à quoi planning
Je le dis et je le redis: je n'ai plus de net. ni de telephone fixe d'ailleurs.
Ceux à qui je manque savent comment me joindre, ni par mails ni par commentaires ici
2 Decembre...7h50
Petit matin noir sur bitume trempé.
Les flaques me renvoient la lumière sale des phares.
Mes pneus sont lisses, je n'ai plus d'amortisseurs, mes freins sont plus que limites, la voiture tire fortement à droite.
Personne ne pourrait faire 1km là dedans sans finir au tas.
Je roule vite, comme toujours quand je suis seule.
Je roule, comme je vis: à la limite extreme du dérapage.
A ce moment, il est inutile de freiner, de braquer, de seulement penser pouvoir controler quelque chose.
La voiture ne va pas où elle veut.
Ni où la route veut la mener.
La voiture, la route sont totalement impuissantes.
L'eau elle même n'y peut rien.
Qu'est ce qui dirige ma trajectoire?
Serait ce cette fine couche de rien, qui flirte entre eau et bitume, qui s'insinue dans les crans trop absents de mes pneus usés?
A ce moment, c'est ni plan ni films films, le road book est brulé, les itinéraires Michelin ne sont plus compatibles.
A quoi planning?
Ma vie ressemble à ces suites de virages, où le coeur s'arrête un instant de battre.
Ni peur ni angoisse, juste la fatalité.
Le vaisseau est HS.. Je fais avec.
Je tente, à légers coups de volants, de maintenir le cap.
Le capitaine est sur le pont, le bateau coule.
Un kilomètre de passé, un de plus, et pas d'éclaircie.
Une heure de passée, une de plus, et pas d'éclaircie.
Fatigue qui s'installe, car maitriser le non maitrisable, çà use.
On s’habitue à côtoyer le pire, à vivre de « peut être », à s’habiller d’inconfort.
L’heure n’est plus au temps de la révolte.
Vivre ainsi use. Et se révolter inutilement consomme des forces.
Un kilomètre de passé, et l'évidence se fait résignation.
Qui sait si...
C'est inévitable.
Le prochain, ou celui d'après, m'emportera sans prévenir, ou préviendra, dans un rayon de lumière cinglante.
Quand on vit comme on conduit, sur le fil de la dérive, on le sait.
On termine toujours dans le fossé à l'herbe noyée
Dans le hêtre fier de l'être
Dans le tendre béton d'un poteau EDF
Dans le mur invisible d'un avenir détruit même pas encore ébauché.
Dans le chaos qui broie toute une vie, au sens sale et au sens figuré.
Je conduis comme je vis, je vis comme je conduis, je redresse, redresse, mes forces lachent.
Je suis épuisée de conduire.
A quoi...