est trop sombre.
Par beau temps, la lumière doit être fabuleuse, je le sens.
Je reviendrai... si la végétation en repoussant n'efface pas ce superbe sentier défriché de frais.

Ce n'est pas un simple chaos rocheux, il se dégage de cet amas de pierre une ambiance dramatique, et en même temps je contemple la nature dans toute sa beauté.
Sur un énorme bloc (les rochers font 10m de haut mini), un vieux chêne s'accroche, depuis si longtemps.
Ce qui est impressionnant, c'est que ce chaos ressemble à un édifice crée par l'homme. Les immenses rocs sont géométriques, et fendus de manière géométrique. Certains sont en forme de losanges, d'autres de pyramides.
J'ai véritablement l'impression d'être au coeur d'un temple.

Je grimpe (pas sur les prises!!), me faufile entre 2 rochers pour atteindre l'arbre. D'en haut, c'est impressionnant.
Fin de la très courte pause.

Le terrain n'est pas évident, il n'est pas tracé pour des fillettes qui n'aiment pas se salir, ni souffrir. Passages à gué nombreux, qui obligent à se tremper jusqu'aux chevilles, boue omniprésente, arbres couchés, branches en travers...

Je remonte vers le point culminant du Sud du camp. Le Nord est un piège mortel où même moi je refuse d'aller, c'est pas peu dire!
J'arrive près de mon coin qui regorgeait d'orchidées il y a 2 semaines. Il ne reste que de la bouillie de fleurs, rien n'a résisté au déluge.

Une heure déjà que je cours, si on peut appeler çà courir. Faut choisir: forcer et tenir 30 minutes, ou rester à une allure jogging, et courir longtemps. Je ne dois pas faire mieux que 7min au kilomètre, mais vu l'état du terrain, même à cette allure c'est crevant.
Je me dis: tu cours 1h30, c'est déjà énorme pour un début, et tu rentres en marchant, car déjà je devais alterner marche et course ce que je n'ai pas fait.
Le balisage s'absente.. Tant pis: je décide de faire un crochet vers la limite Nord du Sud du camp (euh? c'est confus pour vous? pas pour moi) .
Là, je croise une laie et ses petits, 5 ou 6 marcassins. Elle grogne en me voyant, toute de jaune fluo vêtue, et détale.
Zut, moi qui était prête à jouer à chat perché!
Un peu plus loin, un chevreuil me dévisage, à une dizaine de mètre. Je reste immobile, attendant qu'il décide de partir.
Cet endroit est unique pour moi. Les animaux sont nombreux, et peu farouches.
Ils voient peu d'êtres humains, et ils doivent les considérer comme d'autres animaux, en treillis camouflage, silencieux et non agressifs.

1h30. Pause téléphone avec mes enfants. Je dis à ma fille: "je cours 2h et j'arrête, pas plus!".
Une huppe me passe sous le nez. C'est le plus bel oiseau que l'on puisse voir en Bretagne (avec le martin pêcheur). J'en verrai d'autres ce matin.

Je repars. La pluie me suit. Je vois la route qui longe l'étang, où est garé ma voiture. 1h56. Têtue! Ce n'est pas 2h!
Alors je continue, récupérant le balisage après un détour de 4km en plus.
Là, les choses se corsent encore. Je contourne la "ville" (ville fantôme servant à l'entrainement des gars). Ici les pentes sont terribles, dans un sens comme dans l'autre. Le sentier est taillé à même la pente, en dévers. Le balisage m'éloigne de ma voiture. Je ne connais pas du tout ce coin, qu'importe... Je découvre. Et je sais déjà que je vais en rajouter.

Le parcours se fait encore plus difficile, et la pluie redouble. Le dénivelé frise parfois le vertical, il faut escalader des murs rocheux, descendre de l'autre côté, traverser des rivières, remonter à pic...
2h30. Je n'ai jamais couru aussi longtemps, à part une fois en compet, je m'étais entrainée longuement pour çà. Bon ok, ce n'était pas la même allure, mais c'était il y a 8 ans.

Je suis sur la partie la plus exigeante du circuit, boue profonde, pente folle. Après un passage de rivière, je stoppe, avant une grimpette qui me met à genoux.
3h04.
Pluie forte. Je ne sais pas où je suis, très très à l'Est du circuit que je connais. Aucun panneau bien sûr, ici point de randonneurs perdus, point de randonneurs du tout d'ailleurs.
Puisque j'ai pris le circuit en route près des ruines du château, je vais continuer à suivre le balisage, il me ramènera là bas.
Mes jambes sont très lourdes, mais je me sens bien. C'est tout à l'heure que je vais payer, cet aprem.

Je rigole... 3 heures, 3 ans sans courir, logique!
Je n'écoute pas la voix qui me dit d'en faire une quatrième. Je n'en ai pas envie: il pleut trop, et je suis fatiguée.
Parce que je "sens" ce coin comme si j'en faisais partie, j'oublie le balisage qui m'aurait ramenée 2km trop bas, et je prend un autre sentier. Je sais où je suis, sans y avoir jamais été, sans soleil pour me repérer.
J'arrive pile poil à ma voiture.

Là, sous un déluge certain, j'ouvre mon coffre, prend mes baskets propres, une serviette, un gant et du savon d'Alep. Et je vais me laver à l'étang, ainsi que ce qui m'a servi de chaussures ce matin, et qui est d'une couleur et d'un aspect indéfinissable (bonjour le poids de la boue)
Il est temps que je me mette au sec, que je mange, et que je me repose. Avant de repartir marcher cette aprem, si le temps se calme, et même si il ne se calme pas.
Mais pas courir!
Je découvre, en me changeant, que j'ai le bas du dos à vif: le sac à dos a frotté sur ma colonne vertébrale et a arraché la peau.
Le bonheur se paye, à même la peau...

Quelques photos dans le post d'après, pour l'instant: girolles!

Publicité
Commentaires
L
je vous rassure: çà me parait inaccessible aussi!<br /> je ne sais pas si je serai capable un jour de recommencer. c'était simplement "le jour" pour le faire. <br /> l'envie de découvrir des endroits inconnus, le temps parfait (si si, pas froid, pas chaud, sol mou) sauf sur la fin, et surtout, l'envie de le faire.<br /> si je tente de recommencer, il me faudra trouver un "moteur" différent. là, je planais intérieurement, tout en sentant le poids de mon corps s'alourdir au fil des kilomètres.<br /> d'ailleurs, voici la preuve que je n'ai pas fait çà "pour le sport": je ne sais pas, et je n'ai pas du tout envie de savoir le nombre de kilomètres parcouru. il doit être ridicule vu l'allure et le terrain, autour des 25, mais pas 30 çà c'est clair. <br /> quand j'avais la forme je courrais 20km (à plat) en 1h48, et c'était déjà moyen par rapport aux perfs sur semi marathon des filles du coin. mais on ne peut pas (sauf les triathlètes) être bon cycliste et bon coureur, les muscles sont formés de manière différente.<br /> actuellement, si je tente de faire des séries, du genre 10x200m (récup 200m trot) j'explose, incapable de récupérer entre les 200. on ne s'improvise pas coureur. faut commencer doucement et augmenter l'allure après.<br /> bon ok, faut pas non plus commencer par 3h!<br /> mais bon... je rêve un jour de courir la diagonale des fous, c'est à dire la traversée de la Réunion:<br /> 140 km d'un trait, 8000m de dénivelé positif!<br /> le meilleur homme en 2006 l'a fait en 20h quelque chose, la meilleure femme en 26h quelque chose.<br /> Mais ce sont des pro, c'est leur métier de courir.<br /> D'ailleurs, ils sont tous quasiment pro dans les 15 premiers de chaque classement. pour finir 15eme femme, faut le faire en 40 heures.<br /> çà doit vous paraitre ridicule comme moyenne, mais c'est tout simplement l'ultra trail le plus dur du monde (enfin, certains le disent)<br /> départ 3h du mat...<br /> vous allez rire, mais je serais plus du genre à courir 150km ICI, seule, sans le faire savoir, en prévoyant des ravitos cachés un peu partout...<br /> juste pour la beauté du geste
B
Courir, j'aimais bien... mais je te soupçonne d'en faire laaaaaaargement trop pour moi ! je ne te suivrais pas !<br /> J'attendrais, sagement dans la voiture, avec un bouquin... le tien par exemple ;-) pommades et pansements prêts pour jouer les infirmères à ton retour !
C
Pour moi courir a toujours représenté un supplice, même quand je n'étais pas "rouillé", alors ce que tu fais me paraît inacessible.
Publicité
Derniers commentaires
Publicité